Portrait d’un homme au manteau d’hermine
Notoirement maigre en raison des diverses destructions iconoclastes et dispersions révolutionnaires, la production lyonnaise du premier tiers du XVIe siècle compte néanmoins quelques rares témoins de cette époque donnant un vague aperçu de la forte demande qui existait selon les documents d’archives. C’est probablement le cas de ce petit portrait conservé aujourd’hui au Brooklyn Museum de New York depuis 1931. Auparavant dans la collection Aynard à Lyon avant de passer entre les mains de la Galerie Georges Petit en 1913, il y est acquis par Michael Friedsam, qui en fait don au musée à sa mort. De dimensions pratiquement identiques aux portraits présumés de Pierre Marin de la Chesnaye et de Jeanne Besse donnés à Perréal (Paris, musée du Louvre), il présente un homme en buste dans un manteau noir bordé d’hermine et portant un chapeau rouge, le tout sur un fond sombre neutre. Présenté à l’exposition des primitifs français en 1904 et à l’exposition des « French primitives » de New York en 1927 comme « école française vers 1530 », le tableau est à présent donné à l’école néerlandaise du nord et daté plus largement du XVIe siècle. Cependant, sa présence dans la collection lyonnaise d’Édouard Aynard et ses caractéristiques matérielles et stylistiques nous incitent à y voir un précieux témoignage de l’impact artistique exercé par Perréal dans la cité rhodanienne dans la décennie 1520-1530. En effet, l’esprit d’ensemble s’accorde bien avec les formules mises en place par le peintre de cour à la fin du XVe et au début du XVIe siècles, tout comme la touche picturale piquetée, vaporeuse et rapide qui n’est pas sans évoquer la manière que Corneille de Lyon popularise dès 1533. De même, les traits presque caricaturaux de la figure rappellent à l’esprit l’art exagéré de Perréal. Nous pouvons toutefois détecter une certaine évolution de la mise en page avec la figure tournée plus de face que de trois-quarts, attestant d’une ouverture vers des formules définitivement ancrée dans le XVIe siècle, telles que nous en trouvons dans le portrait du jurisconsulte lyonnais Guillaume Mellier (collection particulière) réalisé dans les mêmes années et redevable à une mise en page innovante
Collection Aynard, Lyon (prêt pour l'exposition des Primitifs français de 1904) ; galerie Georges Petit, 1913 ; collection Michael Friedsam ; legs Brooklyn Museum, inv. 32.818.
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