Judith et Holopherne

envoi 2e année

C'est à Paris, entre juillet et décembre 1867 que Regnault arrête son choix sur le sujet biblique de Judith et Holopherne et fixe une première composition dont la particularité est d'être inversée par rapport à la version définitive (Maesta di Roma, 2003, p. 358, n° 199a). De retour à Rome début décembre, Regnault travaille à son envoi en multipliant les études, et c'est sans doute vers cette période (entre décembre et janvier) qu'il prend le parti d'inverser sa composition afin de « combler l'immense vide qui est au-dessus » de l'Holopherne (Duparc, 1872, p. 111). C'est également à cette période que nous plaçons une petite huile sur toile (datée Rome 1868) représentant Judith dans une posture qui sera celle de la version définitive. Nous justifions ce rapprochement par une lettre de Regnault à son ami Duparc datée du 6 janvier 1868 (Duparc, 1872, p. 115-116). Dans ce document, Regnault s'explique quant à la ressemblance existant entre sa Judith et le personnage de Thétis dans son tableau du grand Prix de Rome. Or, la Judith de la première composition ne peut prêter à ce genre de commentaire, ce qui nous amène à placer l'inversion de la composition et la petite huile " Judith, Rome 1868 " vers le début de l'année 1868. Vers la mi-janvier, Regnault doit abandonner son tableau à la demande d'Hébert, pour exécuter un envoi conforme au règlement de première année. Il ne retravaillera à la Judith qu'à partir du mois de décembre 1868 lorsqu'il rencontre, à Madrid, une chanteuse de cabaret appelée Dolorès : « je veux faire d'après elle une étude pour ma Judith » (Duparc, 1872, p. 228). De retour à Rome vers le début du mois de mars 1869, Regnault s'attelle à l'exécution de son envoi. Il réalise vers cette période deux esquisses préparatoires afin de mettre en place la composition définitive et les couleurs de son tableau (Catalogue vente Sotheby's, 1997, p. 34, n° 24 ; Regnault, 1991, p. 61, n° 27). Le 22 mars, il écrit à son père qu'il a « peu près ébauché [son] envoi auquel [il a] fait de nombreuses modifications » (Duparc, 1872, p. 257). Malgré les efforts de Regnault pour terminer son envoi, " Judith et Holopherne " est exposé inachevé à Rome au mois de juin 1869. Après l'exposition, l'artiste reprend son tableau qu'il termine le 13 juillet 1869 : « J'ai fini mon tableau : fini est une manière de parler, car il y aurait encore à faire et surtout beaucoup à refaire » (Duparc, 1872, p. 278-281). Pressé de quitter Rome pour l'Espagne, Regnault envoie son tableau à Paris. Exposé à l'École des beaux-arts en août 1869, avec la mention « non terminé » exigée par l'artiste. Acheté par la ville de Marseille au père de l'artiste en 1870 pour 5 500 francs (Musée Hébert, Correspondance ARC 2696) (Lechleiter, 2008, Catalogue volume 1, p. 69-71). Oeuvres en rapport : Étude pour Judith, fusain, h. 47 cm ; l. 29 cm, coll. part. Paris (Regnault, 1992, p. 61, n° 27a) ; Étude pour la servante de Judith, fusain, h. 47 cm ; l. 30 cm , collection particulière 71 Paris (Regnault, 1992, p. 61, ill. 27b) ; Judith et Holopherne, fusain et rehauts de gouache, h. 27,2 cm ; l. 40,5 cm (catalogue vente Hazlitt, Gooden & Fox, 1989, p. 62, n° 30) ; Judith, 1868, huile sur panneau, h. 45 cm ; l. 29 cm, collection M. Kashey, New York (Regnault, 1992, p. 62, n° 28) ; Dessins de la collection Saunier (Saunier, La Gazette des Beaux-Arts, 1939, p. 39-44) ; Judith, aquarelle gouachée, h. 16 cm ; l. 11 cm (catalogue vente Vassy-Jalenques-La-Perraudière, 1999, n°128) ; Judith et Holopherne, huile sur panneau, h. 15,6 cm ; l. 23,8 cm (catalogue vente Londres-Amsterdam-Williamstown, 2001, n° 12) ; Judith et Holopherne, huile sur toile, h. 45,5 cm ; l. 54,5 cm (catalogue vente Sotheby's Londres, 2000, p. 34, n° 24) ; Étude pour Judith et Holopherne, 1869, huile sur panneau, h. 16,8 cm ; l. 22 cm, (catalogue vente Drouot, 1999) ; Étude pour Judith et Holopherne, huile sur toile, h. 72 cm ; l. 100 cm ; collection Tomasset, Nîmes (Regnault, 1992, p. 61, n° 27).

H. Regnault Rome 1869

Envoi réglementaire de 2e année (Règlement de 1867). Exécuté à Rome entre mars et août 1869, exposé inachevé à l'Académie de France à Rome en juin 1869, envoyé directement par l'auteur à Paris pour l'époque de l'exposition des envois (Archives de l'Académie de France à Rome, carton 66 ; Archives nationales, Pierrefitte, 20190152/5), exposé à l'École des beaux-arts en septembre 1869, acquis par la Ville de Marseille auprès du père de l'artiste en 1870.