Sculpture provenant du couronnement d'un retable.
- Étude et restauration, Anne Gérard-Bendelé, 1989 ; Sophie Joigneau, Marie Louis, 2009.
- Identification du bois, Élisabeth Ravaud, Centre de recherche et de restauration des musées de France, 2010.
- Analyses de la polychromie, Nathalie Pingaud, Centre de recherche et de restauration des musées de France, 2010.
Sculpture taillée sur toutes ses faces dans une pièce principale de bois (tilleul), avec éléments secondaires assemblés ; cœur de l’arbre à proximité du centre de la statuette.
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sur la tête, cavité cylindrique (diamètre : 1, 5 cm) comblée par une pièce de bois ; sous la base, trois fines entailles (L. 1,5 cm) fourchues aux extrémités et cinq plus petites (L. 0,5 cm).
- Éléments assemblés dès l’origine : main droite du saint (refaite), épée et fourreau (disparus).
- Traces de fixation au couronnement du retable : deux percements cylindriques (diamètre : 1,7 cm) traversant la base (anciens logements de cheville), l’un situé à l’emplacement du cœur de l’arbre.
- Sous la base : dix autres percements (L. de 0,75 à 1 cm environ) de fonction indéterminée ; deux traces en creux contiguës : écrasement accidentel de la surface du bois ou essais, après aiguisage, d’une petite gouge à lame étroite ?
- Fentes sur la base, le manteau et le chapeau.
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive), principalement sur la partie basse.
- Principaux manques : éclats sur les bords du chapeau, les extrémités des boucles de cheveux, le bord supérieur du manteau sur la face et le pourtour de la base ; fourreau disparu après la seconde polychromie : emplacement en réserve dans la dorure et traces de fixation (trois cavités de taille moyenne pour un élément rapporté en matériau léger, type cuir).
- Réfections (avant la seconde polychromie) : main droite du saint et six boucles de ses cheveux sur le côté dextre.
Vestiges de la polychromie d’origine recouverts par une seconde polychromie (17e siècle ?) reprenant les couleurs de la polychromie précédente.
1. Polychromie d’origine :
Couche noire (carbonate de calcium et terres : alumino-sillicates de fer appliqué localement sur le bois). Préparation (carbonate de calcium et colle protéinique).
- Manteau, revers du manteau et tunique de saint Martin : bol rouge orangé, or ; glacis rouge sur le revers du manteau, vert et rouge sur la bordure du manteau, vert sur la tunique.
- Chausses, chapeau de saint Martin : bol, argent ; glacis rouge sur le chapeau.
- Ceinture et col de la tunique, fermail : mixtion, or ; glacis vert sur la ceinture, vert et rouge sur le col de la tunique et le fermail.
- Cheveux du saint, plastron, ceinture : mixtion, or parti (?) ; glacis rouge sur le plastron, glacis vert sur la ceinture.
- Baudrier : noir.
- Chaussures du saint, tunique et chaussure du mendiant : bleu (azurite ?).
- Bordure du sac du mendiant : bleu (carbonate de calcium, indigo, grains d’ocre et de vermillon).
- Pansement blanc et béquille ocrée.
- Cheveux du mendiant : gris-brun.
- Sol : vert clair (vert au cuivre, ocre, carbonate de calcium) ; couche organique.
- Carnations : rose vif.
2. Seconde polychromie (17e siècle ?) :
Préparation blanche (carbonate de calcium et colle protéinique) plus épaisse.
- Haut du chapeau de saint Martin, manteau, fermail, col et partie basse de la tunique, bords du plastron, baudrier, chaussures : bol, or ; à l’emplacement du fourreau, bol laissé en réserve, sans dorure.
- Bas du chapeau, revers du manteau, partie haute de la tunique, plastron, ceinture : bol, argent.
- Chapeau, revers du manteau, ceinture : glacis rouge (couche organique, laque de cochenille) ; tunique : glacis vert ; fermail : rehauts de glacis rouge et vert.
- Chausses : rose.
- Tunique du mendiant : bleu (smalt, grains de blanc de plomb).
- Pansement : blanc avec des taches rouges (traces de sang).
- Sac : brun avec bordure bleu violet (carbonate de calcium, indigo, grains d’ocre rouge et de vermillon).
- Chaussure du mendiant : noir, avec semelle orangée ; béquille : ocrée.
- Sol : vert-jaune (vert au cuivre -malachite ?-, blanc de plomb, couche organique).
- Cheveux de saint Martin : brun ; cheveux du mendiant : gris-brun.
- Carnations du saint et du mendiant : couche rose (blanc de plomb et grains de vermillon) avec rehauts plus soutenus (blanc de plomb et ocre rouge), appliquée directement sur la polychromie d’origine, sans préparation intermédiaire.
3. Retouches locales, vers 1955-1960 :
- Retouches posées sur les lacunes de la seconde polychromie : noir ou gris sur le plastron de saint Martin, noir sur ses chaussures.
- Retouches posées sur le bois apparent dans les lacunes de polychromie : brun sur les chevelures, vert sur le sol.
Selon la légende, saint Martin, légionnaire romain ayant vécu au cours du 4e siècle, a découpé à l'aide de son épée son manteau pour en donner la moitié à un mendiant nu rencontré à la porte d'Amiens. Cet épisode a donné lieu à de nombreuses représentations. Ici, saint Martin est représenté à pied, et non à cheval, en costume civil, avec peu d’accessoires militaires. Cette formule iconographique est largement répandue en Allemagne au cours du Moyen Âge. Saint Martin porte la tenue caractéristique des saints guerriers juvéniles représentés vers 1515-1525 : un plastron rigide sur une tunique mi longue resserrée à la taille, qui s’évase comme une jupe plissée, un baudrier, des chaussures basses à brides et un chapeau plat aux bords relevés. Le mendiant suit également le type iconographique traditionnel. Il est représenté comme un petit personnage amputé, agenouillé aux pieds de saint Martin avec un bras levé agrippant l'étoffe du manteau du saint.
Souabe, Souabe méridionale (Südschwaben)
Origine inconnue. Collection du comte Charles Lair (Saumur, 1841- Angers 1919). Legs Charles Lair, 1919.
n° XXII (Art allemand, 16e siècle).
p. 7-8 (idem).
p. 240-241, n° 68 (entourage de Jörg Lederer, vers 1520).