Portraits de Claudine d’Agay et de son fils Philibert Froissard
Les armoiries parties des familles Froissard et d’Agay, combinées à l’inscription apocryphe en haut à droite, permettent de confirmer a priori les identités des deux personnages comme Claudine, ou Claude, d’Agay et son fils Philibert de Froissard. Les armes d’azur, au cerf passant d’or correspondent bien à la famille Froissard, mais la famille d’Agay porte habituellement d’or, au lion de gueules, au chef d’azur, et non pas coupé d’or et d’argent au lion de gueules brochant sur le tout. Il s’agit peut-être d’une adaptation des armes originelles par une branche secondaire. Fille de Jean d’Agay et de Charlotte de Cize, Claudine d’Agay était l’épouse depuis 1568 de Simon Froissard (†1611), issu de l’ancienne noblesse bourguignonne. Simon Froissard, docteur en droit, fut premier président de la Chambre des Comptes de Dole en 1590 (F.-A. Aubert de la Chenaye Desbois, Dictionnaire de la noblesse, Paris, 1773, 6, p. 691-692). Il était également procureur au bailliage de Poligny. D’après le terminus postquem donné par leur mariage, l’âge encore jeune du petit Philibert, ainsi que leurs costumes aux collerettes typiques de la fin du XVIe siècle, nous pouvons dater ce double portrait autour de 1580. Il est rare de trouver des portraits d’une mère et de son enfant au sein du même panneau. Un exemple légèrement plus précoce peut-être dû à Nicolas de Hoey, daté de 1564 et conservé au musée des Beaux-Arts de Dole, montre un schéma de composition à peu près similaire, avec une femme tenant la main de son fils âgé d'environ 10 ans (inv. M.J. 87.456).
Le peintre se situe stylistiquement à la frontière entre la Bourgogne et la Franche-Comté. Il évoque la production bourguignonne du dernier quart du XVIe siècle, comme le portrait collectif de la famille Godran (Beaune, Hospices) ou les portraits des époux Mothion (Mâcon, musée des Ursulines, inv. 6363 et 6464). Les figures sont un peu raides dans leurs postures, mais l’artiste s’applique à rendre avec minutie les vêtements et les visages, dans une adaptation francisée du modèle flamand en vogue, notamment celui de la dynastie des Pourbus.
Claudine d’Agay / mariée en / 1568 à S. de Froissard / P. President de la Chbre des Cptes / de Dole en 1590 / Philibert Froissard / Ecuyer † 1636 / …
château de Bersaillin (Jura) ; Bourg en Bresse, 17 mai 1992, n° 11 ; Dijon, Hôtel des ventes, 9 février 1995 ; localisation inconnue