Pierre de Ferralhon

Ce portrait fait partie des œuvres les plus précieuses d’Étienne Martellange, dans la mesure où son identité est révélée au dos du panneau, également signé et daté par le peintre. Il s’agit de Pierre de Ferralhon, ou Ferraillon, issu d’une famille de marchands de Valence qui avait fait fortune dans le fer et qui « "vivaient noblement" depuis le milieu du XVIe siècle » (Zvereva 2019, p. 173). Fils de Claude Ferralhon, Pierre est élu consul de Valence à plusieurs reprises, dont en 1582, 1583 et 1589 (voir M. Fournier, « Notes et documents sur les professeurs de droit en France », Nouvelle revue historique de droit français et étranger, 19, 1895, p. 205). La ville fait partie des bastions protestants de la région et Pierre de Ferralhon, proche du théologien Jean de Serres, rejoint le mouvement calviniste, à l’instar de la majorité des notables de Valence (Zvereva 2019, p. 173). Fidèle partisan de Henri IV, Pierre fut anobli et devint conseiller du roi en 1593, avant d’obtenir le titre de « conseiller et secrétaire ». Le costume de Ferralhon le présente par ailleurs comme un gentilhomme de la cour de Charles IX, loin des préjugés sur les vêtements noirs et austères des huguenots (Zvereva 2019, p. 174). Comme il a été suggéré, le portrait aurait pu être réalisé à l’occasion de son mariage avec Isabelle de Corbeau (Zvereva 2019, p. 173). Il existerait donc un pendant féminin de son épouse à retrouver (les dimensions du seul portrait de femme de 1572 connu ne correspondent pas). Comme dans le cas du portrait de femme de 1566 (localisation inconnue), le cadre originel porte une citation biblique fréquente, « La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse », que l’on rencontre notamment dans le psaume CX et qui devait résonner particulièrement en ces périodes de troubles religieux (Zvereva 2019, p. 174).

Stephanus martellangius faciebat 1572

PIERRE · DE · FERRALHON ·

1572