La Dormition de la Vierge
Relief appliqué sur la face interne du volet d'un retable.
Observation, étude et restauration, Anne Gérard-Bendelé, 1991.
Sculpture constituée de trois pièces de bois (tilleul ?) assemblées verticalement, avec éléments secondaires assemblés.
- Éléments assemblés à l’origine : les mains de saint Pierre (main droite restituée), agenouillé à dextre, qui tenait peut-être un goupillon ; la main droite (restituée) de l’ange placé entre la Vierge agenouillée et l’apôtre barbu debout au premier plan à senestre ; les mains (restituées) de cet apôtre qui tenait peut-être un encensoir ; deux pièces de bois (tilleul ?) au revers de la tête de deux apôtres situés à l’arrière-plan de la scène.
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Principaux manques : angle dextre de la base du relief ; éclats sur les cheveux, les barbes, les pieds et sur la base.
- Interventions postérieures : sur la face, pièce de bois (noyer) assemblée pour combler un manque au bord de la base ; restitution de la main droite de saint Pierre, de la main droite de l’ange et des deux mains de l’apôtre debout à senestre.
Restes de la polychromie d’origine mêlés à une polychromie postérieure.
1. Polychromie d’origine :
Préparation blanche.
- Manteaux, dalmatique de l’ange, bordure des robes de saint Pierre et de l’apôtre debout à senestre : bol, or (avec reprises).
- Robes de saint Pierre, de saint Jean et de l’apôtre à senestre : restes de décors en relief moulés et appliqués, dits « brocarts appliqués », revêtus de feuilles d’argent (altéré) avec glacis rouge ou vert.
- Revers des manteaux : bleu (azurite ?).
- Cheveux et barbes : brun-noir.
- Carnations : rose.
2. Polychromie postérieure.
- Robes de saint Pierre, de saint Jean et de l’apôtre à senestre : vert et noir sur les décors moulés et appliqués.
- Revers des manteaux : bleu-noir.
- Voile de la Vierge, aube de l’ange : blanc.
- Carnations : rose pâle.
Des récits apocryphes, largement diffusés à partir du 6e siècle et repris par Jacques de Voragine au 13e siècle, relatent les derniers moments de la vie de la Vierge : la Dormition (en latin dormitio, du verbe dormire, dormir), dite aussi transitus (passage), suivie de l’Assomption (assumptio, du verbe assumere, prendre). Les textes décrivent comment les apôtres, qui étaient dispersés à travers le monde, se trouvent miraculeusement rassemblés autour de la Vierge expirante, puis comment Marie s’élève vers les cieux. La Vierge n’est pas ici étendue sur son lit comme à l'accoutumée dans les représentations des 15e et 16e siècles. Elle est agenouillée selon une formule répandue en Allemagne par analogie avec la nouvelle iconographie de la Nativité montrant la Vierge à genoux adorant l’Enfant nouveau-né. Comme Marie qui aurait enfanté sans souffrance, elle reste sereine et recueillie au moment du trépas alors que les apôtres qui l'entourent expriment leur peine. Saint Jean soutient la Vierge, posant les mains sur ses épaules. À dextre, saint Pierre agenouillé tenait peut-être un seau d’eau bénite et un goupillon (main droite restituée). À senestre, l’apôtre barbu debout au premier plan tenait peut-être un encensoir (mains restituées). À côté, un personnage juvénile, imberbe, vêtu d’une aube et d’une dalmatique, figure probablement l’ange qui apparut à la Vierge pour lui remettre la palme du Paradis (main droite restituée). Les apôtres sont au nombre de onze : l’apôtre qui est absent de la scène peut être Matthias, qui avait remplacé Judas, ou Thomas qui, d’après certains récits, n’était pas présent lors de la Dormition et de l’Assomption.
Bavière (Bayern), sud de la Bavière.
Origine inconnue. Collection Félix Joubert (Londres, 1872-Antibes, 1953). Don Félix Joubert, 1926.
p. 46-47 (atelier du Maître de Rabenden, vers 1520).
p. 258-260, n° 75 (idem).
p. 117 (idem).