Errera, Isabelle
Mère : Franchetti, Sophie
Père : Goldsmith, Jean (dit aussi John ou Isaac), 1828 – Paris 16/01/1909 (propriétaire)
Conjoint : Errera, Paul Joseph, Laken (Belgique) 23/07/1860 – Bruxelles 12/07/1922, avocat à la Cour d’appel de Bruxelles ; mariage le 04/11/1890 à Paris 75008 ; contrat de mariage établi devant Me Eloy à Bruxelles le 20/10/1890 (source : AP, V4E 6122, acte n° 908)
Enfants : Gabrielle Sophie Cornélie Errera (1892 – 1997), qui épouse Paul Oppenheim en 1912 ; Jacques Jean Joseph Errera (1896 – 1977), qui épouse Jacqueline Baumann le 27 juin 1923 à Paris (source : AP, 16M 23_A, acte n° 1058)
15bis rue Marignan
(source : AP, V4E 6122, acte n° 908)
12 avenue de Marnix
(source :Annuaire de la Société d’archéologie de Bruxelles. 1894, p. 64 ; Fornoff-Levitt, Michèle. « Sociabilité juive et musique en Belgique (1830-1930) ».Les Cahiers de la Mémoire Contemporaine. n° 13, 2018, p. 13-54)
14 rue Royale
(source : AP, 16M 23_A, acte n° 1058 ; Fornoff-Levitt, Michèle. « Sociabilité juive et musique en Belgique (1830-1930) ».Les Cahiers de la Mémoire Contemporaine. n° 13, 2018, p. 13-54)
« Isabella Errera, n'est-ce pas le pseudonyme collectif d'une équipe entière d'érudits ? Non. La fondatrice de la Bibliothèque d'art et d'art appliqué de la rue Royale, avec quelques auxiliaires dévoués qu'elle a formés et qu'elle dirige, a su mettre en train ces colossales entreprises, et c'est avec une juste fierté qu'elle signe seule des œuvres qui sont bien à elles, et dont tous les historiens de l'art la remercient.
Le Répertoire abrégé (!) d'Iconographie est devant nous. [...] De nouveau, pour ce travail surhumain, les catalogues des musées d'Amérique et d'Europe et des expositions ont été dépouillés. Des milliers et encore des milliers de fiches ont été établies, collationnées, vérifiées dix fois. Il s'agit de donner au public, par ordre alphabétique, les noms de personnages et d'épisodes bibliques, historiques et mythologiques figurant sur les tableaux, sculptures, etc., exécutés depuis le moyen âge jusqu'à nos jours. On a peine à se figurer la masse des renseignements condensés dans ces trois cents pages. Quelles recherches a coûtées l'identification de tous ces personnages ! Pour beaucoup d'entre eux, les encyclopédies et les biographies ne fournissaient rien. L'auteur a dû s'adresser aux conservateurs des musées qui, à leur tour, ont interrogé les archives. [...] Le livre possède une véritable valeur historique. Il permettra, non seulement de suivre l'évolution d'un type iconographique, mais encore, bien souvent, de découvrir des monuments presque inédits. On reconnaîtra l'esprit et la méthode des fameux Répertoires de Salomon Reinach, qu'Isabella Errera considère à bon droit comme son maître.
Le Répertoire n'aidera pas seulement les historiens purs. Il inspirera les écrivains. La biographie, romancée ou non, des héros et des saints, est à la mode. Quel bonheur pour les hagiographes futurs d'Antoine de Padoue ou du grand Augustin, pour les biographes d'un Auguste de Saxe, de trouver commodément réunis tous les matériaux iconographiques qui illustrent leur personnage ! Isabella Errera sait bien quels services son cher Corpus rendra à des générations d'érudits et d'amateurs. »
(source : Anagnoste. « Le Répertoire d'Iconographie d'Isabella Errera ». Le Flambeau. 12e année, n° 6, 1er juin 1929, p. 215-216)
Isabelle Errera tient avec son mari un important Salon à Bruxelles, avenue de Marnix jusqu'en 1918, puis rue Royale. (source : Fornoff-Levitt, Michèle. « Sociabilité juive et musique en Belgique (1830-1930) ». Les Cahiers de la Mémoire Contemporaine. n° 13, 2018, p. 13-54.)
