Le Corbusier
Charles Jeanneret, dit Le Corbusier ; en 1914, Charles Jeanneret répond à une demande d’ouvrage de Paul Cornu : « L’opuscule requis "mouvement d’art déco…" est actuellement introuvable. J’ai fait des démarches et après maintes peines ai pu en repérer un chez un ami. Je vous l’envoie par même courrier. L’aventure de cette modeste publication est plaisante : écrite sous forme de rapport à présenter à une commission d’école d’Art, elle s’est trouvée si bien correspondre aux visées de cette commission d’alors que sa publication en fut décidée et sa distribution gratuite dans notre ville. Des 500 exemplaires, tous y sont passés hormis une vingtaine que j’ai pu expédier ici et là , à l’étranger. Et le résultat fut ceci : c’est qu’ici, elle fit si peu d’effet que le public l’ignora, la presse idem ; que, un mouvement politique ayant renversé la commission d’alors, la nouvelle, réactionnaire et poussée par nos ennemis, les professeurs de l’Ancienne section de l’école d’Art, cette nouvelle commission détruisit l’œuvre de 16 années le labeur de notre ancien maître l’Eplattenier, c-à -d. qu’elle supprima la "Nouvelle Section de l’Ecole d’Art" où nous étions 4 maîtres à enseigner pendant quelques heures des théories et une pratique en rapport avec les besoins de l’époque… ! Cependant à l’étranger la petite brochure faisait son chemin. Commentée un peu partout, j’étais bombardé de demandes de libraires ou de personnes telles que vous, Monsieur, attachées aux idées nouvelles. On m’en demandait même de Paris, la réédition. Projet resté encore en suspend. Mais fait pouvant peut-être éviter ces frais, L’ART DE FRANCE, dans son dernier N° en publiait près de 50 pages et en annonce une suite. Malgré les saletés commises ici contre nous, nous nous démenions le plus possible, et, mouvement parti simultanément de Genève Lausanne et La Chaux-de-Fonds, L’ŒUVRE était fondée l’automne dernier. L’affaire est en état d’embryon. Rien n’a encore été fait. Mais nous espérons fortement. Je me suis permis, Monsieur, ce petit exposé, puisque je vous sais grand défenseur des tendances nouvelles. Et en complément à la brochure promise, je joins notre plaidoyer (potin quelque peu local villageois) lors de notre sortie de l’Ecole d’Art, ainsi qu’un prospectus de cette école détruite ; et j’y ajouter les statuts de L’ŒUVRE dont le mode d’organisation pourrait vous intéresser. » (source : lettre manuscrite de Charles Jeanneret à Paul Cornu, 27 mai 1914, encartée dans Charles L'Eplattenier, Léon Perrin, Charles Edouard Jeanneret, Georges Aubert. Un mouvement d'art à la Chaux-de-Fonds à propos de la Nouvelle Section de l'Ecole d'Art , s.n, Imp. G. Dubois, [1914 ?] ; Bibliothèque du musée des arts décoratifs : Réserve Br. 5473)