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[1906, sculpture, rapport Institut à AFR]Rapport sur les envois de sculpture de 1906TYPE : rapport I [...]

Statut
Publiée
Contributeur
flechlei
Dernière modification
01/12/2021 04:00 (il y a environ 3 ans)
Type de document
Description
[1906, sculpture, rapport Institut à AFR]
Rapport sur les envois de sculpture de 1906
TYPE : rapport Institut à AFR
AUTEUR : Anonyme
PAGE DE TITRE : Institut de France // Académie des beaux-arts / Rapport sur les Envois, en 1906, de M.M. les pensionnaires de l'Académie de France à Rome
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1906
Descriptions
Transcription : 
[f° 10] Sculpture // Monsieur Larrivé (1ère année) envoie un bas-relief « Les Pêcheurs ». Cet ouvrage très impressionné par le courant réaliste, qui semble de mode en ce moment à la Villa Médicis déconcerte de prime abord par son manque de style et de caractère ; c’est la réalité prise à la lettre sans l’esprit, l’entente des plans, qui peut même avec un sujet des plus ordinaires donner lieu à faire une bonne étude à défaut d’une œuvre d’art. Le bas-relief a le défaut d’être trop large pour l’intérêt qu’il comporte ; il est vide et aurait gagné à être réduit, condensé, en deux ou trois figures expressives, disposées de façon que la corde sur laquelle pèse de tout son corps le jeune pêcheur du premier plan, fut liée au fond par un [f° 11] artifice quelconque ; il eût ainsi évité l’ombre portée sur le fond, qui produit un mauvais effet. / Le pêcheur du premier plan qui prend tout l’intérêt du bas-relief a des accents de vérité dans l’attitude, mais son corps, trop rejeté en arrière pour exprimer le grand effort nécessaire pour tirer le filet hors de la mer, sort, par cela même, des règles de stabilité que comporte la sculpture à haut-relief. L’exécution laisse à désirer, la forme est molle et indécise, la jambe, entre autres, du jeune pêcheur, est pauvre, parait déhanchée par l’excès de saillie de la poche du pantalon. / Nous ne dirons rien des deux figures de pêcheurs au second plan, qui s’estompent par trop dans le vague des vagues à gauche ; ils manquent d’intérêt ; les têtes et [f° 12] les mains sont vulgaires et sans accents. / Nous ne saurions trop recommander au jeune pensionnaire sur qui nous avons lieu de fonder de sérieuses espérances, de se préoccuper un peu moins du pittoresque et de s’attacher d’avantage à la forme et au caractère d’art. // Monsieur Piron (2ème année) n’a pas terminé ses deux envois pour cause de maladie. // Monsieur Terroir (3ème année) fait en ce moment le marbre de son dernier envoi pour l’année prochaine. C’est un groupe qu’il intitule : Conception. // Monsieur Bouchard nous envoie, pour sa dernière année, un groupe intéressant qu’il intitule : La Carrière. Bénéficiant de la [f° 13] nouvelle faveur prise par l’Académie qui permet au pensionnaire, à son retour de Rome, d’exposer tous ses envois précédents à l’école des Beaux-Arts. Monsieur Bouchard y ajoute toutes ses études en plâtre et en bronze qui donnent bien l’impression que ce jeune artiste a beaucoup travaillé, a fait un effort considérable. / Ce qui frappe dans l’ensemble de ses travaux, c’est l’unité de sa vision circonscrite à la représentation humanitaire de la classe des ouvriers. C’est un idéal qui parait anormal pour un pensionnaire de la Villa, mais qui s’excuse par sa sincérité. / Certes cette glorification de l’humble artisan dans sa lutte quotidienne a été brillamment et traduit et rendue expressive par un grand artiste étranger, mort récemment, qui avait su donner à ses œuvres un cachet de grandeur et de largeur [Folio 14] de forme, dans des statues de petites dimensions. C’est également dans ses statuettes en bronze que l’on peut louer M. Bouchard. Son débardeur, entre plusieurs autres, est très réussi dans son attitude de repos pleine de vérité, de même le pêcheur de sable, le hâleur, ses petits bas-reliefs, en bronze, ont du style, surtout ses femmes de la Campanie et ses débardeurs témoignent d’un esprit d’observation et d’un sens artistique très élevé. / Pour que des sujets de cet ordre puissent s’élever à être traduits dans une proportion plus grande que nature, il faut qu’il s’y attache l’émotion d’une scène dramatique, et c’est ce qu’a compris M. Bouchard, en choisissant pour son groupe de dernière année, la Carrière. Contre les parois étroites d’une tranchée, un ouvrier, mort à la peine, est porté sur les épaules, par deux compagnons, qui freinent dans l’effort mutuel qu’ils [f° 15] font pour sortir de cet antre de la mort. / Ce groupe, bien composé, bien équilibré, lié avec esprit dans toutes ses parties, forme, en tout, un ensemble bien homogène. L’exécution en est précise, savante, et large à la fois ; l’on voit clairement que le sentiment et la sincérité de la forme ont guidé la main et l’esprit du sculpteur. / L’Académie n’a que des éloges à adresser à ce pensionnaire, pour l’ensemble de ses travaux ; mais c’est à regret qu’elle voit un tempérament d’artiste si bien doué, s’engager dans une voie aussi limitée et qui ne donne pas lieu de représenter, dans tout son développement, ce qui sera l’éternel attrait de la sculpture, la beauté de la forme.
Localisations
Cote / numéro : 
Directorat Carolus-Duran, carton 168, fol. 10-15 (1906-1907)
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
France Lechleiter