Saint Charles Borromée et les pestiférés de Milan

Le sujet exact de ce tableau fait encore l’objet de discussions. Les archives paroissiales le désignent comme un saint Merry (auquel l’église est consacrée) chassant les démons. Dans le Bulletin de la Commission des Arts et des Antiquités de Seine-et-Oise de 1916, il est question de « Saint Merry guérissant des malades d’une épidémie ». Déjà, les observateurs regrettent d’en ignorer la provenance. Le service de l’Inventaire général le qualifie de « Saint évêque protégeant les enfants des dangers de la débauche ». Il est aujourd’hui davantage interprété comme Saint Charles Borromée visitant les pestiférés de Milan, et c’est sous ce titre qu’il fut présenté dans l’exposition « Saints en Essonne » en 1996, organisée par la ville de Lisses.

Un des saints les plus populaires de la Contre-Réforme, saint Charles Borromée a abondamment été représenté en peinture, surtout à partir de sa mort en 1584, ce qui plaide pour une datation tardive du tableau. Il est alors généralement représenté en prière ou alors, comme ce serait peut-être le cas ici, en train de soigner les pestiférés de la grande peste qui sévit à Milan (dont il était alors archevêque), en 1575. Il porte la mitre d’archevêque, et surtout une somptueuse chape brodée d’un type que l’on peut retrouver dans d’autres tableaux ou portraits contemporains. Par ailleurs, le style, par ses couleurs franches et ses formes puissantes, rapproche le tableau des productions de la Seconde école de Fontainebleau, ce qui le situerait à la frontière entre le XVIe et le XVIIe siècle.