Sculpture provenant de la caisse d'un retable.
- Restauration, Anne Gérard-Bendelé, 2020-2021.
- Observation, Juliette Levy-Hinstin,Sophie Guillot de Suduiraut, Laurence Brosse, 2022.
Sculpture taillée dans une pièce principale de bois (tilleul ?) avec éléments assemblés.
- Trace de fixation dans l’étau de l’établi : sur le dessus de la tête, cavité comblée par une pièce de bois (diamètre : 2,2 cm environ) ; sous la base, deux cavités de section rectangulaire (1,5 cm x 0,5/0,8 cm environ) distantes de 4 cm, et deux entailles parallèles (L. 1 cm) distantes de 4 cm.
- Revers évidé à l’herminette et à la gouge.
- Éléments assemblés : main droite de la Vierge ; sceptre (remploi) ; bras et main gauches (restitués) de l’Enfant ; globe terrestre (restitué) ; couronne (disparue) ; une pièce de forme triangulaire, d’origine, sur la partie avant de la base, à senestre.
- Traces de fixation d’une couronne rapportée sur la tête de la Vierge : une cavité centrale (diamètre : 1 cm ; P. 2,3 cm environ) sur la calotte crânienne lisse et des traces de clous au-dessus du front.
- Attaque d’insecte xylophage (actuellement inactive).
- Manques : couronne ; auriculaire droit de la Vierge ; éclats sur les bords du manteau et sur le croissant de lune.
- Interventions postérieures : restitutions (globe terrestre, bras et main gauches de l’Enfant ; sceptre (remploi) ; au revers dans le haut, anneau métallique de fixation et retaille sur les bords de l’évidement ; au revers dans le bas à dextre, gros clou forgé.
Restes mélangés de la polychromie d’origine et de polychromies postérieures.
1. Polychromie d’origine (en partie visible sur les carnations de la Vierge) :
Préparation blanche.
- Manteau : bol ocre-rouge, or.
- Robe : bol ocre-rouge, or (vraisemblablement avec décors).
- Cheveux et sourcils : brun.
- Carnations de la Vierge (polychromie d’origine en partie visible) : rose pâle, lèvres et joues rose soutenu ; yeux bruns, paupières inférieures soulignées de rouge.
2. Polychromie postérieure locale (appliquée sur les carnations de la Vierge et de l’Enfant) :
- Carnations : encollage, sous-couche grise, couche rose brunâtre ; lèvres et joues rouges, yeux et sourcils bruns, paupières soulignées de brun.
3. Polychromie postérieure (après restitution du bras gauche de l’Enfant) :
Couche blanc grisé.
- Manteau : bleu soutenu.
- Revers du manteau : bleu.
- Robe : sous-couche rose, rouge vif.
- Sceptre, globe terrestre, croissant de lune, bordures du manteau et de la robe, ceinture : mixtion, or ; localement bronzine postérieure, notamment sur le croissant de lune et la bordure du manteau (avec motifs rouges).
- Sol : vert sombre.
- Cheveux : brun-noir.
- Carnations : sous-couche blanche, rose, lèvres et joues rose soutenu ; sourcils bruns, yeux bleu-noir.
La Vierge debout sur un croissant de lune est un nouveau type iconographique apparu au 14e siècle et largement diffusé dans le monde germanique et les anciens Pays-Bas à la fin du 15e et au début du 16e siècle. Cette iconographie se fonde sur la vision décrite dans l’Apocalypse (12, 1) : « Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme, le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête ». La Vierge Marie est identifiée à la Femme de l’Apocalypse resplendissant de la lumière du Christ et triomphant du démon. L’image de la Vierge debout sur un croissant de lune exprime la croyance en l'Immaculée Conception selon laquelle Marie, dès l’instant de sa conception, est exemptée du péché originel. La Mère de Dieu se présente ainsi dans sa pureté intacte et sa toute-puissance céleste, en dehors des hommes et du temps. La lune à ses pieds, astre à l’éclat emprunté dont l’aspect varie sans cesse, est le symbole de la fausseté et des égarements du monde terrestre que domine la Vierge.
La lune est ici représentée sous la forme, usuelle au Moyen Âge, d’un croissant enserrant un visage humain qui peut évoquer Ève ou le démon : la Vierge est considérée comme la « nouvelle Ève » qui écrase la tête du serpent tentateur, selon la prédiction de la Genèse (3, 15). La Vierge était coiffée d’une couronne (disparue), parure habituelle de la reine du ciel, et tenait peut-être un sceptre (restitué). La réfection du bras droit et du globe terrestre sommé d’une croix, en référence au Salvator Mundi, le Sauveur du monde, laisse aussi un doute sur l’attribut primitif de l’Enfant Jésus.
Rhin supérieur (Oberrhein)
Proviendrait de l’ermitage du Rehbach (détruit, arrêt du 30 brumaire de l’an II : 30 novembre 1793) : selon une tradition orale locale, sculpture sauvée à la Révolution par une femme qui l’aurait dissimulée dans une botte de foin. Découverte fortuitement (à une date inconnue) dans une maison de Kaysersberg, où la sculpture était remisée dans un espace clos ménagé sous l’escalier derrière un mur ou une cloison. Don Société d’Histoire de Kaysersberg, 2018.
Oeuvre inédite