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Liard, Louis

Statut
Publiée
Contributeur
pschande
Dernière modification
23/02/2024 12:23 (il y a 9 mois)
Type de personne
Type de personne : 
Noms
Nom : 
Liard
Prénom : 
Louis
Sexe : 
Nationalité : 
Naissance et mort
Date de naissance : 
22 août 1846
Lieu de naissance : 
Commentaire Naissance : 

Père : Liard, Henri, menuisier

Mère : Brice, Thérèse Alexandrine

Conjointe : Jondé, Marie Françoise Armande, mariage célébré le 2 décembre 1874

Date de mort : 
21 septembre 1917
Lieu de mort : 
Professions / activités
Type de profession / activité : 
Date d'activité : 
1869 - 1880
Commentaire Professions / activités : 

Élève au lycée Charlemagne (1864-1866), puis à l’École normale supérieure (1866-1869), agrégé de philosophie (1869) et docteur ès lettres (1874), enseigne la philosophie dans le secondaire aux lycées de Mont-de-Marsan (1869) et de Poitiers (1871), puis à la faculté de Bordeaux (1876).

Type de profession / activité : 
Lieu institution : 
Date d'activité : 
1884 - 1902
Commentaire Professions / activités : 

Recteur de l’académie de Caen (1880-1884), puis nommé par Jules Ferry directeur de l’Enseignement supérieur au ministère de l’Instruction publique (1884-1902). La durée de son mandat comme sa bonne entente avec les ministres successifs, sa volonté de rivaliser avec les universités allemandes et son caractère déterminé le conduisent à restructurer l’enseignement supérieur avec l’ambition de regrouper les facultés françaises, éparses et pauvres, sans rayonnement, au sein de quelques universités mieux dotées. Le programme n’est appliqué qu’en partie et par étapes. « Le décret du 25 juillet 1885 rend aux facultés leur personnalité civile ; un décret du 28 décembre 1885 regroupe ces facultés autour d’un conseil général des facultés dans lequel siègent le recteur, les doyens et des membres du personnel. C’est l’embryon du futur Conseil de l’Université qui apparaît avec la loi du 10 juillet 1896 » (source : Jean-François Condette, Les recteurs d’académie en France de 1808 à 1940, t. II Dictionnaire biographique, Paris, 2006, p. 258). Les bâtiments de la Sorbonne nouvelle sont élevés (1885-1889) et la nouvelle institution inaugurée en ses murs (1901) alors qu’il occupe la fonction. Il contribue aussi à la création de l’École des hautes études en sciences sociales (1886) qui réalise un idéal d’enseignement dégagé des pesanteurs des anciennes facultés (source : Paul Gerbod, « Un directeur de l’enseignement supérieur : Louis Liard », Les directeurs de ministère en France (XIXe-XXe siècles), Genève, 1976, p. 107-115).

Type de profession / activité : 
Institution : 
Date d'activité : 
1902 - 1917
Commentaire Professions / activités : 

Vice-recteur, avec pouvoir décisionnaire, de l’académie de Paris (1902-1917). Y montre la même volonté réformatrice que dans sa précédente fonction. Crée des instituts, des enseignements et des bourses avec le soutien de mécènes fortunés : le prince Albert Ier de Monaco, David Weill, Albert Kahn, Deutsch de la Meurthe, etc. ou encore la marquise Arconati-Visconti (source : Jean-François Condette, Les recteurs d’académie en France de 1808 à 1940, t. II. Dictionnaire biographique, Paris, 2006, p. 258). C’est à cette fonction qu’il travaille à créer un institut d’art et prend langue avec Jacques Doucet. Son rôle fut décisif.

Mars 1913 : Liard publie dans la Revue de Paris, « Les bienfaiteurs de l’Université de Paris », article aussitôt tiré à part en une petite brochure qui conclut sur le nécessaire développement d’un Institut d’art digne de la nouvelle Sorbonne. Le nom de Jacques Doucet n’y apparaît pas, mais des appels du pied y sont évidents :

« Les tables en marbre rouge sur lesquelles sont inscrits en lettre d’or, dans le vestibule de la Sorbonne, les noms de nos bienfaiteurs et leurs bienfaits vont être pleines. Mais d’autres sont commandées. De nouvelles libéralités peuvent donc venir. J’ai la confidence de testaments où de grosses sommes sont inscrites pour l’Université de Paris. Ces libéralités viendront à leur heure, à une heure que je souhaite aussi tardive que possible. D’ici là, il n’est pas impossible que quelque Mécène, encore virtuel, veuille de son vivant favoriser notre développement et nous donner quelque chose qui nous manque » (p. 344). Plus Loin : « L’enseignement de l’histoire de l’art pour être vraiment fructueux, doit être logé chez soi, avoir son matériel à soi, l’avoir disposé suivant de bonnes règles. À un « séminaire » ou à un « institut d’art » d’université, il faut des salles de cours, des salles de conférences avec appareils à projections, une bibliothèque spéciale, un cabinet de travail pour chaque professeur, un musée de moulages, des collections d’estampes, des collections de photographies » (p. 345).

