Sculpture en ronde-bosse, sculptée et polychromée sur toutes ses faces, provenant d'un retable d'autel, probablement du couronnement.
-Analyses de la polychromie, Sandrine Pagès-Camagna, Centre de recherche et de restauration des musées de France, 2000.
- Étude et restauration, Acanthe, 1999-2001
- Identification du bois, Élisabeth Ravaud, 2012.
- Observation, Juliette Levy-Hinstin, Sophie Guillot de Suduiraut, 2020.
Sculpture taillée dans une pièce principale de bois (pin cembro, dit aussi arolle).
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sur la tête, deux cavités cylindriques (chacune : diamètre 2,5 cm environ) ultérieurement comblées par des pièces de bois ; sous la base, trois entailles rectangulaires (chacune : L. 1 cm environ) situées à l’emplacement des trois angles d’un triangle d’environ 6 cm de côté.
- Éléments assemblés : bras gauche (manquant ; cheville sous l’épaule) ; partie senestre de la base (manquante ; incisions sur le plan d’assemblage pour contribuer à l’adhérence de la colle) ; une petite pièce sur le devant du bord supérieur du chapeau, au centre ; une petite pièce (d’origine ?) à l’angle senestre de la bouche.
- Trace de fixation (au retable ?) : percement cylindrique de la base (H. 6,5 cm, diamètre. 0,8 cm environ) à l’emplacement du cœur de l’arbre.
- Légère attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Principaux manques : avant-bras droit et bras gauche ; extrémité du pan senestre du manteau ; quatre éléments décoratifs de la ceinture ; partie antérieure dextre de la base ; extrémité du pied gauche (cheville) ; partie senestre de la base (comprenant la figure du mendiant ?) ; un élément sur le bord postérieur de la base ; éclats sur les boucles des cheveux, la ceinture, le bord du manteau.
- Interventions postérieures : retaille du bord senestre de la tunique ; sculpture fixée par deux vis (cavités sous la base) sur un socle (20e siècle) qui a été retiré en 2001.
Polychromie d’origine lacunaire et endommagée, localement reprise ; bois décapé sur le visage.
1. Polychromie d’origine :
Pièces de toile encollée ; préparation appliquée en trois (parfois quatre) couches : 1. carbonate de calcium et carbonate double de calcium et magnésium, mélange d’amidon et de colle protéinique ; 2. carbonate de calcium, matière organique ; 3. carbonate de calcium ; 4. carbonate de calcium.
- Bord du manteau : bol, or.
- Cheveux, ceinture : mixtion, or.
- Manteau et vêtement court : décors moulés et appliqués dits « brocarts appliqués » ; composition : 1. couche organique (adhésif à base d’huile et/ou de résine) ; 2. matériau de remplissage (carbonate de calcium, mélange de colle de pâte et colle protéinique) ; 3. feuille d’étain ; 4. glacis rouge (garance ?) ; décors de forme quadrangulaire (6 x 6 cm environ), cernés d’une ligne rouge, parsemés sur le fond blanc du manteau ; décors couvrant entièrement la surface sur le vêtement court.
- Revers du manteau : sous-couche noire (noir organique et carbonate de calcium), bleu (azurite, liant probablement huileux).
- Chapeau, chausses : rouge vif, glacis rouge.
- Fourreau de l’épée, bords de la tunique et du chapeau : préparation travaillée au tremblé pour évoquer le décor du fourreau, et la fourrure des vêtements (couche blanche avec peut-être des touches noires : fourrure d'hermine ?).
- Sol : vert.
- Carnations : rose (vestiges à la limite du col).
2. Polychromie postérieure (quelques restes) :
- Manteau et vêtement court : restes de rouge (cinabre, liant probablement huileux) et de blanc (blanc de plomb, argiles, liant probablement huileux).
- Cheveux : noir.
L’hypothèse de René Jullian en 1945 (« un Roi Mage apportant des présents ») est ici abandonnée en faveur d’une autre iconographie. Malgré les mutilations de la sculpture, il est possible de reconnaitre l’image d’un saint Martin partageant son manteau en tenant son épée de la main droite, avec le mendiant placé à ses pieds à senestre comme, sur un volet du retable de Hans Klocker dans l’église Saint-Valentin de Villnöss (vers 1485-1490). La position du bras droit, le fourreau de l’épée à senestre, le mouvement du corps et le costume civil, typique de la seconde moitié du 15e siècle, conviennent bien à une figure de saint Martin. Selon la légende, saint Martin, légionnaire romain ayant vécu au cours du 4e siècle, a découpé à l'aide de son épée son manteau pour en donner la moitié à un mendiant nu rencontré à la porte d'Amiens. Cet épisode a donné lieu à de multiples représentations. En parallèle aux images du saint en armure, à pied ou à cheval, de nombreuses œuvres allemandes le montrent ainsi en jeune homme élégant dépourvu d’accessoires militaires, qui porte ici un riche manteau de soie, des chausses moulantes, un habit court ceinturé et un chapeau. Le vêtement et le chapeau sont doublés de fourrure pour souligner le luxe de la tenue.
Autriche (Österreich), Tyrol du Sud (Südtirol, actuellement Italie, Haut-Adige)
Attribution et datation proposées par comparaison avec plusieurs sculptures des retables de Hans Klocker et de son atelier, nouvelle identification de l’iconographie (Sophie Guillot de Suduiraut, communication écrite, 2019).
Lieu d'origine inconnu. Acquisition à Paris auprès de l'antiquaire Godefroy Brauer (Nagymorton, Hongrie, 1857-Nice, 1923),1895.
p. 119-120, n° III-76 (« Art de la Haute Bavière, vers 1500, Figure masculine » ; peut-être « un Roi Mage apportant des présents »).