La Sainte Famille

Sculpture taillée dans une pièce principale de bois (tilleul) avec éléments secondaires assemblés.

- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sur la tête de l’Enfant, cavité cylindrique (diamètre : environ 0,7 cm).

- Éléments assemblés : élément vertical à senestre, à côté du montant du lit ; élément dans le haut, à l’arrière du bras gauche de l’Enfant.

- Traces de sciage sous la base et sur les faces latérales de la planche principale ; au revers, traces horizontales de gouge méplate (avec plusieurs arrachements du bois) attestant l’amincissement du relief, accidenté par la suite.

- Relief brisé en trois parties principales, recollées (colle protéinique) : joint central consolidé par des fibres végétales encollées, posées aux endroits où le bois est de très faible épaisseur.

- Traces de fixation du relief sur le retable : logements de chevilles au revers du buste de Joseph (cheville partiellement conservée) et de la tête de l’Enfant.

- Interventions postérieures : plusieurs cavités postérieures au revers ; cavités (d'origine ou postérieures ?) pour deux clous forgés sous la base.

Polychromie d’origine avec reprises locales sur la dorure et les bleus.

Préparation blanche (carbonate de calcium et liant protéinique).

- Robe de la Vierge, robe et manteau de Joseph, soubassement de la scène et mobilier (banquette, lit et coffre) : bol (ocre rouge et carbonate de calcium), or avec reprises locales (bronzine) ; un nettoyage brutal, avec abrasion de la surface, a pu faire disparaître des motifs sur la dorure.

- Chemise de la Vierge (visible à l’encolure de la robe et dans la fente sur le coude droit), revers des manches de la robe de Joseph, coussins sur le lit : bol, argent, glacis orangé.

- Cheveux de la Vierge et de l’Enfant, tranche du livre : mixtion, restes d’or.

- Revers de la robe de la Vierge et du manteau de Joseph : bleu (azurite), recouvert d’une couche bleue postérieure (avec imitation de dorure -bronzine- sur les arêtes des plis et en bordure du pan d’étoffe arrondi du manteau de Joseph).

- Élément assemblé à senestre et le « sol » sous le lit : préparation, localement bol, lacis rouge.

- Voile de la Vierge : blanc bordé d’un motif de fines lignes rouges entrecroisées entre deux filets rouges.

- Chaussures : noir.

- Cheveux et barbe de Joseph : gris bleuté (noir organique, ocre, roches dolomitiques –carbonate double de magnésium et de calcaire-, et/ou carbonate de calcium, blanc de plomb).

- Carnations : rose pâle (blanc de plomb avec grains de laque de garance et de minium) et rose plus soutenu sur les joues, les mentons, les articulations ; yeux bruns, pupilles noires avec petite touche de blanc en leur centre, touche bleue à l’angle externe du globe oculaire ; paupières inférieures bordées d’une ligne rose, paupières supérieures, d’une ligne brune ; sourcils indiqués par une ligne ocre ; glacis rouge sur les lèvres ourlées d’une ligne rouge plus sombre ; mèches peintes en brun-rouge sur les fronts de la Vierge et de l’Enfant ; ongles cernés de fines lignes du même brun-rouge.

Les trois personnes de la Sainte Famille sont représentées selon les codes iconographiques habituels, qui permettent de les reconnaître. Marie, juvénile et virginale, est coiffée d’un voile léger sur ses longs cheveux dénoués. Son fils est entièrement nu pour rappeler la nature humaine du Dieu incarné. Joseph adopte l’un des types en usage, non pas celui du vieil homme à longue barbe blanche, mais celui d’un homme d’âge mûr au crâne dégarni, à la courte barbe bouclée. La Sainte Famille est évoquée dans les récits de l’Enfance du Christ, d’une manière allusive par les évangélistes (Matthieu 2, 13-23 ; Luc 2, 16-52), plus précise dans les textes apocryphes, principalement l’Histoire de Joseph le charpentier. Son image s’élabore à partir des représentations narratives de divers épisodes de l’Enfance, telles la Nativité et la vie de la Sainte Famille en Égypte. Le thème prend une forme autonome dès le 14e siècle et se développe au 15e siècle en relation avec le sens nouveau donné à la figure sanctifiée de l’époux de Marie. Aux 15e et 16e siècles, les images de la Sainte Famille mettent l’accent sur l’intimité et le cadre privé de la scène familiale. Vêtements, attitudes et détails concrets donnent une dimension humaine aux personnages auxquels les dévots peuvent s’identifier. Les chaussures de Joseph, posées sur le coffre sous le lit, sont ainsi le signe de la vie active du père nourricier de l’Enfant Jésus.

Origine inconnue. Collection François-Achille Wasset (Paris, 1818-1895). Legs de ce dernier à l'École nationale supérieure des beaux-arts, 1896, transféré au musée de Cluny, 1903, inventorié en 1906.

p. 36, n° 164 (art des Pays-Bas du Sud, première moitié du 16e siècle).

p. 15 (Alsace, vers 1500).

p. 289-294, n° 36 (attribué à Lux Maurus, Kempten, vers 1510-1520).