Barbe Guiffart, épouse de Claude II Groulart, président du parlement de Normandie, est identifiable ici non seulement par la présence de ses armoiries (d’argent, à trois griffes de gueules au chef d’azur chargés de trois annelets d’or) parties de celle de son époux (d’azur, trois châteaux d’or à trois tours couvertes et girouettées du même), mais également par l’inscription posthume donnant son nom et la date de son décès. Âgée de 41 ans au moment de la réalisation du portrait, daté de 1598, elle meurt donc l’année suivante, situant l’ajout du texte dans un laps de temps assez court et dans une graphie imitant le « Aetatis / 41 ». Barbe Guiffart avait épousé en 1576, en premières noces, Robert le Roux, seigneur de Becdal et conseiller au Parlement de Normandie. Elle devient la femme de Claude Groulart (1551-1607), baron de Monville et premier président du Parlement de Normandie, en 1584. Le tombeau sculpté de Barbe Guiffart, avec son gisant, existe toujours dans la cathédrale de Rouen et porte ses armoiries. Antoine de Montchrestien a rédigé en 1599, après son décès précoce, un ouvrage intitulé Les derniers propos avec le tombeau de feu noble dame Barbe Guiffart, un poème dédicacé à son mari endeuillé accompagné d’une évocation de son tombeau, « pour le [son corps mortel] reprendre viuant & immortel au dernier jour ». Des stances célèbrent également sa vie et son attachement à sa ville : « Rouen cognut ma face, & la France mon nom. / Ie tenois à grand heur le seiour de ma ville, Et ne l’ay point quitté durant mes iours, sinon / Lors qu’il estoit trouble par la guerre civille ». La guerre se terminant en 1598, année de réalisation du portrait, Barbe s’est-elle faite portraiturer à Rouen ou dans une autre ville ? Au regard de l’attachement de Barbe Guiffard pour sa ville de Rouen, il est possible qu’elle ait choisi de se faire portraiturer par un peintre local.
Une sculpture de Claude Groulard en prière fait pendant au gisant de son épouse. Les deux tombeaux, originellement placés dans la chapelle Sainte-Anne des Célestins, furent déplacés à la Révolution avant d’être trouvés en 1840 à Saint-Aubin-le-Cauf et déplacés dans la cathédrale de Rouen. Nous savons qu’« il existe un portrait de Claude Groulart, gravé de son temps. L’artiste lui a donné un regard perçant ; aussi a-t-il pu tracer au bas du portrait les quatre vers suivants : Ce portrait qui partout regarde / d’un oeil qui contemple et discourt / Monstre qu’à tout Groulart regarde / Et qu’il est l’ARGUS DE LA COURT ». Malheureusement, ce portrait ne nous est connu par aucune reproduction. Une version peinte légèrement différente et dont l’existence est attestée, est non localisée depuis le témoignage de Floquet qui dit le posséder en 1841. Daté de 1601 et peint sur bois, A. Floquet en avait hérité par M. Ribard fils, ancien conseiller à la Cour royale de Rouen. C’est peut-être la version que Le Romain copie en 1842.
1598 / Aetatis / 41
Dame Barbe Guyffart morte · 1599
posthume
incertain
Versailles, Hôtel Rameau, 27 mai 1990, lot 16 ; vente Hôtel Drouot, Paris, 31 janvier 1991, lot 243 ; localisation inconnue