Donné par Louis Ronot au musée des Ursulines de Mâcon en 1879 comme étant un portrait de la duchesse de Montpensier de la main de François Clouet, ce tableau représente plutôt, selon toute vraisemblance, une femme de la bourgeoisie bourguignonne. Son précieux costume, composé d’une robe nor agrémentée de manches en dentelles, d’une fraise tuyautée ouvrant sur un décolleté, d’une ceinture à boules de verre et de billes guillochées, laissent transparaître la richesse du modèle. Si l’on ignore son identité, nous pouvons estimer que ses initiales correspondent à l’inscription « O·D·M » inscrite sous la date et l’âge de la femme, née autour de 1564 puisqu’elle est dite âgée de 27 ans. Relevons par spéculation qu’il existe au XVIe siècle une famille mâconnaise du nom de « De Maux » parmi les bourgeois de la ville (Dunand, « Procès-verbal de la séance du 27 juin 1861 », Annales de l’Académie de Mâcon, 1862, p. 302), dont les initiales pourraient correspondre à notre inconnue. Il s’agit vraisemblablement d’un portrait de fiançailles ou de mariage, la femme exhibant des œillets sur sa robe et entre ses doigts. L'œuvre est datée de 1591, comme le portrait de Perrenette Cartier (Mâcon, musée des Ursulines). . Il est intéressant de souligner les différences de costumes pour une datation identique, peut-être révélateurs de différents statuts sociaux. Le chaperon à bavolet porté par l’inconnue est privilégié par la bourgeoisie. L’absence de signe héraldique pourrait également confirmer que la femme n’appartient pas à la noblesse. Elle arbore cependant une large collerette ouverte en décolleté typique du début des années 1590, des dentelles aux manches et de riches bijoux aux poignets et aux mains, symboles d’un statut aisé.
Stylistiquement, ce portrait est d’ailleurs proche de celui de Perrenette Cartier. Il est ainsi possible que l'œuvre ait été réalisée à Mâcon comme cette dernière, peut-être par le même peintre. Les deux portraits sont conçus de façon similaire en présentant la figure à mi-corps, les mains posées l’une sur l’autre sur le devant. Bien que le visage de Perrenette semble repeint, il s’apparente assez facilement à la femme anonyme par son aspect sec, conférant une certaine platitude aux figures. Les costumes sont également réalisés de façon similaire et quelque peu bidimensionnelle.
AETATIS 27 / O.D.M
daté par inscription
Donation Louise Ronot en 1879 ; entré dans les collections en 1880 sous une attribution à « Clouet ».
p. 13, repr., comme « anonyme, école française du XVIe siècle »