Portrait présumé de Nicolas de Giey
Le cartel du tableau identifie l’homme comme un membre de la famille Diégy, soit de Giey, qui serait lieutenant général du bailliage de Chaumont. Le seul personnage qui correspond à cette description est Pierre de Giey, qui occupait cette charge, en plus de celle de grand-bailli de Langres, dans la seconde moitié du XVe siècle (Ch. Poplimont, La Belgique héraldique. Recueil historique, chronologique, généalogique et biographique complet de toutes les maisons nobles reconnues de la Belgique, 4, Paris, 1866, p. 429). Malgré le fait que les deuxième et troisième quartiers des armoirie, ainsi que le blason brochant sur le tout, correspondent bien aux armes des de Giey (d’argent, semé de trèfles de sable au lion de même, brochant sur le tout, armé et lampassé de gueules ; au chef de gueules chargé de trois croissants d’or), Pierre est un candidat impossible pour identifier l’homme, dont le costume suggère une datation autour de 1570. Il porte par ailleurs une barrette et une robe noires, qui pourraient indiquer, entre autres, une charge ecclésiastique. Âgé de 62 ans autour de cette date, il serait donc né vers 1515-1520. Nous pourrions donc plutôt avoir affaire à Nicolas de Giey, né à Verseilles le 25 avril 1518 et mort autour de 1590. Il fut chanoine à Langres, prieur commendataire de Saint Gengoul, vicaire général de l’évêque de Langres, ainsi qu’archidiacre et chancelier de la cathédrale de la même ville (Poplimont 1866, p. 431). Les premier et quatrième quartiers des armoiries restent non identifiés, mais pourraient appartenir à un ancêtre maternel ou paternel de Nicolas, qui avait plusieurs frères et aurait donc nécessité d’avoir des armes brisées ou complétées par celles d’un parent proche.
Nicolas de Giey est présenté dans un format en buste, dans un costume digne de ses importantes occupations religieuses et au sein d’un espace indéterminé, à l’exception d’un pan de rideau sur la droite. Ce genre de décor, bien que sommaire, est rare au sein de la peinture française de province. D’un point de vue stylistique, l’auteur du panneau se situe à la frontière des peintres champenois et bourguignons, qu’une implantation à Langres pourrait expliquer d’un point de vue géographique. La matière picturale, appliquée de façon un peu sèche, est toutefois précise dans la définition des chairs et de la barbe de la figure, évoquant la peinture flamande bien présente dans ces deux régions dans les années 1560-1580 à travers les frères Jean et Nicolas de Hoey. On sait que des artistes venus des Flandres se trouvent à Langres. Un certain Nicolas Use est documenté en 1581 (C. Decu Teodorescu et F. Elsig, « La peinture à Langres au XVIe siècle », Langres à la Renaissance, dir. O. Caumont, Langres, 2018, p. 208-211), et l’auteur du portrait du maire Jean Roussat gravé par Pierre Woeiriot en 1588 et par Nicolas Briot en 1599 trahit une culture du Nord.
Ecole de Bourgogne, XVIe siècle / Portrait de Diégy / Lieutenant général du baillage de Chaumont
.AE.62
Paris, Drouot, 15 juin 1911, n° 73, sous « Pourbus (école de L.) » ; Baltimore, Walters Art Gallery, inv. 37.854, sous « artiste franco-flamand ».