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[1886, peinture, rapport Institut procès-verbal]Rapport sur les envois de peinture de 1886TYPE : rap [...]

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Dernière modification
02/12/2021 10:47 (il y a environ 3 ans)
Type de document
Description
[1886, peinture, rapport Institut procès-verbal]
Rapport sur les envois de peinture de 1886
TYPE : rapport de l'Institut de France - officiel
AUTEUR : Bouguereau, Adolphe William
PAGE DE TITRE : Séance du 13 novembre 1886. M. Bouguereau au nom de la section de peinture donne lecture du rapport suivant sur les envois de Rome en 1886
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 13/11/1886
COMMENTAIRE : Les archives de l'Académie de France à Rome (carton 118-1, f° 29-31) présentent une version manuscrite conforme au rapport du procès-verbal.
Descriptions
Transcription : 
[p. 251] L'Académie des beaux-arts éprouve un sentiment pénible lorsque conviant le public à visiter l'exposition des travaux de ses pensionnaires, elle n'a à lui montrer que des oeuvres inachevées ou peu dignes d'approbation. Cette année, pour la peinture particulièrement elle est contristée [sic] de présenter des envois qui répondent faiblement à ce qu'on est en droit d'attendre d'artistes qu'elle a distingué entre tous en leur décernant les honneurs et les privilèges du Grand Prix de Rome. Persuadée que la vérité seule peut être utile elle n'hésite pas à formuler dans son rapport des appréciations ou le blâme l'emporte sur l'éloge. M. Fournier, quatrième année. La dernière prophétie de Velléda : pour son travail de dernière année M. Fournier a envoyé une toile représentant la dernière prophétie de Velléda. Des prisonnier gaulois sont entassés et croupissent dans d'obscurs cachots au milieu d'eux, la femme inspirée prédit des temps glorieux réservés à la Gaule, ce thème prêtait à un tableau remarquable, mais pourquoi faut-il que l'Académie ne puisse [p. 252] approuver que le choix du sujet, et qu'elle soit dans l'impossibilité d'apprécier l'oeuvre d'art ? Cette toile, ainsi que le dit M. le Directeur de l'Académie de Rome, et ainsi qu'on put le constater les membres de l'Académie, témoigne d'un travail acharné et d'une grande bonne volonté. Malheureusement de changements en changements elle nous arrive dans un état qui rend impossible de dire ce qu'elle deviendra. Devant ce résultat, l'Académie ne peut que reprocher à M. Fournier de n'avoir pas su produire dans le temps prescrit une oeuvre suffisamment avancée et elle le fait d'autant plus fortement que cette année par suite du retard apporté aux expositions de Rome et de Paris, les pensionnaires avaient trois mois supplémentaires pour l'exécution de leurs envois. M. Popelin, troisième année : M. Popelin a envoyé une copie d'après Bernardino Luini. Ce travail semble avoir été exécuté par un homme désireux de se débarrasser promptement d'une obligation plutôt que de faire une étude profitable à son progrès, cette obligation pourtant devrait être sacrée aux pensionnaires puisque la copie est la seule oeuvre exigée par l'État en retour des sacrifices qu'il fait. Si encore M. Popelin s'était préoccupé de ce qui constitue le charme du maître, la sincérité dans le dessin, la finesse dans le modelé, et l'harmonie dans la couleur ! Mais il s'est surtout appliqué à imiter les salissures que le temps a apporté à son modèle. Pour sujet de son esquisse M. Popelin a pris le moment où Néron s'apprête à s'enfuir de Rome. Il a représenté cette scène d'une manière qui rappelle le travail d'un architecte décorateur et non celui d'un peintre d'histoire car c'est à peine si en haut d'un escalier monumental et à l'ombre d'un piédestal on aperçoit la petite figure de l'empereur hors d'aplomb et dans le lointain quelques uns des cavaliers et des serviteurs qui doivent l'accompagner dans sa fuite. L'Académie a néanmoins apprécié dans cette esquisse de la hardiesse dans l'effet pittoresque et une couleur qui, si elle n'est pas juste est pourtant brillante. M. Baschet, deuxième année : M. Baschet intitule son envoi : Une Étude. Il a représenté une femme nue dont la tête est laide et le corps sans beauté. Elle est assise devant une servante qui lui démêle les cheveux cette dernière est vêtue d'une robe noire moderne. Par le choix d'une figure de femme déshabillée, choix si éloigné de l'esprit du règlement, M. Baschet n'a pas fait preuve de goût et l'Académie ne peut que blâmer ce pensionnaire d'avoir envoyé une pareille composition. Quant à l'exécution de ce tableau, les bras de la femme nue et particulièrement celui en raccourci sont d'une grande faiblesse de dessin, le caractère des jambes n'est pas meilleur. Elles sont posées d'une façon qui a l'intention d'être naïve mais qui n'est que désagréable. La femme habillée est tenue dans une pénombre qui ne réussit pas à dissimuler la pauvreté de la forme. Cependant cette oeuvre possède des qualités de lumière de ton et d'harmonie dont il est juste de se rendre compte. / M. Pinta première année : M. Pinta a choisi son sujet en dehors de la tradition et en dehors de la raison même, car il fait pleurer le Christ sur l'inutilité de son sublime sacrifice. Si en passant de l'idée si contestable qui a présidé à cette composition on arrive à l'exécution, la satisfaction est-elle plus grande ? Cette figure vulgaire à la tête commune, à la pose sans grandeur, si mal placée dans un coin de la toile, est-elle un Christ ? Et puis sur quoi est elle assise ? [p. 253] Ce terrain, sans forme a-t-il quelque analogie avec la nature ? L'Académie tout en regrettant que M. Pinta n'ait pas mieux réussi à s'identifier avec le divin personnage qu'il a voulu représenter, constate les qualités de ton et de couleur qui se trouvent dans quelques parties de ce tableau, et la manière franche dont il est peint. Aussi espère-t-elle que lorsque M. Pinta voudra s'élever à chercher le bien et le beau au lieu de se contenter du bizarre, il pourra faire des oeuvres dignes de lui et de l'Académie. Deux dessins complètent l'envoi de M. Pinta, la copie d'après Raphaël est faite avec assez de soin, mais celle d'après l'antique, s'il a étudié les cassures existant sur le bas-relief il a négligé la forme des personnages : ce dessin est absolument insuffisant. Ces observations qui sembleront peut-être sévères ne sont dictées que par une vive sollicitude pour la carrière future de chaque pensionnaire et par des préoccupations pour l'avenir de notre art national. En terminant l'Académie fait appel à ses lauréats du prix de Rome pour les exhorter à s'efforcer de maintenir l'École française à la hauteur où elle est arrivée et d'où elle ne doit pas descendre.
Localisations
Cote / numéro : 
Académie des beaux-arts, 2 E 17, p. 251-253
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1886, peinture£ Notice créée le 19/06/2002. Notice modifiée le : 18/10/2018. Rédacteur : France Lechleiter.
Rédacteur
France Lechleiter