La Vierge et l’Enfant
Vierge et l’Enfant est un élément d’une représentation de sainte Anne trinitaire provenant de la caisse d’un retable ; l’élément complémentaire, la statue de Sainte Anne, est conservé au musée de Guebwiller (D.983.1.7).
- Intervention, atelier de Théophile Klem (Colmar, 1848-1923), fin du 19e siècle.
- Étude et restauration, Anne Gérard-Bendelé, 2013.
- Observation, Pantxika Béguerie-De Paepe, Juliette Levy-Hinstin, Sophie Guillot de Suduiraut, 2019.
Sculpture taillée dans une demi-bille de bois (tilleul ?) avec éléments assemblés.
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sur la tête, cavité cylindrique (diamètre 2 cm environ) ultérieurement comblée par une pièce de bois ; dessous de la base non accessible.
- Revers évidé : traces d’herminette et de gouge ; à senestre, percement involontaire comblé à l’aide d’une pièce de bois (12 cm x 7 cm x 3 cm) avec toile encollée pour renforcer l’assemblage
- Éléments assemblés : la main gauche de l’Enfant (restituée) ; les bras de l’Enfant ? ; les parties latérales du banc (restituées).
- Traces d’outils : bois travaillé à petits coups d’outil pour créer, sur le sol, des creux et des saillies évoquant une surface accidentée herbeuse.
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Principaux manques : le pouce et une partie de la main gauche de l’Enfant ; éclats sur les vêtements et les bords de la base.
- Interventions postérieures : zone arasée sur le dessus de la tête de la Vierge, cavité (diamètre 2 cm environ ; P. 3 cm) au centre de l’évidement au revers de la tête, et ajout d’une auréole en cuivre fixée latéralement dans les cheveux (déposée en réserve en 2023) ; fixation des bras de l’Enfant consolidée par des clous ; tissu enduit appliqué sur le corps de l’Enfant (« linge de pudeur »), qui à l’origine était nu ; partie arasée au revers de la tête de l’Enfant et ajout (traces de colle) d’une auréole en bois doré (déposée en réserve en 2023) ; restitution de la main gauche (tilleul ?) de l’Enfant, des parties latérales du banc et d’une partie de la base de la sculpture (bois résineux) ; ajout d’une planche sous la base (bois résineux ; H. 3 cm) ; lors de la pose de la polychromie à la fin du 19e siècle, bord de l’encolure en pointe de la chemise de la Vierge raboté et clous à tête ronde insérés au bord du manteau pour évoquer une bordure décorée de perles et de cabochons.
La sculpture a été revêtue successivement de quatre polychromies principales. Sous la polychromie actuellement visible ont été discernés des vestiges de la polychromie d’origine et de deux polychromies postérieures (avec reprises locales). La polychromie actuelle, de style néogothique, a été vraisemblablement exécutée dans l’atelier de Théophile Klem à la fin du 19e siècle. Les marques de mise au point visibles sur le visage de l’Enfant suggèrent qu’une copie de la sculpture a été réalisée à cette occasion.
1.Polychromie d’origine :
Préparation blanche.
- Robe de la Vierge : mixtion, feuilles métalliques (or, argent ? localement étain ?) ; par endroits, vert sombre, bleu, noir, peut-être traces de décors locaux.
- Manteau de la Vierge : bleu (probablement azurite).
- Revers du manteau de la Vierge : rouge orangé, glacis rouge ; par endroits, mixtion, argent, peut-être traces de décors locaux.
- Cheveux de la Vierge et de l’Enfant : mixtion, or.
- Chemise de la Vierge : mixtion, feuille métallique ; or au bord de l’encolure en pointe.
- Banc : gris bleu.
- Carnations : rose.
2.Polychromie postérieure :
- Robe de la Vierge : rose
- Manteau de la Vierge : bleu.
- Revers du manteau de la Vierge : rouge vif.
- Cheveux de la Vierge et de l’Enfant : noir, brun.
- Bord de l’encolure en pointe de la chemise de la Vierge : rouge.
- Oiseau : brun.
- Banc : rose, vernis brun, vert sombre.
- Carnations : rose.
3.Polychromie postérieure (après restitution de la main gauche de l’Enfant, après ajout de l’auréole et du « linge de pudeur » pour dissimuler la nudité de l’Enfant, et ajout des parties complétant le banc et la base) :
- Robe de la Vierge : rose clair.
