Haut-relief provenant de la prédelle d’un grand retable ou de la caisse d’un retable de dimensions modestes.
- Étude et restauration, Pascale Klein, 1990.
- Analyses de la polychromie, Sylvie Colinart, Myriam Eveno, Centre de recherche et de restauration des musées de France, 1990.
- Observation, Juliette Levy-Hinstin, Laurence Brosse, Sophie Guillot de Suduiraut, 2021
Haut-relief composé de cinq pièces de bois (probablement tilleul) assemblées verticalement par collage (trois pièces principales complétées sur les côtés par deux étroites pièces), et d’éléments secondaires assemblés sur la partie antérieure de la base (six petites pièces) ; cœurs des arbres visibles sous la base et fentes radiales comblées par des pièces de bois.
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sur la tête de sainte Anne, une cavité cylindrique comblée par une pièce de bois, arasée par sciage après la pose de la polychromie (diamètre : 3,1 cm environ) ; sous la base, au milieu, deux entailles (L. 1,2 cm environ) distantes de 5 cm environ.
- Revers : taillé de manière à former un plan principal droit, et latéralement, deux plans en biais ; le bord inférieur du plan principal est taillé en biais ; joints et fentes renforcés avec des fibres végétales (ou animales ?) encollées ; marques de montage (lignes noires) sur le bois de part et d’autre des joints d’assemblage, servant de repère avant le collage.
- Traces de fixation de nimbes (?) : sur la tête de chaque ange, une cavité (diamètre : 0,5 cm environ).
- Traces de fixation du relief dans le retable : sur chaque côté du relief, deux chevilles (diamètre : 1,2 cm environ).
- Éléments (manquants) assemblés à l’origine : les mains de l’ange à senestre, qui tenait un objet (instrument de musique ?) ; une aile de l’ange à dextre, qui était insérée dans une cavité (6,5 x 0,8 cm environ) sur son épaule droite ; les autres ailes devaient être fixées par des chevilles : deux chevilles conservées au revers de chaque ange, à hauteur de leur cou (diamètre : 0,6 cm environ), et une sur l’épaule gauche de l’ange senestre,
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Manques : tête et main droite de l’Enfant ; extrémité des doigts de main gauche de la Vierge ;mains de l’ange à senestre ; bord de la base à dextre et à senestre ; éclats sur les saillies des plis des vêtements.
- Fentes : nombreuses fentes ouvertes et joints d’assemblages visibles sur la face.
- Interventions postérieures : restitution de l’extrémité des doigts de la main droite de la Vierge ; restitution de l’extrémité du pied de sainte Anne ; base complétée à senestre sur la partie antérieure par deux pièces (bois résineux) ; broche métallique forgée fixée au revers pour consolider un joint qui s’est ouvert ; sous la base, un clou forgé, deux cavités cylindriques au milieu ; deux clous sur le rebord de la base, au centre, qui maintenaient une étiquette (20e siècle).
Restes mélangés de la polychromie d’origine et d'une polychromie postérieure, à la suite d’une suppression partielle de la polychromie postérieure.
1. Polychromie d’origine :
Fibres végétales encollées posées localement. Préparation blanche.
-Manteau de sainte Anne, chape de l’ange dextre, chef d’amict de l’ange senestre, encolure et bord inférieur de la robe de la Vierge : bol orangé, or.
- Aubes des anges, amict de l’ange à senestre, bord de la robe de sainte Anne : bol orangé,argent.
- Cheveux des anges, de la Vierge (?) : mixtion, or.
- Revers du manteau de sainte Anne : sous-couche noire, bleu (azurite).
- Robe de sainte Anne : rouge (vermillon ?), glacis rouge.
- Voile : blanc.
- Robe de la Vierge : bleu (azurite).
- Banc : rouge sombre.
- Mur : pierres grises avec rehauts blancs ; joints indiqués par des lignes noires.
-Carnations : rose soutenu ; lèvres : rose orangé ; yeux bruns ; sourcils indiqués par des traits obliques parallèles.
-Collier de l’Enfant : fil vert et perles orangées (évoquant du corail).
2. Polychromie postérieure :
Préparation blanche (carbonate de calcium, terre).
- Manteau de sainte Anne, chape de l’ange dextre : bol orangé, or.
- Revers du manteau de la sainte, aube de l’ange dextre : vert.
- Robe de sainte Anne : rouge.
- Voile, aube de l’ange senestre : blanc-gris.
- Robe de la Vierge: bleu foncé ; revers rouge.
- Cheveux de la Vierge: ocré.
- Cheveux des anges : brun.
- Carnations : blanc rosé avec rehauts rose vif sur les joues ; lèvres rouges ; yeux noirs et paupières soulignées de brun ; sourcils indiqués par une ligne brune.
La représentation de sainte Anne trinitaire (en allemand : Anna Selbdritt) prend des formes diverses à la fin du Moyen Âge. Cette sculpture suit un type iconographique fréquent dans l’art allemand qui montre Anne, l’aïeule, en position centrale, portant sur un bras sa fille Marie et sur l’autre son petit-fils Jésus. La composition symétrique et l’amenuisement de la figure mariale, sans souci de vraisemblance, s’accordent au caractère symbolique de l’image de la triade, soulignant ainsi le rôle dominant de l’aïeule et de la lignée féminine dans la généalogie du Christ. Selon les conventions en usage, sainte Anne est figurée en femme mariée, coiffée d’un voile dissimulant ses cheveux et d’une guimpe formant mentonnière. La Vierge est une fillette à la chevelure dénouée, allusion à la jeunesse virginale de la mère du Christ, et l’Enfant Jésus est totalement nu en rappel de la nature humaine du Dieu incarné. Il porte un collier de boules de corail, auquel était attribué un pouvoir prophylactique. La représentation est ici complétée par deux anges reconnaissables à leurs habits liturgiques (leurs ailes manquent), qui apparaissent à l’arrière du muret devant lequel trône sainte Anne assise sur un banc. L’un joint les mains en signe de vénération, l’autre devait tenir un objet dans ses mains (disparues), peut-être un instrument de musique.
Autriche, Tyrol du Sud (Südtirol), Meran/Merano ?
Origine inconnue. Fonds ancien du musée.
p. 167-170, n° 41 (Tyrol du Sud (Meran ?), vers 1510).