Bas-relief appliqué à l’origine sur la face interne du volet dextre d'un retable.
- Montage sur une plaque métallique, 1981.
- Intervention de conservation, Aubert Gérard, 1988.
- Restauration et montage sur un support en bois, Aubert Gérard et Cécile Morel, 2011.
- Observation, Pantxika Béguerie-De Paepe, Sophie Guillot de Suduiraut, 2022.
Relief composé de planches de bois (probablement tilleul) collées à plat joint.
- Parties ajourées d’origine : dans le mur latéral à senestre, la porte et deux petites baies rectangulaires (ces dernières obturées par une pièce de bois incrustée au revers : d’origine ?) ; dans le mur du fond une baie trilobée et dans le mur latéral à dextre, une baie en plein-cintre.
- Traces de fixation du relief sur le volet du retable : quatre trous de clous forgés près du bord, aux angles.
- Forte attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive), bois très endommagé et fragilisé.
- Principaux manques : une partie du mur du fond entre l’ange et la Vierge ; une partie du bord du relief en haut à senestre ; nombreux éclats sur les personnages et les éléments du décor de la scène.
- Interventions postérieures : restitution (19e siècle) des mains et de l’avant-bras gauche de l’ange, de la branche de lis et d’une partie voisine du mur du fond ; restauration de 2011 : dépose du montage réalisé en 1981 (relief fixé sur une plaque de métal) ; recollage d’éléments disjoints, pose de taquets collés au revers pour consolider le bois, comblements de trous de vis près du bord du relief, montage et présentation sur un panneau de bois résineux avec cadre.
Polychromie postérieure (17e siècle ?) actuellement visible :
- Architecture, mobilier, vêtements, ailes : gris clair.
- Bords des plumes, des vêtements, du dais et des courtines rehaussés de lignes rouges et d’or.
- Cheveux : brun.
- Carnations : rose.
L’évangile de Luc (1, 26-38) situe l’Annonciation dans la maison de la Vierge à Nazareth, dont l’intérieur est ici évoqué par une grande salle au plafond à caissons. Les personnages et le mobilier sont inspirés de la gravure de Dürer de la suite de la Vie de la Vierge. Dans les représentations de la fin du Moyen Âge, la scène prend souvent pour cadre la chambre de Marie indiquée par l’image d’un lit. Le dais pourvu de courtines suggère ici la présence d’un lit derrière la Vierge. Dans la gravure de Dürer, le lit se discerne mieux à cet emplacement. Les ailes déployées de l’ange, ses boucles hérissées et les plis flottants de son aube traduisent l’irruption du messager céleste qui arrive en volant, fléchissant légèrement les genoux pour saluer la Vierge. Comme les mains et la branche de lis appartiennent à une partie restituée du relief, il est difficile d’assurer que les gestes d’origine de l’ange évoquaient également ceux de son modèle gravé. La Vierge, qui ne montre pas le trouble évoqué dans le texte évangélique (Luc, 1, 29), incline la tête et joint les mains en signe d’acceptation du message divin (Luc, 1, 28). Elle se tient derrière un pupitre qui supporte un livre ouvert : d’après l’enseignement des Pères de l’Eglise, Marie méditait sur la prophétie d’Isaïe qui prédit la venue du Messie (11,1), lorsque l’ange Gabriel lui annonça qu’elle enfanterait un fils. Les représentations de Dieu le Père et de la colombe, symbole de l’Esprit Saint qui descend sur la Vierge (Luc, 1, 35), sont ici absentes ou ont disparu.
Rhin supérieur (Oberrhein), Suisse, Bâle (Basel)
L’Annonciation d’Albrecht Dürer, vers 1503, gravure sur bois (Bartsch 83) de la Suite de la Vie de la Vierge éditée en 1511.
Sculpture appartenant à un ensemble de quatre reliefs provenant du même retable marial, à l’origine peut-être dans la collégiale Saint-Thiébaud de Thann (Haut-Rhin). Reliefs présents dans la chapelle de la Vierge élevée au 17e siècle (construction ajoutée à la collégiale de Thann de 1629 à 1631). Vers le milieu du 18e siècle, les reliefs seraient devenus la propriété des chanoinesses de Masevaux qui en auraient fait ensuite don à l'église paroissiale de Roderen (Haut-Rhin), près de Thann. Reliefs mentionnés dans l’église de Roderen en 1857. Offerts à Mme Kestner, originaire de Thann, en remerciement de son aide financière pour la reconstruction de l’église réalisée de 1858 à 1861. Don de Mme Kestner, 1868 (don de trois reliefs, le quatrième a disparu).
Les trois reliefs (SB. 21, SB. 22, SB. 23) proviennent d’un même retablemarial de grandes dimensions. Ils étaient appliqués sur les faces internes des volets du retable, dont la caisse pouvait abriter une statue de la Vierge à l’Enfant en position centrale, entourée de deux figures de saints ou de saintes. La quatrième scène de la vie de la Vierge, la Visitation, a disparu au 19e siècle (en 1889, était propriété de Ringeisen, architecte de Sélestat). Il est possible d’imaginer les reliefs superposés deux à deux sur chaque volet, l’Annonciation etla Visitationsur le volet dextre, la Nativité et l’Adoration des Mages sur le volet senestre, la caisse du retable mesurant environ 2 x 2 m.
« L’église […] sera bientôt démolie et reconstruite dans le village même. Ce vieil édifice […] possède quatre bas-reliefs en bois, du 16e siècle, que nous signalons à l’admiration des connaisseurs. Ces tableaux, qui représentent l’annonciation, la visitation, la nativité et l’adoration des mages, ont été donnés à l’église de Roderen par les chanoinesses de Masevaux. Ils décoraient parfaitement la chapelle de la Vierge que noble Dame Madeleine de Ruest […] a fait ajouter à notre cathédrale […] ».
« […] Monsieur le Président […] a rendu le conseil attentif à l’emploi ou à la vente de certains objets provenant de l’ancienne Église et qui ne peuvent plus servir dans la nouvelle. En examinant ces objets, on a trouvé [...] et des débris de 4 tableaux ; considérant que ces 4 vieux tableaux représentant en bas-relief les principaux mystères de la Ste Vierge ne peuvent plus être conservés à cause de leur fragilité et qu’ils vont tomber en poussière (deux d’ailleurs sont déjà en morceaux) le conseil est d’avis de céder les débris des deux premiers à Mr Pulfer, peintre à Thann, à charge par lui de peindre et réparer les fonts baptismaux, et les deux autres tableaux à Mr Klemm sculpteur à Colmar, à charge pour lui de faire les peintures au maître-autel dans les niches de la table [...] ».
p. 349 (Deux reliefs d’après A. Dürer, La Nativité, L’Adoration des Mages, provenant du grenier de l’église de Roderen près de Thann ; L’Annonciation, don de M. Klemm, même provenance).
œuvre d'inspiration