Portrait de Jean de Morvillier

L’inscription posthume ajoutée au-dessus de la figure l’identifie comme Jean de Morvillier, évêque d’Orléans et garde des sceaux de France mort en 1577 à Tours, à l’âge de 71 ans. Né à Blois en 1506, il est le fils unique d’Etienne de Morvillier, procureur de Louis XII à Blois, et de Marie Gaillard. Il débute sa carrière en tant que lieutenant général de Bourges et doyen de Saint-Etienne de la même ville. Après avoir occupé plusieurs postes religieux ou diplomatiques entre Melun et Venise, Jean de Morvillier obtient l’évêché d’Orléans en 1552 mais cède sa charge douze ans plus tard au profit de son neveu, Mathurin de la Saussaye. Prélat d’envergure soutenu par les Guise, il fit aussi partie des conseillers de Catherine de Médicis ( F.-A- Aubert de La Chesnaye Des Bois, Dictionnaire de la noblesse, 14, Paris, 1869, p. 617. Pour les éléments biographiques voir aussi E. Duchateau, Histoire du diocèse d’Orléans depuis son origine jusqu’à nos jours, Orléans, 1888, p. 232-251). L’identification semble confirmée par la comparaison avec son buste funéraire par Germain Pilon commandé par son ami Pompone de Bellièvre, qui ornait son tombeau aux Cordeliers de Blois avant qu'il ne soit détruit à la Révolution (Orléans, musée des Beaux-Arts, inv. 1784). Comme dans son effigie sculptée, Jean de Morvillier est ici vêtu de sa tenue ecclésiastique : calotte, capelet noir et robe blanche plissée. 

Le statut de ce portrait est ambigu : s’agit-il d’un original tiré sur le vif ou d’une copie d’après une peinture perdue ou son tombeau sculpté ? Les liens qu’entretient Jean de Morvillier avec la capitale ne doivent pas être sous-estimés dans ce cadre artistique. La proximité géographique et politique de Paris et des villes du Val de Loire comme Blois, Tours et Orléans, qui manquent cruellement de jalons peints sûrs dans le domaine du portrait autonome, rend difficile l’exercice de l’attribution dans ce genre de cas. Au regard de son col de chemise, le portrait peut être daté autour de 1575, soit à peu près au moment où il remet l’évêché d’Orléans à son neveu. Il se retire ensuite dans son abbaye de Saint-Pierre de Melun, qu’il avait acquise en 1560. Nous ne pouvons donc que supposer que l’auteur de la toile est actif autour de la Loire et qu’il regarde du côté des modèles de cour contemporains. Le traitement du visage est assez singulier, réalisé dans une matière picturale peu épaisse et avec une tendance à la géométrisation des traits. Le rendu des ombres est toutefois exécuté avec soin.

OBIIT ANNO 1577 AETATIS SUAE 71 / IEAN DE MORVILLIERS EVESQUE D'ORLEANS ET GARDE DES SCEAUX / DE FRANCE