Le Martyre de sainte Catherine
Bas-relief appliqué à l'origine sur la face interne d'un volet de retable.
- Intervention de conservation, Aubert Gérard, 1988.
- Étude, Anne Gérard-Bendelé, 1989.
- Analyse de la polychromie, Sylvie Colinart, Myriam Éveno, Laboratoire de recherche des musées de France, 1989.
- Identification du bois, Elisabeth Krebs, 2007.
- Observation, Sophie Guillot de Suduiraut, Pantxika Béguerie-De Paepe, 2021.
Relief composé de trois planches verticales (tilleul) assemblées à plat-joint ; planche dextre : L. 18,5 cm ; planche médiane : L. 19 cm ; planche senestre : L. 18,3 cm.
- Revers : traces de sciage et quelques arrachements du bois ; pièce de bois rectangulaire (3,8 x 5 cm) encastrée dans le haut de la planche médiane ; nombreuses fines pièces de bois collées pour obturer les percements faits dans le bois trop aminci lors de la taille.
- Dessous de la base : deux cavités creusées avec une gouge à lame étroite (cavité au centre : 2,5 x 3,5 x 1 cm environ ; cavité à dextre : 4,3 x 3 x 0,4 cm environ) ; repris en partie à la gouge méplate.
- Chant latéral senestre : à deux endroits, traces d’une gouge à lame étroite (traces d’essais de l’outil ?).
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Principaux manques : mains de sainte Catherine, main droite de Dieu le Père, main gauche du personnage monté sur un cheval gris et coiffé d’un turban (l’empereur ?) ; plusieurs doigts des mains de cinq personnages masculins ; brides des deux chevaux, deux plumets sur la tête du cheval gris ; deux parties du sol sous la tête du cheval brun ; extrémité de la poignée de l’épée du bourreau ; extrémités de plusieurs mèches de cheveux de la sainte ; extrémités des ailes de trois anges ; nombreux éclats et manques sur les vêtements, notamment sur les manches de la sainte, sur les taillades (ou crevés) à hauteur du genou droit du bourreau, sur le pan d’étoffe sous son genou gauche et sur les plumes de son chapeau.
- Interventions postérieures : au revers, bandes de papier encollées par endroits le long des joints et dans le bas du relief ; plusieurs cavités (traces de vis, 20e siècle).
Peut-être polychromie partielle à l’origine ; polychromies postérieures du 19e siècle.
1. Polychromie partielle (?) :
L’encollage (ou vernis brun ?) visible sur les roues et leur support, qui n’ont pas reçu de polychromies postérieures, serait l’indice d’une polychromie partielle. Aucune trace d’une polychromie primitive complète n’a été décelée.
2. Polychromie postérieure (appliquée sur les cassures, après que le relief ait été endommagé) :
Préparation blanche(carbonate de calcium, colle protéinique) sur l’ensemble du relief.
Sainte Catherine :
- Parties bleues du vêtement : sous-couche blanche (blanc de plomb, sulfate de baryum), liée à l’œuf, couche bleue (blanc de plomb, bleu de Prusse) ; revers rose soutenu.
- Surcot : rouge orangé.
- Couronne : glacis rouge.
- Cheveux : brun.
- Carnations : rose pâle (couche liée à l’œuf).
Cheval du personnage coiffé d’un turban (l’empereur ?) :
- Rênes et grelots : rouge.
- Cheval : gris soutenu.
3. Polychromie postérieure (dans l’ensemble polychromie précédente ravivée et, localement, ajouts d’or, d’argent et d’accents colorés) :
Sainte Catherine :
- Couronne, ornements et bordures du surcot et des manches : mixtion, or.
- Vêtement : bleu ; revers rose pâle.
- Robe de dessous : blanc gris.
- Surcot : rouge sombre.
- Cheveux : brun.
- Carnations : rose pâle.
Cheval du personnage coiffé d’un turban (l’empereur ?) :
- Rênes et grelots : mixtion, argent.
- Cheval : gris verdâtre.
- Sol : vert.
Personnage près de la roue :
- Carnations : rose ocré.
