Saint Jacques couronnant un pèlerin
Statue provenant de la caisse d'un retable : à l’origine, deux pèlerins étaient placés aux côtés du saint trônant, qui les couronnait.
- Étude et restauration, Anne Gérard-Bendelé, 1993.
- Analyses de la polychromie, Sylvie Colinart, Laboratoire de recherche des musées de France, 1993.
- Identification du bois, Elisabeth Krebs, 2007.
- Observation, Pantxika Béguerie-De Paepe, Sophie Guillot de Suduiraut, 2022.
Sculpture taillée dans une pièce principale de bois (bille de peuplier), avec éléments assemblés.
- Pièce de bois débitée dans un tronc qui se divise en deux grosses branches dont les cernes concentriques sont visibles sous la base de la sculpture ; bois présentant des fentes, des nœuds et des défauts, par endroits recouverts de fibres végétales encollées.
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sur la tête, cavité (diamètre 2,5 cm) comblée par une pièce de bois (hêtre ; en saillie : H. 1 cm environ) ; sous la base, deux cavités ovales (cavité dextre : 2,2 cm x 1,5 cm, P. 2,2 cm environ ; cavité senestre : 2 cm x 1 cm, P. 2 cm environ) distantes de 2,5 cm environ.
- Revers évidé à l’herminette et à la gouge.
- Deux anneaux métalliques au revers, à hauteur des épaules et dans le bas à senestre pour fixer la sculpture (lorsqu’elle était portée en procession ?).
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- À la suite de dommages subis par la sculpture (perte du pèlerin agenouillé à senestre et d’une partie de la base, de la main gauche du saint et de la couronne qu’elle tenait), plusieurs éléments ont été restitués en tilleul (?), probablement en 1891 d’après la date inscrite sur le côté senestre du banc ; ces éléments sont visibles sur la photographie publiée en 1914 (Dollinger, 1914, p. 3) : moitié antérieure senestre et côté senestre de la base ; main gauche (qui tenait un bâton) et revers de la manche de la robe de saint Jacques ; partie antérieure de la couronne tenue par sa main droite ; deux doigts de son pied droit ; chaussure droite du pèlerin.
- Principaux manques (outre le deuxième pèlerin et la main gauche du saint) : coquille sur le chapeau du saint ; extrémité de son nez ; plusieurs boucles de cheveux et de la barbe ; auriculaire et extrémité de l’annulaire de la main gauche restituée, bâton que cette main tenait ; fleuron et partie supérieure d’un fleuron de la couronne tenue dans la main droite ; moitié inférieure du bâton du pèlerin ; nombreux éclats sur le chapeau, la barbe et les cheveux, les vêtements, le banc et la base ; au revers, plusieurs parties du bois arrachées.
La polychromie d’origine a été dégagée en 1993. Le bois est sans polychromie sur les parties restituées probablement en 1891.
1.Polychromie d’origine (avec lacunes et altérations locales) :
Bois encollé, par endroits recouvert de fibres végétales encollées ; préparation blanche (carbonate de calcium -calcaire avec foraminifères- et colle protéinique) appliquée en plusieurs couches ; couches colorées : liant huileux.
- Coquille sur le manteau de saint Jacques, bordure du manteau et de la robe du saint : mixtion ocrée, or parti ; bordure soulignée de jaune pâle.
- Manteau de saint Jacques : rouge orangé (minium, quelques pigments noirs organiques, un peu de carbonate de calcium), rouge (vermillon et minium), glacis rouge (laque rouge avec probablement un peu de blanc de plomb), glacis rouge (légèrement plus sombre que le précédent).
- Décors moulés et appliqués, dits « brocarts appliqués » : de forme ovale, parsemés sur le manteau rouge de saint Jacques ; stratigraphie : 1. couche orangée (blanc de plomb et ocre), 2. matériau de remplissage (probablement résine, grains de vermillon, carbonate de calcium), 3. mince couche d’adhésif, 4. feuille d’étain ; l’état lacunaire et dégradé de ces décors appliqués empêche de reconnaître les revêtements et motifs en surface (éventuellement feuilles métalliques, glacis ou rehauts colorés).
