Statue du Christ chevauchant un âne posé sur un chariot, utilisée pour la procession du dimanche des Rameaux.
- Identification du bois, Élisabeth Ravaud, Centre de recherche et de restauration des musées de France, 2011-2012.
- Analyses de la polychromie, Nathalie Pingaud, Centre de recherche et de restauration des musées de France, 2012.
- Étude et restauration, Manon Joubert, 2012-2013.
Sculpture composée de trois parties : le Christ (15e siècle), l'âne et le chariot (première moitié ou milieu du 19e siècle).
1. Le Christ (bois et structure) : sculpture taillée dans une pièce principale de bois (bille de tilleul) avec éléments secondaires assemblés.
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : cavité cylindrique sur la tête (diamètre : 4 cm) comblée par une pièce de bois.
- Buste évidé à la gouge de la base jusqu’au cou : cavité (H : 46,5 ; L : 20 ; P : 19 cm) fermée au revers par une planche en saule (H : 43 ; L : 12 ; P : 2,5 à 4 cm).
- Éléments assemblés dès l’origine : mains ; avant des deux pieds (restitués).
- Traces de fixation du Christ sur l’âne : trois percements à hauteur du bassin.
- Plusieurs fentes sur la tête et le buste comblées par des flipots et consolidées par des clous anciens.
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Manques : faisceaux de rayons sur le dessus et les côtés de la tête (restes de trois faisceaux, trois éléments triangulaires encore visibles à la radiographie) ; quelques plis de la tunique sur le bras droit ; quelques mèches de cheveux.
- Réfections (19e siècle) : avant des deux pieds, main gauche, doigts de la main droite, plusieurs pièces et flipots sur la tunique.
2. L’âne (bois et structure) : sculpture constituée d’un assemblage de plusieurs pièces de bois (bois feuillu, probablement saule), notamment pattes, oreilles et queue maintenues par des clous.
- Pattes fixées au plateau à l’aide de chevilles et d’une vis.
- Fentes, joints d’assemblage décollés ; manques ; griffures.
3. Le chariot (bois et structure) :
- Planche d’épicéa (105,5 x 41 x 3 cm), sous laquelle sont vissés deux essieux.
- Quatre roues (diamètre : 16,5 cm) maintenues dans les essieux par des vis (20e siècle).
Polychromie d’origine et polychromies postérieures.
1. Le Christ : polychromie d’origine lacunaire avec restes de deux interventions postérieures sur les cheveux et la barbe.
Polychromie d’origine :
Préparation blanche (carbonate de calcium, liant protéinique) par endroits posée sur de la toile de lin (principalement sur les joints de la planche au revers).
- Bordure de la tunique : mixtion (blanc de plomb, jaune de plomb et d'étain, terre riche en fer), or parti.
- Tunique : rouge violacé (terre rouge riche en oxydes de fer, blanc de plomb, carbonate de calcium) ; revers : bleu (azurite).
- Cheveux et barbe : couche orangée (terre riche en oxydes de fer, carbonate de calcium, noir de carbone ?), peut-être mixtion (?).
- Carnations : sous-couche blanche (blanc de plomb), couche rose (blanc de plomb, vermillon), rose plus soutenu sur les pommettes et rose vif sur les paupières ; lèvres : sous-couche rouge (minium), couche rouge (vermillon) ; paupières supérieures cernées d’une ligne brune, inférieures d’une ligne rose ; iris brun ; blanc de l’œil bleuté avec accent rose vif aux coins des yeux. Veines peintes en gris-bleu sur le cou et rides en ocré sur les tempes.
Polychromie postérieure :
- Cheveux et barbe : deux couches de brun (terre riche en oxydes de fer, blanc de plomb, carbonate de calcium).
2. L’âne : polychromie appliquée en une seule intervention (pigments et composants du 19e siècle).
Préparation blanche (kaolinite, carbonate de calcium, grains de calcium et de feldspath, liant protéinique).
- Pelage : gris foncé (noir organique, blanc de baryum, lithopone et/ou blanc de zinc).
- Pièce d’étoffe : rouge (terre rouge riche en oxyde de fer, sulfate de calcium, blanc de baryum, lithopone et/ou blanc de zinc).
- Revers de la pièce d'étoffe : bleu (outremer).
3. Le chariot : polychromie du 19e siècle.
Préparation blanche.
- Planche : brun.
- Roues : sous-couche gris-bleu, couche noire.
Le Christ est représenté lors de son entrée triomphale dans la ville de Jérusalem, relatée dans les Évangiles (Matthieu 21, 1-11 ; Marc 11, 1-10 ; Luc 19, 29-40 ; Jean 12, 12-19). Selon une pratique traditionnelle en Allemagne, attestée dès le 10e siècle, une effigie sculptée du Christ sur son âne muni de roulettes (en allemand, Palmesel, « âne des Rameaux ») était tirée dans les rues le dimanche des Rameaux. En fin de procession, l'entrée du Christ dans l'église était le symbole de son entrée dans la Jérusalem céleste. Le Christ des Rameaux suit le type iconographique traditionnel. Vêtu de pourpre en signe de souveraineté, il bénit de la main droite et devait tenir de la gauche (restituée) la bride de l'âne qu'il chevauche. Sur sa tête étaient fixés trois faisceaux (disparus) de rayons évoquant le nimbe crucifère.
Souabe méridionale (Südschwaben), Allgäu, Kempten
Provient de l'église Saint-André de Nesselwang. Vendu vers 1900 à un marchand de Kempten. Commerce de l'art, Stuttgart, puis Offenburg. Acquisition en 1923 auprès de Charles Bastian, antiquaire à Strasbourg, comme provenant « des environs de Vieux-Brisach » (Breisach am Rhein). Musée des Beaux-Arts, Strasbourg (inv. n° 1050). Musée de l'œuvre Notre-Dame, Strasbourg (inv. MOND 157). Pendant la Seconde Guerre mondiale, reconnu par Luis Dürrwanger (1878-1959) comme le Christ des Rameaux de Nesselwang.
p. 39-40, n° 1050 (vers 1500).
p. 10 (idem).
p. 25 (art alsacien, 15e siècle).