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[1845, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]Rapport imprimé sur les envois de peintur [...]

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Dernière modification
15/03/2022 09:30 (il y a presque 3 ans)
Type de document
Description
[1845, peinture, rapport Institut séance publique annuelle]
Rapport imprimé sur les envois de peinture de 1845
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Raoul-Rochette, Désiré
PAGE DE TITRE : Institut Royal de France // Académie Royale des Beaux-Arts // Rapport sur les ouvrages envoyés de Rome par les pensionnaires de l'Académie Royale de France pour l'année 1844, par M. Raoul-Rochette, Secrétaire perpétuel.
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1845
Descriptions
Transcription : 
[p. 23] C'est toujours avec regret que l'Académie se voit dans l'obligation d'attacher quelques correctifs aux éloges qu'elle voudrait pouvoir accorder sans restriction aux travaux de nos pensionnaires de Rome ; mais l'intérêt même de leur avenir exige qu'elle ne leur épargne aucun des conseils qui peuvent les prémunir contre les effets d'une négligence funeste, ou contre les écarts d'un goût mal dirigé. [p. 24] M. Hébert / L'ensemble de l'envoi de la peinture n'est pas aussi satisfaisant qu'on aurait pu l'espérer. Il s'y trouve une lacune fâcheuse, celle du tableau qui doit être le couronnement des travaux du peintre pensionnaire ; mais on ne peut en faire un sujet de reproche à M. Hébert, puisque l'accident cruel dont il a été victime à Florence, a seul empêché cet artiste plein de zèle de satisfaire à cette partie de ses obligations. Il a pu du moins terminer sa copie, qui est le travail de quatrième année, et qui représente la Sibylle de Delphes, d'après la fresque de Michel-Ange à la chapelle Sixtine. L’Académie ne peut que témoigner sa satisfaction pour cet ouvrage de M. Hébert ; et le meilleur éloge qu’on puisse faire de cette copie, c’est qu’elle est bien dans le caractère de l’original. / M. Hébert a joint à cet ouvrage le dessin d’une composition qui représente Orphée aux enfers. Ce dessin, qui est généralement dans un sentiment fin, a fait plaisir à l’Académie, qui a seulement regretté que la figure d’Orphée n’y fût pas conçue d’une manière qui réponde à l’importance du personnage. [p. 25] M. Brisset / M. Brisset qui devait une copie, a choisi pour sujet de son travail un fragment de la bataille de Constantin de la salle de ce nom au Vatican ; et il l’a exécuté au crayon de plusieurs couleurs, et à l'estompe. Sauf ce que nous aurions à dire de ce procédé, que nous ne pouvons approuver pour une copie qui appartient au Gouvernement, nous n’avons que des éloges à donner au travail de M. Brisset. Cette copie est exécutée avec beaucoup de soin et de talent, bien qu'il soit permis de dire que le caractère du dessin, propre à la fresque originale, y parait affaibli. / L'esquisse du même artiste, Oreste poursuivi par les furies est loin d'avoir satisfait au même degré l'Académie. La composition n’en est pas heureuse, et l’exécution ne rachète pas ce défaut. // M. Lebouy / M. Lebouy devait une figure peinte d'après nature et il a cru remplir ce voeu du règlement, en envoyant un tableau de sa composition qui représente la Persécution des Chrétiens sous Dioclétien et qui renferme un grand nombre de figures, de proportion naturelle. C'est là une erreur malheureuse, contre le retour de laquelle l'Académie ne saurait trop mettre en garde nos jeunes artistes, qui croiraient qu'un excès de zèle mal entendu justifie l'affranchissement des devoirs. Cette observation s'applique d'autant plus à M. Lebouy que son tableau est d'une grande faiblesse, et qu'il prouve combien il eut été mieux dans l'intérêt de l'auteur, [p. 26] d'exercer aux études sérieuses qui lui étaient demandées un talet, qui a donné de si heureuses espérances. // M. Biennourry [sic] / M. Biennourry [sic] qui avait à remplir la même obligation, s’en est acquitté d’une manière plus conforme aux vues de