Ce portrait est celui d'Edme Vadot (1533-1619), seigneur des Montots et de Noiry. Il est le second époux d'Abigaïl Mathieu, dont le portrait fait pendant (voir notice liée). Les armes de Vadot, dans un écu ovale lui-même dans un cartouche à cuir découpé, sont d'azur, à deux étoiles d'or et une rose d'argent, au chef d'argent chargé d'un croissant d'azur. Leurs âges respectifs et la date de 1609 sont inscrits sur chaque toile. Les deux tableaux sont conservés à l’hôpital Saint-Laurent de Chalon-sur-Saône, dont les deux époux étaient des bienfaiteurs importants de leur vivant (Batault p. 276). Le nom d’Abigaïl Mathieu apparaît plus de cent fois dans les archives de l’hôtel de ville et de l’hôpital des malades. La famille Vadot est originaire de Lyon mais s’installa à Chalon au XVIe siècle. Elle donne plusieurs magistrats à la ville et entretient une relation de bienfaisance avec les pauvres de la ville sur plusieurs générations (un certain Jean Vadot, échevin, est économe de l’hôpital). Si Abigaïl Mathieu est reconnue pour sa générosité, on conserve également la mémoire de ce personnage pour ses cinq mariages (Vadot est le second, voir Batault 1878, p. 276-277, 280).
Leurs portraits sont mentionnés dans le testament d’Abigaïl Mathieu, daté de 1638 : « Auprès des lames de cuivre où seront inscrites les donations cy-dessus, voulons être posés les tableaux et pourtraicts d’icelle dame testatrice et des sieurs Vadot et de la Rochette, ses second et troisième mary, estant en sa maison, où il seront pris à cet effet pour estre enclavés en la dite muraille du dit hôpital, et au bas d’iceux seront inscrits en lettres d’or leurs noms, aages… » (Batault 1878, p. 290). Le portrait de de la Rochette, son troisième époux, semble avoir disparu. Les deux toiles sont visiblement conçues en diptyque et sont de la main d’un unique peintre, qui montre peu de talent. Les modèles sont dépeints de façon peu volumineuse et fruste dans le rendu des vêtements et des visages. Il existe un beau buste sculpté d’Edme Vadot le montrant dans une tenue de magistrat, également conservé à l’hôpital de Châlon (Batault 1879, p. 342). Stylistiquement, la faible qualité des portraits évoque à l’esprit les peintres bourguignons actifs dans les premières années du XVIIe siècle, comme Claude Ménassier et son atelier. En effet, les époux sont comparables, dans la touche épaisse et les traits frustes, aux donateurs du triptyque de la Crucifixion d’Annay-sur-Serein de 16085, Pierre Fournier et Marie Piver, et plus encore au chanoine en prière devant une Adoration des bergers signée et datée de 1614 par Claude Ménassier (Montigny-sur-Armançon, église-Saint Martin).
AETATIS SUAE 76 ANNO 1609
Tableau légué à l'hôpital en 1638 par Abigaïl Mathieu, veuve du modèle
Pendant du portrait de son épouse, Abigaïl Mathieu
p.65-66, « ce tableau et le suivant [portrait de Dony d'Attichy] avaient été légués en 1638 par Abigaïl Mathieu en même temps que le portrait de Louis de Rymon et trois peintures à l'huile représentant le Christ, la Vierge et saint Jérôme (Archives de Chalon, GG 60) »
p. 276, 280, 290
p. 342