Ce portrait collectif d’une famille a été confondu un temps avec un ex voto évoqué dès la fin du XVIIe siècle (Chennevières 1850, p. 109. Pour la rectification voir Bourges 1988, p. 72, n° 4). Thaumas de la Thaumassière mentionne en effet l’existence de ce dernier en 1689 : « Dans la Chappelle des Deperelle de l’Eglise de S. Ursin, un S. Jean et les Portraits des sieurs de Perelle » (cité de Bourges 1988, p. 72). En réalité, l’œuvre mentionnée par La Thaumassière correspond à un fragment d’un panneau représentant saint Jean Baptiste entouré de deux donateurs dont seuls les mains et les extrémités du costume sont visibles après avoir été découpés (Vierzon, église paroissiale). Il a également été autrefois suggéré que la toile du musée du Berry représenterait la famille d’un pasteur huguenot de la main de Jean Boucher, hypothèse aujourd’hui abandonnée. Le nom d’Antoine de Ridder, maître peintre de Bourges originaire d’Anvers a aussi été proposé, bien qu’il ne soit pas non plus retenu.
Au contraire de son épouse, l’homme ne porte pas des armoiries mais une marque, probablement de marchand. L’individualisation des figures est peu poussée, les enfants, au nombre de douze, ayant tous les mêmes traits, ce qui suggère que le peintre travaille d’après des matrices. Si comme le relève Jacques Thuillier nous avons affaire à « un fort mauvais tableau » (Bourges 1988, p. 72), son intérêt principal réside dans sa composition, rarement trouvée en France, présentant une famille nombreuse au sein d’un même espace (on peut songer à la famille Godran-Morelet des Hospices de Beaune). Cette dernière est agrémentée de petits éléments de nature morte, qui deviennent plus fréquents dans les premières années du XVIIe siècle sous l’influence de la peinture flamande, friande des représentations familiales autour d’une table. La présence imposante du bouquet de fleurs, et notamment des lys, symbole de l’union maritale et de la fertilité associée à la Vierge Marie, prend tout son sens dans un portrait de famille collectif. L’ancienne provenance berrichonne, supposée mais non vérifiée, conjuguée au style naïf de la peinture, pourrait nous inciter à y voir une œuvre locale.
AETATIS XLV
AETATIS XXXVIII
hypothétique
château de Castelnau, Brouillamnon (Cher) ? ; achat en vente publique : Labouvrie ; Bourges, musée du Berry, inv. 1836.1.5
p. 434, sous « Jean Boucher »
p. 109, sous « Jean Boucher »
p. 72, attribution à Jean Boucher rejetée