Scène d'intercession

Relief composé de neuf pièces de tilleul, assemblées verticalement et collées à plat joint ; petit élément (le Purgatoire) rapporté dans le haut de la deuxième pièce à senestre.

- Au revers : traces horizontales de riflard pour aplanir la surface, avec reprises à la gouge, fibres végétales encollées pour renforcer les joints ; sous la base, reprises à la gouge à senestre et à dextre.

- Traces de fixation du relief dans l'étau de l'établi : sous la base, sept entailles rectangulaires (environ 1 cm x 0,3 cm ; à dextre deux sont associées et espacées de 2 cm) ; quatre ou cinq petites cavités (environ 0,4 cm x 0,4 cm).

- Traces de fixation dans l'étau ou dans le retable (?) : sous la base, deux plus grosses cavités (environ 1,5 cm x 0,5 cm) ; au revers, dans le haut du relief : six cavités de forme irrégulière (de 1,5 à 2 cm x 1,5 cm environ), une à dextre, quatre à senestre de Dieu le Père, et une à l'arrière du cimetière.

- Détails finement sculptés dans le bois : décor de la porte du paradis (pilastre) et des trônes (pilastres gothiques, petits lions), sols herbeux ou rocheux, barbes et chevelures, vêtements, parures et coiffures (cols de fourrure, franges, crevés, chaînes, couronnes, bord du voile de la Vierge...) ; lettres sculptées en relief au bord du manteau de la Vierge ; motifs sculptés en creux au bord du manteau du Christ (rinceaux) et de Dieu le Père (petits cercles).

- Paumes des mains de Dieu le Père entaillées dès l'origine pour permettre le maintien d'attributs.

- Principaux manques : anneau de la clé de saint Pierre ; pouce, annulaire et auriculaire de la main gauche du Christ ; bras gauche de l'enfant nu au centre ; quatre doigts de la main droite du mendiant infirme ; extrémités des doigts (partiellement refaits) des mains de Dieu le Père ; doigts de la main gauche de la Vierge ; bras d'un ressuscité dans le cimetière, tête de la figure de la luxure, et sous le bouc, un animal dont sont conservées une griffe (sur le rocher) et une patte (sur le bouc); rochers sur la grotte du Purgatoire ; éclats au bord de nuages, de l'aile gauche de l'ange à dextre de Dieu le Père, de la couronne du démon dans l'Enfer.

- Brûlure d'une flamme de cierge sur les rochers à senestre de l'Enfer.

- Éléments refaits (19e ou 20e siècle) : corps du diacre au premier plan du groupe des élus (assemblé à la tête originale retaillée) ; quatre doigts de la main droite du Christ ; nez du pape ; majeur, annulaire et auriculaire de la main droite de Dieu le Père, premières phalanges de quatre doigts de sa main gauche, fleuron de sa couronne.

- Montage du 19e siècle (planche horizontale et fond vertical vissés) retiré et quatre cales en balsa collées sous la base en 1991 pour stabiliser la sculpture.

Restes de la polychromie d'origine et d'une polychromie du 19e siècle : lors d'une intervention du troisième quart du 20e siècle, la polychromie du 19e siècle a été supprimée sur certaines zones en endommageant la polychromie d'origine, principalement sur les dorures ; mais la polychromie du 19e siècle a été conservée à d'autres endroits, notamment sur les nuages, le sol et les murs du cimetière, certaines pièces de vêtements.

1. Polychromie d'origine :

Encollage (fine couche organique) sur le bois.

Préparation blanche (carbonate de calcium et colle protéinique) ; motifs gravés dans la préparation reprenant et complétant les rinceaux sculptés au bord du manteau du Christ ; préparation absente sur les cheveux de la Vierge et du Christ, et sur la barbe de Dieu le Père.

- Posées sur le bois encollé, des couches sous-jacentes à la couche de préparation blanche ont été observées : sur le sol à senestre du pape (1. carbonate de calcium, restes pigmentaires, 2. couche organique) et sur la robe de la Vierge (1. carbonate de calcium, terre riche en oxydes de fer, 2. couche organique).

- Porte du Paradis, trônes, manteaux et autres vêtements dorés des personnages, flammes de l'Enfer et du Purgatoire : bol rouge (terre riche en oxydes de fer) ; or (lacunaire) ; voile de la femme portant l'enfant nu au centre et voile d'une femme dans l'Enfer : décor de croisillons et rinceaux tracé par grattage dans l'or pour faire apparaître le bol rouge.

- Chevelures (anges, Vierge, quelques personnages), rochers de l'Enfer et du Purgatoire, démons, sol : sous-couche jaune, mixtion ocrée, or, glacis colorés (couches postérieures du 19e siècle supprimées au 20e siècle et dorure d’origine abrasée jusqu’à la mixtion ou la couche jaune).

- Sol vert, à senestre du pape (stratigraphie observée : 1. couche blanchâtre : carbonate de calcium, restes pigmentaires ; 2. encollage : couche organique ; 3. préparation blanche : carbonate de calcium ; 4. sous-couche jaune : terre riche en oxydes de fer ; 5. encollage : couche organique ; 6. mixtion : minium et/ou blanc de plomb, terre riche en oxydes de fer ; 7. or parti ; 8. glacis vert : vert au cuivre).

- Pilastre de la porte du Paradis, coussins des trônes, ailes des anges (partiellement), revers des manteaux de Dieu le Père et de la Vierge, plusieurs pièces de vêtements (évêque, cardinal, pape, pestiférés...) : bol (terre riche en oxydes de fer), argent, glacis rouge.

- Mitre de l'évêque : bol, argent, glacis vert.

