Evangiles dits d'Echternach, Symbole de Saint Marc, Paris, BnF, Latin 9389, f.75v

Evangelia quattuor [Evangiles dits d'Echternach ou de saint Willibrord]

Violet : les zones violettes ont été colorées avec de l'orseille, un colorant préparé à partir de plusieurs espèces de lichens, par exemple Roccella tinctoria, Lasallia pustulata ou Ochrolechia tartarea, par extraction dans l'ammoniaque. L'orseille était utilisée au moins depuis l'époque gréco-romaine puisqu'elle est citée par Théophraste, Dioskurides et Pline l'Ancien pour la peinture et la teinture des textiles. Sa présence en tant que peinture dans un manuscrit du VIIe-VIIIe siècle est remarquable car elle est parmi les plus anciennes jamais enregistrées, en dehors de son utilisation principale dans la coloration du parchemin dans les codices pourprés.

Rouge : les zones rouges et rouge foncé sont colorées avec du rouge de plomb, un pigment très courant dans la peinture depuis la période gréco-romaine.

La teinte rouge foncé que l'on retrouve dans plusieurs éléments (par exemple l'encadrement du f.3v) est très probablement due à l'altération partielle du rouge de plomb - Pb3O4 - en noir de la plattérite - PbO2 - un phénomène courant dû à l'action oxydante de l'air.

Brun : certains détails peints en brun clair et dans une teinte rosée, par exemple les cadres extérieurs et intérieurs de la miniature au f. 18v ou le lion au f. 75v, ont été rendus avec du rouge de carthame dilué, un colorant obtenu par extraction de Carthamus tinctorius. Cette identification est remarquable car elle n'est pas traditionnelle dans l'art pictural occidental, alors qu'elle l'est dans les écoles de peinture orientales, par exemple dans l'art chinois. La plante Carthamus tinctorius est originaire de l'Asie méridionale et était cultivée en Chine, en Inde, en Perse et en Égypte depuis la préhistoire ; son introduction en Europe méridionale est rapportée au Moyen Âge, mais sans plus d'informations et il est difficile de supposer sa culture dans les îles britanniques au début du Moyen Âge, où elle a été introduite très probablement après le XVIIe siècle. Le carthame rouge peut être extrait du Carthamus tinctorius à l'aide d'une solution alcaline ; l'extraction dans l'eau donne le carthame jaune. Les caractéristiques spectrales obtenues par FORS et spectrofluorimétrie, sont compatibles avec celles rapportées par la littérature scientifique.

just. 280 x 205 mm

Notice bibliographique - BnF Archives et Manuscrits

Gallica - numérisation d'un manuscrit original