Sainte Marie Madeleine
Statue suspendue à la voûte d’une église, soutenue par des anges volants.
- Analyses de la polychromie, Sylvie Colinart, Centre de restauration et de recherche des musées de France, 1989 ; Anne-Solenn Le Hô, 2012.
- Étude et restauration, Agnès Cascio, Juliette Levy-Hinstin, 1990-1991 ; Juliette Levy-Hinstin, Marie-Emmanuelle Meyohas, 2012.
- Identification du bois, Elisabeth Ravaud, Centre de restauration et de recherche des musées de France, 2005.
Sculpture taillée dans une pièce principale de bois (demi-bille de tilleul) avec éléments assemblés.
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : deux cavités cylindriques sur la tête (diamètre : 2 à 3 cm) comblées ultérieurement par des pièces de bois.
- Revers du buste évidé à la gouge : cavité avec ouverture rectangulaire refermée par une pièce de bois sculptée.
- Éléments assemblés dès l’origine par collage : partie antérieure des mains, extrémités des seins, petite pièce à l’arrière du genou droit, quelques mèches de cheveux (une mèche près de la cuisse gauche, d’autres disparues), rayons de l’auréole insérés dans de petites cavités autour de la tête (disparus ; quelques petits fragments conservés).
- Sur la tête, gros percement cylindrique (diamètre 4 cm environ) ouvrant dans la cavité du buste : sans doute utilisé pour le maintien de la sculpture dans le dispositif primitif de suspension, probablement une structure ovale en métal.
- Statue entourée à l’origine de six anges sculptés (disparus) : certains en partie taillés dans la même pièce de bois que la sculpture (notamment deux anges en haut à senestre), d’autres fixés par des tiges métalliques (restes sur la cuisse gauche et petites cavités sur le mollet droit).
- Démontage du dispositif de suspension et suppression des anges lors du changement de fonction et d’iconographie (fin du 16e ou 17e siècle ?) : comblement des parties altérées (pièces de bois incrustées sur le flanc gauche et à l’intérieur du bras gauche) ; présentation de la sculpture contre un fond (deuxième polychromie sur la face seulement).
- Traces de fixation de vêtements (pointes de cuivre ou petites cavités) : statue habillée (17e ou 18e siècle ?).
- Interventions postérieures : restitutions (fin du 19e siècle) de la base de la statue avec l’avant des pieds (grosse vis métallique, visible à la radiographie, assemblant la cheville gauche à la base) ; petit doigt de la main gauche ; extrémités de quelques mèches de cheveux ; planche sous-jacente du panneau fermant la cavité au revers (planche supérieure sculptée de mèches de cheveux, d’origine ou refaite ?).
Polychromie d’origine, lacunaire sur les parties endommagées et absente sur les parties refaites au 19e siècle.
Bois encollé (plusieurs couches de colle protéinique), revêtu par endroits (défauts, nœuds, assemblage des mains) de pièces de fine toile de lin encollée. Sur le corps, couche de préparation grise (carbonate double de calcium et de magnésium, noir de charbon, colle protéinique). Couche de préparation blanche (même composition à l’exception du noir de charbon) ; plis de la chair modelés dans la préparation, notamment, sur le cou et les genoux.
- Cheveux dorés : mixtion ocre orangé, or, glacis orangé ; localement au revers, restes d’une couche organique brune (appliquée lors de la deuxième polychromie supprimée par la suite) sur la mixtion de la dorure originale.
- Carnations appliquées en deux couches liées à l’huile : sous-couche blanche (blanc de plomb) ; couche rose pâle à rose vif au traitement légèrement granuleux pour rendre l’aspect de la peau, sur les pommettes, le menton et le cou (blanc de plomb, vermillon, bleu azurite) ; mèches et sourcils ocrés peints (huile, ocre) sur les carnations ; blanc de l’œil bleuté ; touches roses aux coins des yeux, ligne brun sombre bordant la paupière supérieure, iris brun clair cerné de brun foncé ; lèvre supérieure rouge sombre, lèvre inférieure plus claire avec fines ridules et bord inférieur peints en rouge plus soutenu.
Cette sculpture a d’abord été identifiée à une figure d’Ève ou de sainte Marie l’Égyptienne avant d’être reconnue, dans les années 1920, comme l’image de sainte Marie Madeleine pénitente enlevée au ciel par les anges. Nue, les mains jointes, le visage pensif, la pécheresse repentie est représentée selon le récit de sa vie diffusé par la Légende dorée de Jacques de Voragine. Marie Madeleine se retire dans la solitude d’une grotte, la Sainte-Baume, où elle vit dans le plus grand dénuement, sans eau ni nourriture et vêtue de ses seuls cheveux. Chaque jour, aux heures canoniales de la prière, elle est transportée au ciel par des anges pour entendre la musique des chœurs célestes. La dévotion envers sainte Marie Madeleine, développée en Occident depuis le 8e siècle, s’épanouit particulièrement en Italie depuis le 13e siècle et s’intensifie au cours du 14e siècle en Allemagne, où elle reste très marquée jusqu’à la Réforme.
Souabe (Schwaben), Augsbourg
Proviendrait de l'église Sainte-Marie-Madeleine du couvent des dominicains d'Augsbourg. Commerce de l'art, Allemagne. Collection de Siegfried Lämmle (1863-1953) antiquaire à Munich, fin du 19e siècle. Commerce de l'art, Paris. Acquisition à Paris auprès de l'antiquaire Godefroy Brauer (Nagymorton, Hongrie, 1857-Nice, 1923) sur les arrérages du legs de Madame Émile-Louis Sévène, née Laure Eugénie Declerck (Soissons, 1834-Paris, 1887), 1902.
p. 371 (Ève, attribuée Tilman Riemenschneider ou Veit Stoss, fin du 15e ou début du 16e siècle).
col. 257-260 (Ève, attribuée à Veit Stoss, fin du 15e ou début du 16e siècle).
n° 943 (Ève, attribuée Tilman Riemenschneider ou Veit Stoss, fin du 15e ou début du 16e siècle).
Validé