- Carreaux (ceux avec couche jaune du 19e siècle) de la tunique du pestiféré étendu au sol : bol (terre riche en oxydes de fer), argent.

- Autres pièces de vêtements et coiffures, ailes des anges (partiellement), sol du cimetière : mixtion ocrée (minium et/ou blanc de plomb, terre riche en oxydes de fer), argent, glacis vert (vert au cuivre).

- Robe de la Vierge : bol rouge (terre riche en oxyde de fer), couche bleue (azurite, terre riche en oxyde de fer).

- Nuages bleu et or : fine couche jaune (terre riche en oxyde de fer), couche bleue (azurite, blanc de plomb, carbonate de calcium, terre riche en oxyde de fer, grains de dolomie) ; petites étoiles (en papier ?) collées sur le fond bleu (deux étoiles observées) ; crêtes des nuages : or.

- Revers du manteau du Christ et gland du coussin de son trône : sous-couche noire, couche bleue (azurite, carbonate de calcium, grains de dolomie) ; franges de la chape de saint Pierre : sous-couche noire, couche bleu clair (azurite, blanc de plomb, carbonate de calcium, terre riche en oxyde de fer).

- Plusieurs pièces de vêtements blanches, notamment le voile de la Vierge, ceux des quatre personnages féminins, la tunique du mendiant infirme, la chemise du pestiféré étendu au sol : blanc de plomb.

- Mur du cimetière et de l'ossuaire : blanc ocré, avec dans les trois niches, les représentations peintes en bleu et rouge de la Chute des anges rebelles, la Déisis et la Crucifixion ; toit de l'ossuaire : rouge vif.

- Couronne d'épines du Christ : vert.

- Barbes et chevelures du Christ, de Dieu le Père et d'autres personnages : brun ou gris.

- Carnations : rose (blanc de plomb et vermillon).

2. Polychromie du 19e siècle :

- Pilastre de la porte du Paradis, coussins des trônes, ailes des anges (partiellement), revers des manteaux de Dieu le Père et de la Vierge, plusieurs pièces de vêtements (évêque, cardinal, pape, pestiférés...) : rouge (vermillon, blanc de plomb).

- Mitre de l'évêque : deux couches vertes (vert au cuivre, blanc de plomb, liant huileux).

- Carreaux jaunes de la tunique du pestiféré étendu au sol : jaunâtre (blanc de plomb, jaune de plomb et d'étain) ; jaunâtre analogue sur les ailes de l'ange dextre et sur l'aube de l'ange senestre dans les nuages.

- Autres pièces de vêtements et coiffures, ailes des anges (partiellement), sol du cimetière : vert (rosasite, blanc de plomb, dolomie, carbonate de calcium).

- Robe de la Vierge : restes de bleu (bleu de Prusse, outremer ?).

- Nuages : verdâtre (azurite, quelques grains de sulfate de baryum) ; crêtes des nuages : jaunâtre (terre riche en oxyde de fer, pigments au chrome).

- Plusieurs pièces de vêtements blanches, notamment le voile de la Vierge, la tunique du mendiant infirme, la chemise du pestiféré étendu au sol : deux couches (la première : carbonate de calcium et blanc de plomb ; la seconde : blanc de plomb).

- Mur du cimetière et de l’ossuaire : gris ; toit de l'ossuaire : rouge orangé.

- Couronne d'épines du Christ : vert.

- Barbes et chevelures du Christ, de Dieu le Père et d'autres personnages : brun ou gris.

- Carnations : vestiges de la couche du 19e siècle (blanc de plomb), partiellement éliminés dans le troisième quart du 20e siècle et mêlés aux restes de la polychromie d’origine.

Ce relief offre une iconographie inhabituelle. Il représente une scène d'intercession réunissant plusieurs thèmes et personnages : le Christ et la Vierge intercédant auprès de Dieu en faveur de l’humanité et de pestiférés, le Paradis, le Purgatoire et l’Enfer, un donateur et une donatrice. Au centre et en haut de la composition, le buste de Dieu le Père, coiffé de la couronne impériale, émerge des nuées, entouré de deux anges. Au-dessous, plusieurs personnages sont touchés par la peste, mal qui frappe indistinctement tous les humains : jeune homme élégant, enfant, mendiant, riche bourgeois. De part et d'autre de ce groupe s'amassent les différents représentants des mondes ecclésiastique et laïque implorant la clémence divine, comme sur les images de la Vierge de miséricorde en Mater omnium. Dieu le Père brandissait vraisemblablement des flèches, symboles des fléaux du temps, en particulier de la peste. Le Christ, qui apparaît en Christ de douleur, et la Vierge, qui pose la main sur son cœur en signe de compassion, intercèdent en faveur des pestiférés. Parmi ces derniers, un homme et une femme agenouillés pourraient être les donateurs du retable. Le Jugement dernier est illustré sur les parties latérales du relief, avec à dextre le Paradis, et à senestre le Purgatoire, où les âmes subissent l’épreuve du feu, et l’Enfer. Le Christ et sa mère jouent ainsi un double rôle d’intercesseurs auprès de Dieu le Père, protecteurs contre la peste et secourables à l’heure de la mort et du Jugement.

Origine inconnue. Collection particulière du Piémont (?). Collection Théodore Fivel (1828-1894), Chambéry. Acquis par la Chambre de commerce et d'industrie de Lyon. Dépôt de la CCI de Lyon en 1896.

p. 258, n° 38 (devant d'autel, Allemagne, début du 16e siècle).

p. 433 (idem).

p. 30, n° 154 (Souabe, Augsbourg, début du 16e siècle).

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