« Elle a pris au sérieux ce qu'elle appelait en souriant sa fonction sociale, qui était une fonction noblement patriotique. Aux heures calmes d'avant-guerre, pendant ces mois douloureux de l'occupation, au cours des années difficiles de la restauration, à côté de son mari, puis seule, mais vaillante héritière d'une sorte de tradition de famille, elle n'a cessé de réunir, pour leur parler d'eux et de leurs travaux, - jamais d'elle, ni des siens, - les peintres, les poètes, les savants, les politiques, les hommes d’œuvres de tous les partis, encourageant les jeunes, tout en gardant, en dépit parfois de leur oublieuse ingratitude, une inaltérable et indulgente fidélité à ses vieux amis. »
(source : Le Flambeau. « Isabella Errera ». Le Flambeau. 12ème année, n° 7, 1er juillet 1929, p. 359-360)
« C’est le professeur Grégoire qui me présenta à Madame Paul Errera. Dans un hôtel construit au XVIIIe siècle par Guimard, à deux pas du Palais-Royal, dans un cadre qui demeurait immuable, Isabelle Errera, gracieuse et désinvolte, donnait à dîner chaque mercredi. Son salon, annexe mondaine de l’Université de Bruxelles, où son mari Paul Errera avait enseigné le droit public, était devenu l’un des centres nerveux de la politique belge ; pendant la guerre, il avait été le lieu où se réunissaient les leaders des différents partis politiques du pays. J’y rencontrai E. Vandervelde, le professeur Bordet, Prix Nobel, le comte Carton de Wiart, le R. P. Rutten, dominicain et sénateur, des ministres, des anciens ministres et des futurs ministres, des financiers, des poètes comme Léon Kochnitski, des musiciens et des peintres… Tout ce qui, à cette époque, en Europe, comptait dans la vie scientifique ou artistique, faisait une halte rue Royale, chez Mme Errera dont le fils Jacques, aussi savant que fantaisiste, est demeuré de mes amis. » (source : Jaspar, Marcel-Henri. Souvenirs sans retouche. vol. 1, Paris : Librairie Arthème Fayard, 1968, p. 66.)
« Les 5, 6 et 7 avril suivant, M. et Mme Paul Errera ouvraient aux membres de la Société, leur hôtel de la rue Royale où ils avaient fait disposer les nombreuses et remarquables pièces qui composent leur collection d’étoffes, de tapisseries et de tissus anciens. La Société d’archéologie apprécie les sentiments généreux qui ont porté M. Hannay, et M. et Mme Paul Errera à permettre à ses membres de voir les séries d’objets précieux dont ils sont possesseurs et elle leur renouvelle publiquement l’expression de sa gratitude. » (source : Annuaire de la Société d’archéologie de Bruxelles. 1898, p. 8-9)
Isabelle Errera effectue des dons à des Musées dès le début du XXe siècle, notamment au Musée du Cinquantenaire de Bruxelles et au Musée de Gruuthuse à Bruges.
« À ce goût très vif qui lui fait acheter aux prix les plus élevés d’antiques ornements et des tissus de soie, d’or ou de laine, Madame Errera joint une grande générosité. Cette générosité, dont, en 1906, Bruges devait bénéficier, je commençai par la maudire en 1902. Car, malheureusement, peu de temps avant l’époque où je me présentai, alors en inconnu, dans son hôtel de Bruxelles, Madame Errera avait fait don au musée du Cinquantenaire de Bruxelles de toute sa collection ! »
(source : Kervyn de Lettenhove, Henri. « L’exposition des Primitifs à Bruges en 1902 ». Annales de la Société d’émulation de Bruges. tome LVI, 1906, p. 422)
Opinions et actes politiques :
« Pendant plus de huit mois, parmi les plus grands dangers, les feuilles parurent sans que rien arrêtât leur audace. Communications radiographiques secrètes avec notre tour Eiffel – communications qui détruisaient l’effet des nouvelles tendancieuses affichées par l’ennemi – réunions nomades, imprimeries ambulantes, service camouflé de distribution, solides appuis moraux, apports financiers sûrs, voilà les miracles d’organisation que réalisèrent, au milieu de tant d’embûches, les collaborateurs du Flambeau.
Nommer aujourd’hui les “anonymes” d’alors ? Il faudrait nommer à peu près tout ce que Bruxelles a contenu de résolu et d’intelligent enfermé dans la ville durant ces jours fatidiques ; il faudrait citer une armée de propagandistes infatigables tels […] Paul Errera, Lecocq, Verhas, Jansen, Hallet, Verbist, telles Mmes Suzanne Dumont et Isabelle Errera qui, jusqu’au bout, occupèrent les postes les plus exposés avec un patriotisme qui valut à cette dernière les honneurs suprêmes de la prison allemande. » (source : Dornis, Jean. « La Force morale belge pendant l’occupation allemande ». (source : La Revue hebdomadaire. tome VII, juillet 1919, p. 498).
Prix et distinctions : Chevalier de l’ordre de Léopold
Isabelle Errera et Salomon Reinach sont amis et travaillent ensemble. « C'est, me dit-on, Salomon Reinach, inspirateur de ses immenses et utiles travaux, qui appelait Isabella Errera "une Bénédictine", et de la bonne époque. » (source : Anagnoste. « Le Répertoire d'Iconographie d'Isabella Errera ». Le Flambeau. 12e année, n° 6, 1er juin 1929, p. 214).
Isabelle Errera soutient Fernand Khnopff ; ce dernier publie un compte-rendu d'un de ses ouvrages et réalise son portrait. (source : [M. Cop]. « Goldschmidt Isabelle (1869-1929, épouse Errera ». Gubin, Eliane, Jacques, Catherine, Piette, Valérie et Puissant, Jean (dir.). Dictionnaire des femmes belges : XIXe et XXe siècles. Bruxelles : Editions Racine, 2006, p. 279-280 ; Khnopff, Fernand. « Note Bibliographique ». Bulletin de la Classe des Beaux-Arts. n° 4-5, 1921, p. 37-38).
Julius Lessing publie un article sur la collection d'Isabelle Errera dans le National Zeitung, ensuite publié en Belgique dans le Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels. (source : Lessing, Julius. « Collection Isabelle Errera ». Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels. n° 12, 1902, p. 90-91).