[1881, peinture, rapport Institut procès-verbal]Rapport sur les envois de peinture de 1881TYPE : rap [...]

[p. 449] L'Académie croit devoir rappeler aux pensionnaires de la Villa Médicis l'article du règlement concernant les envois de dernière année. La trop grande dimension adoptée par la plupart d'entre eux n'est pas conforme aux prescriptions du règlement, elle les met dans le cas de ne pouvoir consciencieusement terminer leur oeuvre avec l'achèvement de leur pension et de manquer ainsi à leur engagement, ce qui doit être pour eux une question d'honneur. C'est avec regret que l'Académie constate cette infraction chez un pensionnaire qui s'est toujours montré scrupuleux dans l'accomplissement de ses devoirs, nous voulons parler de M. Wencker dont le tableau de dernière année représente Saint Jean Chrysostôme prêchant devant l'impératrice Eudoxie. L'état d'inachèvement dans lequel se trouve aujourd'hui cet ouvrage ne permet pas à l'Académie d'exprimer une opinion définitive. Elle ne peut que reconnaître dans une certaine mesure les efforts accomplis jusqu'ici par M. Wencker. M. Chartran mériterait les éloges de l'Académie si elle n'avait qu'à tenir compte que de l'importance matérielle de son envoi de troisième année. Mais l'Académie ne peut que désapprouver l'exécution molle et ronde de la copie du Mariage mystique de Sainte Catherine d'après Paul Véronèse, copie qui n'est nullement dans l'esprit de ce maître essentiellement ferme et brillant. Du reste l'Académie ne saurait trop engager les pensionnaires de troisième année à donner tous leurs soins à leur copie, non seulement en vue de l'influence que l'étude d'un maître de prédilection peut [p. 450] exercer sur le dernier envoi mais aussi parce que la destination de cette copie qui appartient à l'état implique de la part du pensionnaire un devoir dont l'accomplissement ne saurait souffrir ni négligence ni médiocrité. M. Chartran est plus heureux dans ses deux esquisses Les pêcheurs et le Saint Georges, compositions d'un joli effet mais ne répondant que d'une manière insuffisante aux conditions élevées de l'art et au caractère des travaux imposés aux pensionnaires. L'étude de Vénitienne ajoutée à son envoi ne peut être considérée que comme une oeuvre ayant pour raison d'être unique : l'habileté de la main. M. Schommer / 2e année / Par le sujet qu'il a choisi le baiser mortel sujet emprunté à une légende brésilienne, M. Schommer s'éloigne beaucoup trop des traditions de l'École de Rome et des entreprises que l'Académie a pour mission d'encourager, sauf quelques morceaux assez délicatement peints dans la figure de la femme, l'ensemble du tableau est d'un ton froid et lourd, ce qui n'est pas racheté par l'exécution généralement nulle. Même en admettant qu'un pareil sujet eût pu être traité par un pensionnaire on est forcé de reconnaître que M. Schommer n'a nullement réussi à atteindre le but qu'il s'était proposé. M. Bramtot / 1e année / Ixion attaché à la roue entourée de serpents est l'étude de première année envoyée par M. Bramtot. La conception de cette scène n'a pas le mérite de l'originalité, toutefois l'aspect du tableau est satisfaisant et la figure de l'Ixion est d'une bonne exécution dans la partie supérieure, mais la jambe droite qui se présente dans les données d'un morceau énergique, par la pose du supplicié, est d'un dessin incorrecte et manquent complètement d'accent. Il semble que le jeune peintre ait craint d'aborder ici franchement la nature. Nous nous dispenserons de parler des dessins de M. Bramtot indignes de lui.