- Revers du manteau de saint Jacques et du manteau du pèlerin : vert (jaune de plomb et d'étain avec pigments verts au cuivre -chlorure et malachite ?).
- Robe de saint Jacques : bleu sombre violacé (azurite et laque rouge), parsemé de fleurettes réalisées au pochoir (mixtion, or), très dégradées.
- Intérieur de la couronne : rouge.
- Manteau du pèlerin : orangé (minium ?).
- Tunique du pèlerin : rouge (une ou deux couches de glacis rouge).
- Chaperon et chausses du pèlerin : bleu.
- Barbes, cheveux et sourcils, panetières du saint et du pèlerin, chaussure du pèlerin : noir.
- Chapeau de saint Jacques : brun.
- Banc : rouge rosé avec rehauts de rouge (évocation du grès ou du marbre).
- Sol : vert avec restes d’une inscription noire (non déchiffrée).
- Carnations de saint Jacques et du pèlerin : sous-couche rose orangé (blanc de plomb, laque et rares grains d'ocre), couche rose vif (blanc de plomb et vermillon) avec rehauts plus soutenus, en particulier sur les pommettes et les articulations des doigts.
2.Polychromies postérieures supprimées en 1993, excepté sur la partie supérieure (beige) du côté senestre du banc qui présente la date 1891 et une inscription non déchiffrée.
à la peinture noire
Sculptée sur l’épaule droite du saint, la coquille permet de reconnaitre l’apôtre Jacques le Majeur, qui aurait évangélisé l’Espagne et dont le tombeau à Saint-Jacques de Compostelle était l’un des lieux de pèlerinage les plus importants du Moyen Âge. Suivant l’iconographie traditionnelle, Saint Jacques est représenté avec deux accessoires caractéristiques des pèlerins : la panetière portée en bandoulière et le chapeau à larges bords protégeant des intempéries, probablement timbré d’une coquille (disparue). Les pieds nus du saint rappellent la mission des apôtres (Matthieu 10, 10). Trônant assis sur un banc mouluré, Saint Jacques tient une couronne dans sa main droite, au-dessus de la petite figure d’un pèlerin agenouillé en prière. A l’origine, un autre pèlerin (disparu), peut-être une femme, était sans doute sculpté en pendant à senestre, sous la couronne que le saint devait tenir de la main gauche (restituée au 19e siècle). Cette iconographie spécifiquement allemande, notamment très répandue dans le Rhin supérieur, se réfère à une pratique particulière attestée dès le 13e siècle. Les pèlerins allemands parvenus à Compostelle avaient le privilège de monter derrière l’autel de Saint-Jacques et de poser sur leur tête la couronne du saint. Les nombreuses images de saint Jacques couronnant des pèlerins rappellent cette tradition.
Suisse, Rhin supérieur (Oberrhein), Bâle (Basel)
Suisse, Rhin supérieur (Oberrhein), Bâle (Basel)
Provient peut-être de la chapelle de l’hospice Saint-Jacques de Gueberschwihr. Attesté au 19e siècle dans l’église paroissiale Saint-Pantaléon de Gueberschwihr. Collection Brunck de Freundeck à Gueberschwihr : soit offert en 1835 à la famille lors de l'agrandissement de l'église, soit acheté par Mme Eusèbe Brunck de Freundeck lors de la démolition de l’église en 1876. Mentionné en 1914 dans la chapelle privée de la famille Brunck de Freundeck à Gueberschwihr. Collection particulière, Paris, 1927. Acquisition avec le soutien du Fonds régional d’acquisition pour les musées (État/Conseil régional d’Alsace), 1991.
p. 16 (« La chapelle, sise dans la cour qui précède la maison [de la famille des Brunck de Freundeck à Gueberschwihr] du côté opposé à l’entrée, conserve une belle statue de bois : saint Jacques de Compostelle vénéré par un donateur, probablement un sire de Hattstatt. Cette œuvre du XVe siècle s’adossait à un pilier de la vieille église. »).
p. 223-224, n° 127 (16e siècle).
p. 347 (« Une belle statue de bois, du XVe siècle, représentant saint Jacques de Compostelle en habit de pèlerin et en position assise, fut donnée [lors de l’agrandissement de l’église en 1835] à la famille Brunck »).