La Passion du Christ
Chacune des quatre verrières est divisée en trois registres, hormis celle de la baie axiale qui n’en comporte que deux. Elles sont consacrées à la Passion du Christ :
- La baie nord figure la Cène au tympan, la Flagellation au centre, et Jésus devant Pilate
- La deuxième baie, dans l’absidiale nord, illustre Jésus en prière au Jardin des Oliviers, le Couronnement d’épines, et le Portement de Croix avec sainte Véronique
- La baie axiale figure la Trahison de Judas au niveau du Tympan, puis la Crucifixion qui occupe deux registres et dont la composition s’inspire de la Crucifixion de Dürer tirée de la Grande Passion (1511).
- La baie absidiale sud figure le Christ devant Caïphe, la Déposition de Croix, et enfin la Mise au Tombeau. Ces deux dernières scènes sont elles aussi inspirées de Dürer : la Déposition de Croix reproduit fidèlement celle issue de la Petite Passion, tandis que le groupe de la Vierge et de saint Jean de la Mise au Tombeau est également repris de la composition éponyme du même cycle de gravures.
L’œuvre a été réalisée vers 1533, comme en témoigne la date inscrite au niveau d’un cartouche (restitué) au bas de la Mise au Tombeau, pour Jean Poncher, seigneur de Limours et trésorier général des finances de Louis XII et de François Ier, et son épouse Catherine Hurault de Cheverny. Jean Poncher, après avoir acquis la seigneurie de Limours en 1516, a en effet fait reconstruire l’église en 1532, peu de temps avant que son domaine lui soit confisqué en 1535 par François Ier qui l’offrit à Anne de Pisseleu, duchesse d’Étampes. Les armoiries appartiennent ainsi aux fondateurs de l’église, les Poncher (« d'or au chevron de gueules, accompagné de trois coquilles de sable ») et les Hurault (« d'or à la croix d'azur, accompagnée de quatre soleils de gueules »)
Pour Françoise Gatouillat, les verrières sont issues de deux ateliers parisiens différents, mais celle qui associe la Déposition de Croix et la Mise au Tombeau au sud (en excluant le Christ devant Caïphe au tympan) peut être plus précisément attribuée à Jacques Rousseau, par comparaison avec ses œuvres parisiennes, notamment les vitraux plus tardifs de Saint-Gervais et Saint-Étienne-du-Mont. En particulier, le saint Jean de la Mise au Tombeau de Limours paraît très proche de celui de la Pentecôte de Saint-Étienne-du-Mont. De manière générale, ces deux compositions sont encore très ancrées dans la tradition du vitrail du XVe siècle, ce qui, comme Françoise Gatouillat le souligne, est caractéristique de l’art de Rousseau, dont ici la facture nette et le style archaïsant tranchent avec les autres compositions. On reconnaît également le style de Rousseau au niveau des soldats et du groupe de saint Pierre de la Trahison de Judas de la baie axiale (Françoise Gatouillat, communication écrite, 2023). Les autres scènes (y compris le Christ devant Caïphe), bien que réalisées à la même période, présentent un style bien plus novateur. Si ces dernières n’ont pas encore été attribuées, Françoise Gatouillat propose de les donner à un seul et même atelier parisien. Il est par ailleurs à noter que la verrière figurant la Flagellation a été restaurée à la fin du XVIe siècle par Louis Hurault et son épouse Isabelle Escoubleau de Sourdis, dont les armoiries figurent également aujourd’hui à la fenêtre d’axe et sur les clés de voûte de l’église.
Ces verrières ont été lourdement restaurées en 1888 par le maître verrier Charles Leprévost : les figures de la lancette gauche de la Déposition de Croix ont par exemple été entièrement recréées, tout comme le buste du Christ de la Mise au Tombeau.
Lourde restauration par le maître verrier Charles Leprévost.
Restauration par F. Lorin après mise à l'abri en 1939.
dimensions de chaque baie
Auteur de la verrière sud figurant la Descente de Croix et la Mise au Tombeau, ainsi que du tympan de la baie axiale figurant la Trahison de Judas.
Les autres verrières peuvent être attribuées à un atelier parisien anonyme contemporain de Jacques Rousseau.
1883, p. 38; 1884, p. 51
p. 143-148
p. 75-97