Portrait présumé d’Anne Vauchard
L’inscription apocryphe en haut à gauche de la toile donne une identité erronée de la femme représentée. Il ne s’agit pas de Catherine Mourelot, de Mirebeau, mais, si l'on en croit les armoiries, d’Anne Vauchard, épouse de Jean III de Hugon. En effet, les armes des Mourelot, d’or, à trois lions de sable, au chef d’azur chargé de trois roses d’or posées en pal, ne se retrouvent pas ici. Au contraire, nous avons, à gauche, de gueules, à une bande ondée d’or accompagnée de deux aiglettes d’argent, qui est d’Hugon, et à droite, d’or, à trois rocs de gueules, qui correspond aux armes des Vauchard. La confusion tardive provient probablement du fait que Catherine de Mirebeau épouse Jean II Hugon, c’est-à-dire le père de Jean III. La famille, noble depuis Jean Hugon, premier du nom, qui fut anobli en 1530 par Charles Quint, logeait selon toute vraisemblance à Gray, dont Jean III fut le maire (Labbey de Billy, Histoire de l’Université du Comté de Bourgogne, 1815, p. 283), ou dans une de leur seigneurie de Bourgogne. Jean III de Hugon , seigneur de Poyans, et Anne Vauchard passent leur contrat de mariage en 1562 (Hugon de Poligny, Un procès en révision de noblesse sous le second empire, Besançon, 1876, p. 491). Elle était la fille de Pierre Vauchard, président au parlement de Dole, seigneur de Falletans, et d’Anne de Marenches. Bien qu’originaire de Gray, la famille Vauchard était établie à Dole (Labbey de Billy tome 1, p. 297) et entretenait probablement des liens étroits avec les Hugon. La cordelière entourant les armoiries, comme l’a récemment souligné Laurent Hablot (« La cordelière », dans Le blason des temps nouveaux. Signes, emblèmes et couleurs dans la France de la Renaissance, catalogue d’exposition (Écouen, musée national de la Renaissance, 19 octobre 2022 - 6 février 2023), Paris, 2022, p. 177-178), n’est en réalité pas un symbole du statut de veuve. Elle est l’un des emblèmes favorisés par la reine Anne de Bretagne, mais les sources demeurent curieusement muettes sur les pratiques qui y sont liées.
Anne de Vauchard est représentée, presque en pied sur un fond marron, portant une robe noire à rayures de la même couleur, ainsi qu’une fraise caractéristique de la fin des années 1580 et du début des années 1590. Ses cheveux sont coiffés en raquette, dont on aperçoit l’attifet gris sous le chaperon noir. Sur sa poitrine se détache un pendentif en croix orné de perles et d’une pierre rouge. Sa robe est nouée à la taille par une ceinture à laquelle est noué un chapelet de perles rouges qu’elle touche à peine de sa main gauche, pendant le long du corps. Sa main droite repose sur un ouvrage fermé à la reliure foncée, probablement un livre de prières, posé sur une table. Des bagues ornent ses deux mains, indices d’un statut aisé. Le peintre sculpte la figure de façon synthétique : le visage est peu détaillé, dans une matière lisse et un peu gommeuse, mais donnant tout de même un certain sentiment de vie. Les ombres de la collerette sont particulièrement bien réussies et confèrent un beau volume à l’objet. L’auteur est probablement un artiste originaire de la région bourguignonne ou franc-comtoise et se montre stylistiquement proche, par exemple, du peintre qui réalise le portrait de Claudine d’Agay (localisation inconnue).
identité erronnée
CATHERINE DE MIREBEAUD / FEMME DE JEAN HUGON / SIRE DE LEULLY / AGEE DE 45 ANS
apocryphe
Il n'est pas exclu que nous ayons affaire à un peintre franc-comtois.
Chantilly, Hôtel des ventes, Oise enchères, 12 décembre 2020, lot 411 ; localisation inconnue.