Saint Égide et saint Benoît
Buste double représentant deux évêques (saint Égide à dextre et saint Benoît à senestre), qui provient de la caisse du retable du maître autel de l’église Saint-Pierre-le-Vieux à Strasbourg, retable commandé en 1500 au sculpteur Veit Wagner.
- Identification du bois, Elisabeth Krebs, 2003.
- Constat d’état, Sarah Champion, 2003.
- Observation, Juliette Levy-Hinstin, Sophie Guillot de Suduiraut, 2019.
Sculpture constituée de deux pièces principales de bois assemblées verticalement, et d’éléments secondaires. La pièce dextre (tilleul, L. 35 cm) constitue le buste de saint Égide et la moitié du buste de saint Benoît. La pièce senestre (tilleul ? L. 12 cm) constitue l’autre partie de saint Benoît (cette pièce a été publiée en 1970 comme étant en cerisier, sans mention d’une analyse scientifique du bois).
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sous la base, deux entailles (chacune L. 2 cm environ) distantes de 2 cm, et deux cavités ovales (chacune 1 x 0,3 cm environ) distantes de 2,8 cm.
- Éléments secondaires assemblés à l’origine : pièce de bois (manquante) collée à dextre du buste de saint Égide ; crosse (manquante) de saint Égide et haut de la crosse de saint Benoît (manquant, assemblé dans une cavité cylindrique) ; bagues (manquantes ou partiellement conservées) assemblées dans de petites cavités rectangulaires sur les mains gantés des deux évêques : trois bagues sur trois doigts de la main droite de saint Égide (index, annulaire et auriculaire) et deux sur deux doigts de sa main gauche (majeur et annulaire) ; deux bagues sur la main droite de saint Benoît (sur le pouce et l’annulaire) et une sur l’annulaire de sa main gauche.
- Détails sculptés en surface du bois : sourcils, galons torsadés, damiers, stries, perles et cabochons, sur les vêtements, les mitres et les gants.
- Inscription (postérieure ?) au revers du buste de saint Égide : « I W ».
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Manques : pièce à dextre du buste de saint Égide et pièce au bord inférieur près de la main droite de cet évêque ; parties manquantes sur les bords et les pointes des mitres ; plusieurs perles arasées sur la mitre de saint Benoît et sur les gants des deux évêques ; crosse de saint Égide et haut de la crosse de saint Benoît ; une partie de la narine droite de saint Benoît en bordure du joint d’assemblage ; extrémité de l’index et trois bagues sur l’index, l’annulaire et l’auriculaire de la main droite de saint Égide, et une bague sur l’annulaire de sa main gauche (bague conservée sur le majeur) ; index, majeur, annulaire de la main droite de saint Benoît, deux bagues sur le pouce et l’annulaire de cette main, et une bague sur l’annulaire de la main gauche de ce même saint ; nombreux éclats et usures sur les cheveux, les lèvres, les bords et les saillies des plis et des éléments décoratifs sur les mitres et les vêtements.
- Interventions postérieures : pointe arrière de la mitre de saint Benoît recollée ; pièce recollée et fixée par un clou forgé sous la base à senestre ; au revers, trois cavités pour des vis (20e siècle), traces de fixation de l’œuvre au musée.
Sculpture à l’origine partiellement polychromée. Postérieurement application d’un vernis brun.
1.Polychromie partielle :
Couches colorées appliquées directement sur le bois.
- Cabochons sur la mitre et le gant de saint Benoît : rouge.
- Lèvres des deux évêques et intérieur de la bouche de saint Benoît : rouge.
- Yeux : sclérotique blanche ; iris, cerné d’une ligne noire, laissé en réserve et gardant la couleur du bois ; pupille noire.
- Inscriptions sur les mitres : noir.
2.Couche postérieure : vernis brun encrassé et brillant qui recouvre les parties usées ou endommagées de la sculpture.
s agidanus
saint Égide
s benedictus
saint Benoît
I W
Les inscriptions peintes sur le bord des mitres identifient les deux évêques, à dextre « s. agidanus », saint Égide (ou Gilles), à senestre « s. benedictus », saint Benoît. Ce dernier ne représente pas ici le fondateur de l’ordre bénédictin : Égide et Benoît sont deux saints vénérés localement qui furent évêques de Strasbourg et abbés de l’ancienne abbaye de Honau (Bas-Rhin), déplacée d’abord à Rhinau puis à Saint-Pierre-le-Vieux à Strasbourg en 1398. En effet, le buste double de Saint Égide et saint Benoît provient de la caisse du retable du maître-autel de cette église, commandé en 1500 au sculpteur Veit Wagner (Eva Zimmermann, 1970, 1987). Une description de ce retable au 18e siècle mentionne les deux évêques parmi d’autres saints et saintes (Jean Le Laboureur, 1720-1730). Ils apparaissent ici portant des vêtements et attributs épiscopaux, traditionnels mais particulièrement riches, mitres et gants ornés de joyaux, nombreuses bagues, crosses, aube avec amict, dalmatique et chape pour saint Égide, chasuble pour saint Benoît.
Le retable devait être exécuté en un an et demi, selon les termes du contrat établi le jour de la saint Laurent, en août 1500.
Rhin supérieur (Oberrhein), Strasbourg
Provenant de la caisse du retable du maître-autel de l’église Saint-Pierre-le-Vieux à Strasbourg, commandé en 1500 au sculpteur Veit Wagner, déposé et démonté en 1749. Don d’un groupe d’amateurs de Mulhouse, 1889 (provenance indiquée : Saint-Amarin, Haut-Rhin).
fol. 233-235 (« In medio altari repræsentatur Assumptio et Coronatio Beatæ Mariæ Virginis […] ; adest […] sanctus Agidanus, sanctus Tubanus et sanctus Benedictus, episcopi olim Honaugienses […]. » : d’après ce manuscrit décrivant le retable de l’église Saint-Pierre-le-Vieux, publié par Pfleger en 1928, les saints Égide et Benoît sont représentés dans la caisse parmi d’autres saints et saintes).
vol. 1, année 1889, n°719 (« Deux bustes d’évêques accolés, sculptés en bois, demi-grandeur naturelle, représentant saint Egide et saint Benoit, et provenant de St. Amarin. Don d’un groupe d’amateurs de la ville. »).
p. 20, n°155 (idem).