Codex Sinopensis, Figuier stérile et desséché, BnF, Supplément grec 1286, f.30v

point d'analyse : tour interne

Or : le texte, les initiales et les éléments picturaux dorés sont rendus en or; la peinture est généralement appelée or en coquille en raison de la pratique consistant à mélanger pigment et médium à l'intérieur d'une coquille. Dans les miniatures, l'or en coquille est utilisé principalement pour les éléments importants tels que les auréoles et la robe de Jésus. L'analyse XRF a permis de vérifier que l'or utilisé pour le pigment était d'une grande pureté, ne comportant que des impuretés négligeables d'argent. La composition de l'or en coquille est cependant légèrement différente de celle de l'encre dorée, en raison d'une quantité importante de fer qui n'est pas présente dans l'encre.

Vert : il n'y a pas de véritables colorants verts, mais tous les détails verts sont rendus par un mélange d'indigo et d'orpiment, un pigment précieux obtenu à partir du minéral homonyme. La mélange d'un bleu et d'un jaune, connu sous le nom de vergaut, était très courant au début du Moyen Âge.

Le bleu outremer, pigment précieux obtenu à partir de la pierre lapis-lazuli, et l'indigo. En raison de la grande différence de prix de ces colorants, le bleu outremer étant de loin supérieur à l'indigo, il faut s'attendre à ce que l'artiste les utilise de manière sélective, en fonction de la signification symbolique des éléments représentés. Le schéma suivi par l'artiste n'est cependant pas entièrement compréhensible. Au f. 10v, le trône d'Hérode, l'arc et le vêtement du personnage de droite (le même au f. 30v) sont peints en bleu outremer, tandis que les vêtements bleu clair de tous les autres personnages sont peints en indigo, comme au f. 15r. Au f. 29r, le feuillage à droite est en bleu outremer. Quoi qu'il en soit, la présence du bleu outremer, associé à l'or et à la couleur pourpre du parchemin, marque apparemment la valeur symbolique du Codex Sinopensis ; de plus, son utilisation sur une peinture est à signaler parmi les premières occurrences en région méditerranéenne.

point d'analyse : le couvre-chef (infula) du personnage de droite

Le choix d'utiliser l'ocre jaune pour la chair au lieu d'un pigment rose (c'est-à-dire le rouge) est particulier et très probablement dû à l'origine géographique des personnages.

Rouge : quelques détails peints en rouge ont été colorés avec du minium ou du rouge de plomb, un pigment synthétique au plomb typique de l'enluminure du haut Moyen Âge. Le pigment semble être en bon état de conservation, ce qui est inhabituel en raison de sa tendance à passer du Pb3O4 orange au PbO2 brun-noir (plattnerite).

Noir : certains détails (cheveux, rayures sur les vêtements, contours des auréoles) sont obtenus avec un pigment de carbone.

Mandragore - base iconographique - BnF Département des Manuscrits