Autoportrait de César de Nostredame
œuvre volée à l'église de Salon-de-Provence en 1977
Volé en même temps que le portrait autonome de Michel Nostradamus à l’église Saint-Laurent de Salon-de-Provence (cat. X), ce portrait en pied représenterait César de Nostredame lui-même. Il ressemble en effet d’un point de vue morphologique à son autoportrait de 1616 qui le montre plus âgé. D’après le costume, en particulier la collerette à dentelle, et l’âge de l’homme qui semble avoir une trentaine d’années, nous pourrions situer sa réalisation autour de 1580-1590. Un indice supplémentaire pourrait confirmer l’identité du personnage : nous apercevons au fond une composition religieuse montrant la Vierge à l’Enfant avec le petit saint Jean-Baptiste et un commanditaire en spectateur. Il s’agit exactement de la même mise en page que le panneau vendu en 2008 par Christie’s à Londres (lot 196, sous César de Nostredame) et auparavant par Tajan (Paris, 21 October 1999, lot 104, d’après une analyse de Jean-Claude Boyer) qui est attribué à Nostredame en raison de la présence de son autoportrait et du style. Il devait s’agir d’un sujet récurrent chez l’artiste : la version passée sur le marché de l’art le montre toutefois légèrement plus âgé et dans un costume des années 1600-1610 (l’arrière-plan en perspective n’apparaît pas dans la version de l’autoportrait). Il existe une copie du XXe siècle de cet autoportrait à la mairie de Salon-de-Provence, bien que la scène religieuse au fond soit largement cachée par le rideau.
César de Nostredame se présente ici dans un intérieur orné de rideaux (rouges si l’on en croit la copie), la main posée sur un livre lui-même sur une table en bois. Un luth se trouve à ses pieds (il était aussi musicien). Nous retrouvons d’ailleurs un luth apposé derrière la palette de peintres dans l’autoportrait de 1616. L’écrivain, la main gauche sur la hanche, arbore également une épée à sa taille. Si la copie s’avère fidèle, son pourpoint de couleur noir est ornementé de bandes de couleur rouge et jaune. Bien qu’il s’agisse d’un autoportrait, le peintre ne se présente pas comme artisan mais en tant que gentilhomme parfait de la Renaissance. Son séjour dans les ateliers de Dumonstier et Quesnel se ressent dans l’usage du portrait en pied imitant l’usage de cour. Nous pouvons notamment songer au portrait d’Henri III de 1578 attribué à Etienne Dumonstier (Poznań, musée national de Poznań, inv. Mo 9), qui le montre dans une pose et un intérieur assez semblables. Nostredame adopte cependant un petit format, sur cuivre, au contraire des portraits qui ont tendance à adopter des dimensions plus grandes à la fin du siècle. Bien que nous n’ayons à disposition qu’une ancienne photographie, il nous semble retrouver la manière piquetée de Nostredame ainsi qu’une certaine raideur qui caractérise ses figures.
Salon-de-Provence, église, encastré dans le tombeau de Michel Nostradamus ; volé à l’église de Salon-de-Provence en 1977.
p. 107