Bas-relief appliqué sur la face interne du volet senestre d'un retable.
- Étude et restauration, élèves de l'Institut National du Patrimoine sous la direction de Juliette Levy-Hinstin, 2009-2013.
- Identification du bois, Élisabeth Ravaud, Centre de recherche et de restauration des musées de France, 2009.
- Analyses de la polychromie, Nathalie Pingaud, Centre de recherche et de restauration des musées de France, 2010.
Relief composé de deux planches de tilleul, avec éléments secondaires assemblés.
- Planches assemblées verticalement et collées à plat-joint : planche dextre (L. 0, 165 cm ; saint Thomas) et planche senestre (L. 0,27 cm ; bourreau, roi et grand-prêtre) ; joint renforcé par des fibres végétales encollées.
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sous la base, à trois emplacements différents, petites entailles rectilignes groupées par trois (L. totale de chaque groupe : 1,8 cm) ; cavité sur la tête du bourreau (D. : 0,5 cm). - Revers : traces d’outils (gouge méplate, riflard ?) ; morceaux de toile encollée pour renforcer le bois trop aminci lors de la taille, notamment sous le genou droit du bourreau.
- Éléments assemblés dès l’origine : mains du saint (disparues) ; petites boules en bois fixées par une tige de fer sur les bords de la manche du pourpoint du bourreau, au niveau du coude (une boule conservée et sept cavités) et sur le chapeau du grand-prêtre (cinq cavités).
- Traces de sciage sous la base ; rainure creusée sur le bord senestre du relief.
- Traces de fixation sur le volet du retable : deux percements de part et d’autre du cou du grand prêtre (D. : 0,5 cm) ; trois traces de clous sous la base ; sur le chapeau du roi, clou forgé (D. de la tête 1,5 cm, pointe sortant au revers) ayant peut-être servi pour la fixation du relief.
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Manques : mains du saint et bord de la manche gauche ; douze boules de bois ; éclats sur le bord dextre du relief, en partie basse et sous la base aux endroits où les trois clous étaient insérés ; à dextre, des éléments devaient compléter la scène (idole, bas de la robe du saint et sol).
Restes de la polychromie d’origine recouverts anciennement par une seconde polychromie (16e-17e siècle), appliquée sans préparation intermédiaire et reprenant, dans l’ensemble, les couleurs de la précédente.
1. Polychromie d’origine :
Localement, toile encollée sur le bois. Préparation blanche épaisse (carbonate de calcium avec foraminifères et colle protéinique).
- Manteau de saint Thomas : bol rouge, or (or peu brillant : faible brunissage ou application de colle protéinique en surface) ; coulures de sang (glacis rouge).
-Revers du manteau : vert-jaune clair (jaune de plomb-étain, vert au cuivre et blanc de plomb), glacis vert (vert au cuivre).
- Robe du saint : bol ocre-rouge (carbonate de calcium, ocre rouge), feuilles d’argent très altérées.
- Vêtements du grand prêtre : bol (carbonate de calcium, ocre rouge), argent, glacis colorés ; robe : glacis vert (vert au cuivre) ; revers et bordure de la robe : glacis jaune ; chapeau : glacis rouge.
- Robe du roi : décors en relief moulés et appliqués, dits « brocarts appliqués » (stratigraphie : 1. matériau de remplissage jaune -ocre jaune et carbonate de calcium- ; 2. feuille d’étain ; 3. couche organique, probablement mixtion ; 4. or).
- Col de la robe et bords relevés du chapeau du roi : jaune pâle (jaune de plomb-étain et blanc de plomb) ; calotte du chapeau : rouge vif (vermillon, sulfate de calcium), glacis rouge.
- Pourpoint du bourreau : rouge vif (vermillon, blanc de plomb, sulfate de calcium).
- Chausses du bourreau : jaune clair (jaune de plomb-étain, alumino-silicates, carbonate de calcium, traces de cuivre) ; buste et cuisses du bourreau : rehauts de glacis rouge.
- Chapeau du bourreau : glacis rouge.
- Cheveux de saint Thomas et du grand prêtre : gris bleu.
- Cheveux du roi : ocre-jaune (ocre jaune, jaune de plomb-étain, blanc de plomb, carbonate de calcium, grains de vermillon, vert au cuivre).
- Carnations : rose (vermillon, ocre rouge, blanc de plomb, carbonate de calcium) avec accents rouges.
2. Seconde polychromie :
- Manteau de saint Thomas : reprises partielles de la dorure.
- Revers du manteau : vert (blanc de plomb, vert au cuivre, jaune d’étain-plomb, carbonate de calcium).
- Vêtements du grand prêtre : robe verte (blanc de plomb, vert au cuivre -malachite probable- et grains d’ocre), revers et bordure de la robe rouge orangé (ocre rouge, vermillon, blanc de plomb, carbonate de calcium) ; chapeau noir (lacunaire).
- Robe du roi : orangé (ocre, blanc de plomb, carbonate de calcium, grains de vermillon).
- Col de la robe et bords relevés du chapeau du roi : polychromie imitant une fourrure d’hermine, composée d’une couche blanche (blanc de plomb) avec motifs noirs (noir d’os) ; calotte du chapeau : rouge (vermillon, carbonate de calcium, ocre, traces de feuilles d’étain).
- Chausses jaunes du bourreau : ocre-jaune ; buste et cuisses : rehauts de rouge (ocre et blanc de plomb).
- Chapeau du bourreau : noir.
- Cheveux de saint Thomas et du grand prêtre : brun noir.
- Cheveux du roi : brun orangé (vermillon, ocre rouge, blanc de plomb, quartz).
- Carnations : rose (vermillon, ocre rouge, blanc de plomb, carbonate de calcium) ; chairs du bourreau rose soutenu, chairs plus pâles des autres personnages avec pommettes et lèvres rouges, yeux bruns cernés de rose vif et de brun.
La Légende dorée de Jacques de Voragine a popularisé le récit de la mission en Inde et du martyre de saint Thomas, l’apôtre incrédule de l’Évangile qui doit toucher les plaies du Christ pour croire à la Résurrection (Jean 20, 24-29). Forcé par le roi de l’Inde Gundoforus à sacrifier au dieu soleil, Thomas s’agenouille devant l’image qui aussitôt fond comme de la cire, provoquant la colère des prêtres païens. Il meurt du coup d’épée donné par le grand-prêtre, ou transpercé de lances d’après Isidore de Séville rapporté aussi par la Légende dorée. Le relief illustre la scène selon l’une des formules traditionnelles de l’iconographie médiévale qui représente le saint à genoux, le dos transpercé par une lance que tient un bourreau, en présence du roi et du grand-prêtre. Une partie rapportée côté dextre du relief, aujourd’hui disparue, devait compléter la scène avec l’image de la chute de l’idole sur une colonne brisée, évoquant la liquéfaction de la statue du dieu.
Allemagne, Souabe méridionale (Südschwaben)
Origine inconnue. Collection Mme Chevalier, Beauvais (?). Don Chevalier, 1939.
p. 347-350, n° 46 (Sud de la Souabe, vers 1510-1520).