Inscription funéraire de Claude-Catherine de Clermont, duchesse de Retz (1543-1603), dite autrefois : Catherine de Nogaret de La Valette, duchesse de Joyeuse

Fonction : funéraire.

CLAVDIA CATHARINA CLAROMONTIA RETIORVM DVX HEROINA CVM QVAVIS PRISCI AEVI COMPARANDA PIETATE, PVDICITIA, INGENII ELEGANTIA IN LITEROATOS EXIMIO FAVORE, IN TENVIORES BENIGNITATE, AC MVNIFICENTIA, ERGA OMNES COMITATE INSIGNIS VETVSTISSIMAE GENTIS SPLENDORI ETIAM ALIQVID ADDI POSSE IVDICAVIT, SI ANIMVM LIBERALIORI DOCTRINA SVPRA SEXVM EXCOLERET, EOQ. NOMINE REGIVS AC PRINCIPIBVS QVORVM PLVRES ARCTA NECESSITVDINE CONTINGEBAT, ACCEPTISSIMA FVIT VT QVI EAM SAEPIVS DE REBVS GRAVISSIMIS AC OMNIBVS DISCIPLINIS ADMIRABILI FACVNDIA DISSERENTEM LIBENTISSIME AVDIRENT IIS PRAESTANTIS INGENII DOTIBVS ENITVIT PARESERTIM CVM POLONRVM LEGATI CAROLVM IX HENRICVM NOVVM POLONIAE REGEM, CATHARINAM REGINAM PARENTEM LATINO SERMONE ALLOQVERENTVR, IPSI ENIM PRINCIPES VSI SVNT INTERPRETE CLAROMONTIA LEGATIS APPOSITE RESPONDENTE, IONNI ANNEBALDO CLAVDII ILLIVS FAMOSI MARIS PRAEFECTI FILIO PRIMVM NVPSIT QVO PRO PATRIA ET REGE IN PROELIO DRVIDENSI FORTITER DIMICANTE OCCISO, CVM ALBERTO GONDIO RETIORVM DVCE, FRANCIAE PARI, EQVITVM TRIBVNORVM PRINCIPE, TRIREMIVMQ GALLICARVM GENERALI, OB PRVDENTIAM ET ANIMI MAGNITVDINEM DE GALLIA BENEMERITO XXXVI ANNOS VNANIMI CONNVBIO VIXIT.
OBIIT LVTETIAE PARIS. MENSE FEBRVAR. AN SAL MDCIII, AET LX;

« Claude-Catherine de Clermont, duchesse de Retz, qui fut d’une piété, d’une prudence, d’une élégance d’esprit comparables avec n’importe quelle héroïne de l’Antiquité, qui montra une faveur extrême pour les lettrés, de la bienveillance et de la générosité pour les plus faibles, de la bonté pour tous, jugea que l’on pouvait ajouter quelque chose à l’éclat d’un insigne lignage très ancien si, par une formation libérale, elle pouvait élever son esprit au dessus de la condition de son sexe. Et, à cause de cette réputation, il arrivait qu’elle soit [construction?; il faudrait en principe un infinitif après “contingebat”; j’attendrais “contingebat acceptissima fuisse”] très bien accueillie chez les rois et les princes, dont plusieurs se trouvaient dans la nécessité et la contrainte, de sorte qu’ils l’écoutaient très volontiers discourir avec une éloquence remarquable de tous les sujets et assez souvent sur des questions graves. Elle brilla par ces dons d’un caractère supérieur, notamment lorsque les ambassadeurs de Pologne s’adressèrent en latin à Charles IX, à Henri nouveau roi de Pologne et à la reine-mère Catherine. En effet, ces princes se servirent de Mme de Clermont comme interprète, elle qui répondait parfaitement aux ambassadeurs. Elle épousa tout d’abord Jean d’Annebault, fils de Claude, ce fameux amiral de France ; lorsqu’il mourut, combattant vaillamment, pour la patrie et le roi, à Dreux, elle épousa Albert de Gondi, duc de Retz, pair de France, maréchal de France, général des galères de France, qui mérita la reconnaissance de la France pour sa sagesse et son courage, et elle vécut avec lui dans une heureuse union pendant trente-six ans.
Elle décéda à Paris en février 1603, à soixante ans. »