Selon un témoignage tardif et imprécis de René-Jean des premiers contacts avec des représentants du ministère et de l’université auraient eu lieu dès 1912. Des négociations en tout cas se poursuivent ou débutent de façon plus documentée en 1913, après la publication de Liard et la remise de l’opuscule en main propre à Jacques Doucet. Tout se joue en quelques semaines. Chaque événement est documenté par une ou plusieurs pièces d’archives, toutes inédites avant d'être ici présentées (source : AN, AJ/16/8387, sauf mention contraire) :

26 mai 1913 : visite de Louis Liard à la Bibliothèque d’art et d’archéologie. Il y remet en main propre un exemplaire de son ouvrage sur Les bienfaiteurs de l’Université de Paris, enregistré le jour même au registre des acquisitions (BINHA, ARCHBIB/9/3, n° 6009). La discussion avec Doucet porte sur la donation envisagée sous les deux formes possibles : don ou legs. Acceptation de principe par Louis Liard d’un Conseil de direction pour la Bibliothèque d’art et d’archéologique si elle revenait à la Sorbonne (compte rendu dactylographié de Liard daté du 6 juin 1913).

11 juin 1913 : un mot de la marquise Arconati-Visconti confirme à Louis Liard les dispositions de Doucet en faveur de la Sorbonne. Elle est autorisée par Doucet lui-même à en informer Liard dont elle est proche. Le legs est assuré.

11 Juin 1913 (même jour) : Liard demande à Doucet confirmation et sollicite l’autorisation d’annoncer la nouvelle au Conseil de l’Université (brouillon de lettre).

14 juin 1913 : lettre de Doucet à Liard pour réfléchir à la solution la plus appropriée : « Comme vous l’a dit mon amie la marquise Arconati-Visconti, je suis décidé à donner à l’Université ma bibliothèque d’art et d’archéologie sous réserve de certaines conditions que vous connaissez. Si vous voulez bien me donner un rendez-vous la semaine prochaine, nous pourrions poser les bases d’un accord qui en cas d’accident assurerait à l’Université la possession certaine de ma bibliothèque. »

18 juin 1913 : lettre de Liard à la marquise Arconati-Visconti : « J'ai une lettre de J. Doucet ; j'aurai vendredi un entretien avec lui. Tout va bien. Votre intervention a été certainement bienfaisante » (source : Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne, MSVC 281 F. 4508bis).

23 juin 1913 : dispositions testamentaires en faveur de la Sorbonne sous deux états : un premier jet manuscrit et corrigé (« Ce document est absolument confidentiel »), et une version dactylographiée définitive (« Confidentiel »). Parmi les dispositions, instauration d’un Conseil de direction dont le vice-recteur serait le Président. Trois représentants désignés par Doucet (mais qui ne sont pas nommés) y occuperaient un rôle prépondérant, deux d’entre eux particulièrement privilégiés pour leur traitement et leur retraite (certainement à cette date, dans l’esprit de Doucet : Alfred Vuaflart et René-Jean).

27 juin 1913 : Doucet écrit à Liard pour convenir d’un rendez-vous : « Je voudrai vous voir avant la réunion du Conseil de l’Université si cela est nécessaire pour la rédaction du petit engagement, 2 ou 3 petites choses à revoir et à rédiger ».

28 juin 1913 : nouvelle entrevue entre Doucet et Liard pour convenir des derniers détails (précision annotée sur le mot de Doucet reçu la veille).

30 Juin 1913 : Liard annonce au Conseil de l’Université les intentions et dispositions de Doucet : un don pour l’avenir, doublé par précaution d’un legs (compte rendu de séance) :

« M. le Recteur annonce au Conseil qu’il a obtenu pour l’Université la promesse d’une libéralité magnifique. M. Jacques Doucet l’a autorisé à dire au Conseil qu’il laissera à l’Université la bibliothèque d’Art et d’Archéologie qu’il a créée et installée au rez-de-chaussée de plusieurs maisons contiguës de la rue Spontini. Pour cette bibliothèque, commencée voici dix ans environ, M. Jacques DOUCET a déjà dépensé trois millions et demi ; il compte y consacrer encore 4 ou 5 années de sa vie et plusieurs autres millions avant de la remettre à l’Université de Paris, mais dès maintenant ses dispositions testamentaires sont prises. »