L’histoire de la jeune chrétienne d’Alexandrie, fille de roi, suppliciée au début du 4e siècle sur ordre de l’empereur Maxence (ou son père Maximien), fut popularisée par la Légende dorée de Jacques de Voragine. Ce relief réunit deux épisodes du martyre, le miracle des roues brisées et la décollation de la sainte.
Condamnée à être déchiquetée par des roues garnies de lames de fer et de clous, elle est épargnée grâce à l’intervention divine. L’instrument de torture, deux roues et leur support, se dresse sur le côté senestre du relief. Dieu le Père apparaît dans les nuages en haut à senestre, coiffé de la tiare papale et entouré de cinq angelots. Il ordonne la destruction de la machine, qui provoque la mort de quatre mille païens selon la Légende dorée. La roue est ainsi représentée en flammes et une douzaine de ses débris sont projetés sur le sol et sur sept personnages masculins, qui tombent à terre ou sont renversés en arrière. Deux d’entre eux sont à cheval. L’un, monté sur un cheval gris, coiffé d’un turban, occupe une place prééminente dans le haut du relief et pourrait figurer l’empereur.
À dextre au premier plan, le bourreau brandit son épée et s’apprête à décapiter sainte Catherine. Couronnée et élégamment vêtue pour souligner son rang de princesse, la sainte est représentée agenouillée en prière (mains jointes disparues) : au moment de mourir, elle adressa à Dieu une prière en faveur de ceux qui, en mémoire de son martyre, l'invoqueraient pour recevoir la protection divine.
Sainte Catherine est une figure secourable très populaire à la fin du Moyen Âge qui est rangée parmi les Quatorze Intercesseurs, (en allemand, Vierzehn Nothelfer ; en latin, auxiliatores), un ensemble de quatorze saintes et saints ayant le pouvoir d’intercéder auprès de Dieu pour l’humanité en péril de mort, de maladies ou d’épidémies. Développée en Allemagne du Sud à la fin du 14e siècle, la dévotion envers ce groupe de saints s’est amplifiée après le milieu du 15e siècle, en particulier à la suite de la vision d’un jeune berger à Langheim en Franconie.
Rhin supérieur (Oberrhein), Fribourg-en-Brisgau (Freiburg im Breisgau).
Provient du couvent des dominicaines de Sainte-Catherine, dit des "Catherinettes", à Colmar. En 1842, propriété de Mme Kachner, Colmar : en 1842 , Louis Hugot signale au Maire de Colmar le Martyre de sainte Catherine pour un projet d’acquisition, ainsi qu’un relief (disparu) de même provenance représentant l’Enterrement de sainte Catherine. Acquisition, 1845.
Acquisitions diverses 1826-1870, Chemise 1826-1850 : « J’ai eu l’occasion de voir chez deux personnes différentes qui habitent cette ville, la veuve Kachner, revendeuse, et Baer, boulanger, deux bas-reliefs sculptés en bois vers la fin du XVe siècle ou les premières années du XVIe siècle. L’un représente le Martyre de sainte Catherine d’Alexandrie, l’autre la Mise au tombeau du Saint personnage. Ils proviennent tous les deux de l’ancienne communauté de dames de Sainte Catherine de Colmar et paraissent avoir fait partie d’un meuble auquel ils servaient d’ornement. On en demande 80 francs : 60 francs au plus grand qui peut avoir 8 ou 9 dm2 ; 20 au plus petit qui n’a guère que 3 dm2 également. PS : je dois ajouter Monsieur le maire que les deux bas-reliefs dont j’ai l’honneur de vous entretenir ont été abîmés vers la fin du siècle dernier ou au commencement de celui et vous jugerez sans doute que cette circonstance leur enlève une partie de leur valeur. »
p. 33, n° 69 (« Bas-relief en bois, représentant le martyre de Ste Catherine, XVIe siècle. Colorié. Provient des Catherinettes de Colmar, et forme, jusqu’à ce jour, le seul débris que l’on ait recueilli venant de cette maison. »).
p.31, n° 73 (idem).
cat. 1891, p. 29, n° 215