Portrait de Nicolas Psaume, évêque de Verdun
Grâce aux armoiries (d’azur, à deux étoiles d’or en chef, et en pointe une gerbe de même mise en pal, chargé au milieu d’un écu d’argent à l’aigle noir à deux têtes qui est d’empire) accompagnées d’une mitre et d’une crosse épiscopale, ce portrait d’homme a été identifié comme Nicolas Psaume, évêque de Verdun depuis 1548. Une inscription donne la date de 1571 et son âge de 57 ans. Cette dernière est problématique car Nicolas Psaume naît en décembre 1518, soit quatre ans plus tard que ce que son âge indique ici. Le texte aurait pu être modifié au moment de sa mort (il meurt en 1575 à 57 ans). Cette œuvre illustre la difficulté à traiter des tableaux « frontaliers » : Verdun, rattachée à la Lorraine et donc au saint Empire, mais durant toute sa carrière, Nicolas Psaume entretient des liens politiques avec la France, où il fait d’ailleurs ses études entre Paris, Orléans et Poitiers. Il publie plusieurs de ses écrits à Reims. Il s’investit notamment durant le concile de Trente (1545-1563) dans sa lutte contre le protestantisme, ce à quoi le texte en latin (Si Dieu est avec nous, qui est contre nous ?, issu de saint Augustin) pourrait faire référence.
La ville de Verdun est occupée par les troupes françaises dès 1552 et est soumise durant toute la seconde moitié du XVIe siècle à l’influence du royaume, notamment à travers la langue, l’usage des monnaies ou encore les échanges commerciaux. De la même manière que l’architecture verdunoise s’inspire de la production française, ce portrait paraît profondément ancré dans le style issu de l’atelier de François Clouet et qui se propage rapidement en provinces. C’est à François Clouet lui-même qu’est d’ailleurs attribué le panneau en 1867. Le format en buste et l’insistance portée aux traits du visage plutôt qu’au costume évoquent en effet le schéma à la mode dans les années 1570. Au regard de l’attachement de Psaume à la France et ses liens avec des cités champenoises comme Reims, il nous paraît prudent d’imaginer le peintre actif dans cette région. La manière de ce dernier est de plus compatible avec les portraits produits en Champagne dans la seconde moitié du XVIe siècle, comme ceux des frères Pithou.
I DEUS PRO NOBIS QUIS CONTRA NOS / PO.8
ANo AETA SVAE / 57
collection Joseph-Théodore Oudet, premier conservateur du musée barrois ; legs, 1841, Bar-le-Duc, musée barrois, inv. 841.1.59.
p. 146
n° 242