« Cette bibliothèque, déjà bien connue de tous ceux qui s’occupent d’archéologie et d’histoire de l’art, est admirable et unique au monde, transportée rue Pierre Curie, à côté de l’Institut d’histoire de l’art projeté, elle sera pour les professeurs et les étudiants un instrument de travail incomparable. »

« Le Conseil félicite M. le Recteur d’avoir réussi une aussi délicate négociation et d’avoir obtenu de M. Doucet une décision si heureuse pour l’Université, et il le prie de présenter au donateur ses très vifs remerciements. »

30 juin 1913 (le même jour) : Liard informe Doucet de la reconnaissance des membres du Conseil de l’Université qui lui octroient la médaille de l’Université (brouillon de lettre).

1er juillet 1913 : Doucet remercie par lettre l’Université pour l’attribution de la médaille et Louis Liard pour son rôle : « Je tiens Monsieur à vous remercier personnellement de l’aide et de la largeur d’idées que j’ai rencontré en vous pour me faciliter cette tâche. »

28 juin 1916 : pendant la guerre, alors que la Bibliothèque est fermée au public, Doucet et Liard envisagent les conditions du don, devant se substituaer au legs, comme entendu dès 1913 : « Je l’ai reçu (Jacques Doucet) le 28 juin 1916. Il m’a redit son intention de transformer en donation, le legs qu’il avait fait de sa bibliothèque à l’U[niversité] de Paris, après la guerre. Il n’imposerait aucune condition à l’U[niversité de] Paris et il lui donnerait tout [mot souligné] en dehors des collections [de toute évidence la collection d'estampes modernes et probablement le fonds photographique]. Pour permettre de préparer l’installation, il pourrait garder les collections q[uel]q[ue] temps encore là où elles sont. » (note de Liard). Le sujet en resta là, dans l'attente du retour à la paix. Celle-ci tardant, Doucet se décida au don à la fin de l'année suivante.

15 décembre 1917 : Jacques Doucet fait don de la Bibliothèque d'art et d'archéologie à la Sorbonne par une lettre missive adressée au nouveau recteur. Le document autographe - retrouvé en 2023 par Pascal Schandel - avait été déposé pour enregistrement le 15 mars 1918 dans l'étude de maître Cottin (AN, MC/ET/CXVIIII/1452). Se faisant, Doucet exécute un plan qui avait été réfléchi dès 1913 avec Louis Liard : une donation se substituant au legs qui n'était que conservatoire. Jacques Doucet en précipite seulement l'exécution. Liard était décédé quelques semaines plus tôt, le 27 septembre 1917. C’est donc son successeur, Lucien Poincaré, qui traite ce dossier sans en connaître tous les aspects, ni tous les acteurs et avec embarras, faute d'un document notarié en bonne et due forme.

29 décembre 1917 : Jacques Doucet répond à une lettre de René-Jean : « Avec Liard c'était un testament et donc des dispositions à prendre après ma mort. Je voudrais bien qu'il en soit encore ainsi. Ce que je viens de faire avec M. Poincaré, c'est sous la main encore plus rude de la nécessité et vous savez que j'ai même dû faire un sacrifice pour que ma fille soit acceptée. ». À savoir, une vente de dessins pour assurer des ressources à la bibliothèque devenue universitaire (source : BnF, Mss, Naf. 16584, f. 99).

Prix et distinctions
Prix / distinction : 
Commentaire Prix et distinctions : 

Au cours de sa carrière Louis Liard obtint tous les grades de la Légion d’honneur : Chevalier (1882), Officier (1886), Commandeur (1895), Grand officier (1900), Grand-Croix (1909) (source : AN, LH//1636/24).

Liens entre personnes
Type de lien horizontal : 
Commentaire Type de lien horizontal : 

Les deux hommes s'entendent en quelques jours sur les conditions de la donation de la Bibliothèque à l'Académie de Paris (cf. supra).

Type de lien horizontal : 
Commentaire Type de lien horizontal : 

Remerciements de Liard pour divers envois (publications et renseignements), postérieurs et étrangers aux échanges entre Doucet et Liard sur l'avenir de la bibliothèque (BINHA, Autographes 143, 3, 391-395).

Sources en ligne
Date de consultation : 
14/11/2023
Référence de notice : 
03293422X
Date de consultation : 
14/11/2023
Url document source : 
Référence de notice : 
L1636024
Date de consultation : 
14/11/2023
Source
Institut national d'histoire de l'art (France)
Licence
Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
Pascal Schandel