Portrait d’Antoine Rose, évêque de Clermont en Auvergne et abbé de Saint-Mesmin de Micy
Léon Dumuys (1906) a pu identifier le modèle comme Antoine Rose, évêque de Senlis puis de Clermont en Auvergne (vers 1575-1614). Il est aussi abbé de Saint-Mesmin de Micy, en Loiret, dès 1608. Plusieurs éléments confirment cette hypothèse : tout d’abord la présence du monogramme « A. R. » sur le collier du chien, l’ancienne provenance de l’abbaye de Micy, dite des Feuillants (moines de la congrégation des Cisterciens réformés) sous la direction de François III de La Rochefoucauld entre 1598 et 1608, et enfin la représentation de cette abbaye et du village de Saint-Nicolas, au bord du Loiret, à l’arrière-plan. Antoine Rose avait échangé son évêché Senlis avec celui de La Rochefoucauld, soit celui de Clermont. Le cardinal de La Rochefoucauld avait entrepris des travaux de réparation du couvent des Feuillants, lesquels sont achevés par Antoine Rose. Les trois cartouches superposés dans le coin supérieur gauche n’alimentent pas ces arguments pour le moment, dans la mesure où la dégradation avancée de la toile empêche leur lecture précise (Léon Dumuys lit tout même deux quartiers des huit dans le cartouche supérieur comme « 1° un champ de gueules chargé d’un lion d’or dressé à dextre et 2° un champ d’argent chargé d’une pièce indéfinissable de gueules » (p. 481). Le cartouche inférieur pourrait éventuellement représenter un ciel et des nuages). Le tableau est déjà signalé comme endommagé par Léon Dumuys en 1906. Il relève des retouches maladroites au niveau du visage, du côté gauche de la mitre et sur les draperies du fond.
Les attributions fantaisistes à Giorgione au revers sont dues à Jean-Baptiste Meunier, peintre natif d’Orléans (1786-?), et Herbaudière, peintre décorateur de Saint-Hilaire-Saint-Mesmin. On peut plus raisonnablement imaginer que l’auteur du portrait est actif à Orléans au début du XVIIe siècle (l’échange des évêchés entre Antoine Rose et François III de La Rochefoucauld fournit un terminus post quem en 1608). En effet, malgré le mauvais état de conservation de la toile, elle peut être mise en parallèle au portrait de François Le Maire (Orléans, musée historique et archéologique, inv. D.93.1.1), à peu près contemporain et avec laquelle elle partage un caractère bidimensionnel, contrebalancé par un certain souci d’individualité des visages.
Christo duce
Garanti original de Giorgione, Paris, le 19 juillet 1816. Meunier
abbaye Saint-Mesmin de Micy selon toute vraisemblance ; l'œuvre est probablement déplacée lors du pillage de 1791 ; Saint-Hilaire-Saint-Mesmin (Loiret), église
Base Mémoire