Portrait présumé de Marguerite d'Urre

Le 24 octobre 2012, la maison de vente Bonhams, à Londres, vendit comme « suiveur de François Clouet » un portrait de Marguerite d’Urre, identifiée par l’inscription « Margueritte D’heurre ». Un mois plus tard, le 28 novembre, la même maison vendit, toujours sous « suiveur de François Clouet », deux portraits peints sur un seul panneau double face représentant d’un côté « Anne de S. Chamont », et de l’autre, « Diane de Montfort duchesse de Termes [com]tesse de Campobasso de Grignan ». Les trois œuvres sont assez abîmées, en particulier Diane de Monfort. Ces trois femmes faisaient partie du même réseau familial : Diane de Montfort était la mère de Louis Adhémar de Monteil et qu’Anne de Saint Chamond était son épouse. Marguerite d’Heurre, ou d’Urre, était la fille de Gabrielle Adhémar de Monteil et de Claude d’Urre, seigneur de Puy-Saint-Martin, c’est-à-dire la petite-fille de Diane de Montfort et la nièce de Louis Adhémar et Anne de Saint Chamond. Les vêtements d’Anne et de Marguerite invitent à dater les portraits dans les années 1560. Celui de Diane est plus problématique, car elle testa en 1537, mais nous ignorons la date précise de son décès. Il pourrait s’agir d’un portrait posthume.

Ces trois panneaux sont de qualité très médiocre et visiblement de la main d’un même peintre, mais ils n’en demeurent pas moins intéressants car ils constituent, avec le portrait présumé de Louis Adhémar, de rares exemples connus de portraits provençaux du XVIe siècle. Leur présence en Angleterre pourraient s’expliquer soit par la vente des collections et du mobilier du château de Grignan en 1728, bien que Pauline de Simiane, comtesse de Grignan, conserva apparemment les portraits de famille, soit par les saisies révolutionnaires qui ravagèrent le château. Nous ignorons l’identité de l’artiste, probablement actif dans la région et qui regarde vers les modèles lyonnais de façon générique.

Marguerite D’heurre