l’Académie, en déployant un talent qu’elle se plaît à encourager. Sa figure d'étude qu’il a intitulée une Nymphe antique ne représente sans doute pas ce sujet, tel qu’on peut le concevoir d’après les données antiques. Mais, à cette observation, on trouve à louer, dans l’étude de M. Biennourry [sic], de la puissance de ton, jointe à beaucoup d'harmonie, et généralement des qualités d’exécution qui signalent un progrès remarquable. / Dans son tableau dont le sujet était pareillement grec, l'artiste a cherché davantage à se tenir dans les données grecques, et il en a approché assez, pour mériter des éloges. Mais, on regrette d'avoir à dire que ce tableau manque de la grandeur et de la simplicité antique, surtout dans la figure de femme ; et l’on ne peut que blâmer aussi la proportion fausse des figures. // M. Damery / Si l'Académie se voit toujours avec peine dans la nécessité d’atténuer par des critiques les éloges qu’il lui est si doux d’adresser à nos jeunes artistes, on peut juger de la satisfaction qu’a dû lui causer un ouvrage qui donne pour la destinée d'un artiste, les plus légitimes espérances. C'est le sentiment que lui [p. 27] a fait éprouver la figure d'étude de M. Damery. Cette figure qui est le premier fruit des travaux à Rome de ce pensionnaire, atteste une excellente direction dans les études. On y voit un artiste qui cherche la vérité, sans la séparer de la noblesse, on y trouve à la fois de l'étude et de l'art, avec une qualité que l’Académie ne saurait trop encourager ; c’est une grande naïveté de talent, jointe à beaucoup de conscience et de soin. // M. Lanoue [sic] / Le paysage de M. Lanoue [sic] qui représente la Villa Hadrienne, à Tivoli, signale un progrès sur ses études précédentes ; mais nous ne pouvons nous empêcher de le dire : l’auteur a beaucoup à faire encore pour se corriger des défauts que nous y avons relevés. / L’éloge que nous donnions tout à l’heure à la Figure d’étude de M. Damery, nous conduit à une observation qui s’applique à l’ensemble des travaux de la peinture. Généralement, la tendance de ces travaux, telle qu'elle résulte de l'envoi de cette année, est satisfaisante, en ce qu'elle montre chez les artistes une disposition à s'affranchir des idées systématiques et à travailler du mieux qu'ils peuvent, dans une manière qui leur est propre. A côté des défauts qu'on a signalés, cette tendance mérite des éloges, et elle donne des espérances, car ce qui perds les arts, aussi bien que les lettres, c’est ce défaut de conviction en soi, qui fait qu’on abandonne l’instinct de son propre talent, pour suivre une manière d’emprunt. // [...] [p. 38] En terminant ce compte-rendu des ouvrages de nos pensionnaires [p. 39], l'Académie ne peut que se féliciter de l'esprit qui règne dans ce bel établissement. La direction générale des études est bonne ; les grands modèles de l'art sont honorés, non comme un type qu'il faille servilement reproduire, mais comme un exemple à suivre, dans la manière de choisir le beau et de le rendre. Les talents divers marchent à côté l'un de l'autre dans une heureuse indépendance de toute idée de système, en même temps qu'avec une louable émulation. Mais tout en rendant justice aux efforts de nos pensionnaires, nous ne devons pas nous lasser de leur redire, à eux, comme aux jeunes talents que nous allons couronner, une vérité qu'ils ne sauraient trop méditer : c'est que l’École de Rome est un sanctuaire ouvert aux études sérieuses, où ne doit jamais pénétrer l'idée des succès faciles, encore moins celle des travaux productifs, et qu'un avenir de gloire et de fortune n'y est préparé que pour ceux qui se fondent sur un zèle soutenu, sur une application sévère et sur un dévouement entier à l'art.
Localisations
Cote / numéro : 
Paris, Bibliothèque de l'Institut, 4°AA 34 (usuel), années 1844-1845, tome 15, p. 24-39 (1845)
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1845, peinture£ Notice créée le 15/07/2002. Notice modifiée le : 04/07/2018. Rédacteur : Anne-Blanche Stévenin.
Rédacteur
Anne-Blanche Stévenin