- Manteau de la Vierge : bleu sombre.
- Revers du manteau de la Vierge : bleu clair.
- Bride et bordures du manteau de la Vierge, auréole (déposée) de l’Enfant : bol orangé, or.
- Cheveux de la Vierge et de l’Enfant : brun.
- Linge de pudeur : blanc ; bord du linge : bol orangé, or.
- Bord de l’encolure en pointe de la chemise de la Vierge : mixtion, argent.
- Oiseau : brun orangé.
- Banc : gris rosé.
- Chaussure : brun sombre posé sur le bois, sans préparation.
- Sol : vert posé sur le bois, sans préparation.
- Carnations : rose.
4.Polychromie postérieure actuellement visible (fin du 19e siècle) :
Préparation blanche.
- Robe de la Vierge : bleu mauve, parsemé de motifs dorés ; création d’une encolure ronde au ras du cou (après suppression de l’encolure en pointe, d’origine, de la chemise) ; bordures dorées soulignées de filets rouges et de motifs blancs imitant des perles.
- Manteau de la Vierge : bleu, parsemé de fleurs de lys (or en poudre) et de petits traits (or en poudre ou bronzine sur les zones peu visibles) ; clous à tête ronde insérés sur la bordure dorée (mixtion, or) du manteau pour évoquer une bordure enrichie de perles et de cabochons.
- Revers du manteau de la Vierge : vert, bordure avec décors bruns.
- Cheveux de la Vierge et de l’Enfant : brun.
- Linge de pudeur : blanc, parsemé d’étoiles dorées ; bord du linge: bol orangé, or.
- Oiseau : mixtion, argent ; glacis vert et bleu, lignes noires.
- Banc : gris vert, gris mauve.
- Chaussure : bleu clair ; décor gris rosé.
- Sol : brun.
- Carnations : rose, rose soutenu sur les joues et les lèvres ; yeux bleus, paupières soulignées de brun et de rose ; sourcils bruns.
La Vierge, assise sur un banc, et l’Enfant Jésus, debout sur ses genoux, ne forment pas une sculpture mariale autonome. Tournés vers un personnage situé à leur gauche, la Vierge et son enfant font partie d’un ensemble, une représentation de sainte Anne dite trinitaire (en allemand Anna Selbdritt). Cette formule iconographique, fréquente à la fin du Moyen Âge en Allemagne, réunit trois personnes : Anne, sa fille la Vierge Marie, et son petit-fils Jésus.
Atelier dit des Guntersumer, de Jos Guntersumer (cité à Bâle de 1498 à 1517) et de son fils Dominicus Guntersumer (cité à Bâle à partir de 1500, mort à Porrentruy en 1526).
Suisse, Bâle (Basel), Rhin supérieur (Oberrhein)
Atelier dit des Guntersumer : de Jos Guntersumer (cité à Bâle de 1498 à 1517) et de son fils Dominicus Guntersumer (cité à Bâle à partir de 1500, mort à Porrentruy en 1526).
Suisse, Bâle (Basel), Rhin supérieur (Oberrhein)
Origine inconnue. Collection de Théophile Klem (Colmar, 1849-1923), œuvre probablement acquise en Alsace. Propriété de Marie Klem, fille de Théophile, puis de la famille Nitsch à Mulhouse (seconde moitié du 20e siècle). Acquisition en 2013 auprès de Mme Nitsch, réalisée avec le soutien du Fonds régional d'acquisition pour les musées (État, Conseil régional d'Alsace) et le mécénat de particuliers.
La Vierge du musée Unterlinden et la Sainte Anne conservée au musée Théodore Deck et des pays du Florival à Guebwiller étaient à l’origine assises côte à côte et formaient une représentation de sainte Anne dite trinitaire (en allemand Anna Selbdritt).
La Vierge et l’Enfant du musée Unterlinden était à l’origine associée à la Sainte Anne conservée au musée Théodore Deck et des pays du Florival à Guebwiller (D.983.1.7). Les deux sculptures étaient disposées côte à côte dans la caisse d’un retable, qui offrait l’image d’une sainte Anne trinitaire. Ce retable serait peut-être originaire de Guebwiller ou de sa région.
Bâle, vers 1500, attribué à l’atelier de Jos et Dominicus Guntersumer ; élément d’une sainte Anne trinitaire, associé à l’origine à une Sainte Anne conservée au musée de Guebwiller.
p. 76-77 (idem).