Maspero, Henri
Diplômé d'études supérieures en histoire et géographie, avec un mémoire imprimé en 1905 sous le titre Les Finances de l’Égypte sous les Lagides, licencié en droit, diplômé de l'École des langues orientales en chinois, Henri Maspero se détourne de la voie tracée par son père Gaston Maspero (1846-1916) en égyptologie, pour lui préférer la sinologie et la vietnamologie, et accepte le poste de pensionnaire que lui offre l’EFEO en 1908. Il suit ainsi en Indochine son demi-frère, Georges Maspero (1872-1942), administrateur des Services civils et membre correspondant de l’EFEO en 1903. Il est par la suite nommé professeur de chinois, en remplacement de Paul Pelliot (1878-1945), en 1911. Il reste à ce poste jusqu'en 1920, date de sa prise de fonction au Collège de France à la chaire de langue et littérature chinoise, vacante depuis la mort d’Édouard Chavannes (1865-1918). Henri Maspero profite du terrain qui lui est offert au Vietnam pour compléter ses connaissances en matière vietnamologique et sinologique. Sa documentation, qui enrichit alors le fonds vietnamien de la bibliothèque de l’École et plus tard celui de la Société asiatique à laquelle il lègue sa bibliothèque, se compose de nombreuses enquêtes sur le terrain, d'ouvrages anciens, d’estampages recueillis lors de diverses missions. Dans le domaine de la linguistique, il lui revient le mérite d'avoir instauré une méthode d’analyse comparative des langues thaïes, chinoise et vietnamienne, méthode déjà au point, mais encore jamais adoptée pour l'étude des langues d’Asie orientale. Il s'attache à une analyse typologique et synchronique, signalant l'influence des moyens d'expression sur les façons de penser, de raisonner. Dans cette optique, il démontre pour la première fois l’existence de distinctions dialectales dans le chinois ancien (le dialecte de Tch’ang-ngan sous les T'ang, 1921), porte son attention à l’histoire du chinois vulgaire et à ce qui le différencie de la langue littéraire, s'intéresse à l'étude des parlers locaux. D’un point de vue historique, il étudie méthodiquement les sources vietnamiennes et chinoises recueillies, afin de dégager l'histoire de ces pays des mythes et des légendes qui leur étaient jusque-là associés. L’étude des sociétés thaïes vivant reculées dans les montagnes lui révèle des analogies avec la Chine. Le taoïsme et le bouddhisme, intimement liés en Chine, comptent également parmi les sujets qu'il aborde une fois en France. Il se lance notamment dans la lecture des textes taoïques et le déchiffrement des termes techniques, dont il tire matière pour ses cours et la rédaction d'articles. La Chine antique, sans doute son œuvre la plus importante, paraît en 1927. Henri Maspero y définit les conditions géographiques et humaines de la haute antiquité, reconstitue les traditions légendaires, s'attaque aux questions de chronologie, étend ses recherches à la philosophie et à la poésie religieuse. Il oriente par la suite ses travaux vers l’histoire de l'économie, de la société et des religions, des environs de 200 avant notre ère jusqu'aux environs de 600.
Article rédigé par Lucie Labbé
Henri Maspero pursued studies in history and geography, completing a dissertation entitled Les Finances de l'Egypte sous les Lagides (1905), a degree in law, and studies at the École des langues orientales en chinois. He turned away from the path in Egyptology charted by his father Gaston Maspero (1846-1916) in preference for Chinese and Vietnamese studies, and accepted the fellowship offered to him by the French School of Asian Studies (l’École française d’Extrême-Orient, or EFEO), in 1908. He thus followed the footsteps of his half-brother, Georges Maspero (1872-1942), a civil services administrator and corresponding member of the EFEO in 1903, into Indochina. He was later appointed professor of Chinese, replacing Paul Pelliot (1878-1945), in 1911. He remained in this position until 1920, when he took up his post at the Collège de France as the chair of Chinese language and literature, vacant since the death of Édouard Chavannes (1865-1918). Henri Maspero took advantage of his posting in Vietnam to complete his knowledge of Vietnamese and sinological matters. His documentation, which then enriched the Vietnamese collection of the school's library, and later that of the Asian Society to which he bequeathed his library, is made up of numerous field investigations, old works, and prints collected during various assignments. In the field of linguistics, he deserves credit for establishing a method of comparative analysis of the Thai, Chinese, and Vietnamese languages, a method previously perfected, but not yet adopted for the study East Asian languages. It applies a typological and synchronic analysis, indicating the influence of the means of expression on the ways of thinking and reasoning. From this perspective, he demonstrated for the first time the existence of dialectal distinctions in ancient Chinese (the dialect of Ch'ang-ngan under the T'ang, 1921) and drew attention to the history of vernacular Chinese and the characteristics differentiating it from the literary language, with consideration for the study of local dialects. From a historical point of view, he methodically studied the Vietnamese and Chinese sources he collected, in order to liberate these countries’ histories from the myths and legends previously associated with them. The study of Thai societies living remotely in the mountains reveals analogies with China. Taoism and Buddhism, intimately linked in China, are also among the subjects he discussed once in France. In particular, he embarked on reading Taoic texts and deciphering technical terms, from which he drew material for his courses and articles. La Chine antique, undoubtedly his most important work, appeared in 1927. Henri Maspero defined the geographical and human conditions of high antiquity, reconstructed legendary traditions, tackled questions of chronology, and extended his research to philosophy and to religious poetry. He then oriented his work towards the history of the economy, society and religions, from around 200 BC to around 600.
Article by Lucie Labbé (Translated by Jennifer Donnelly)
[Objets collectionnés]
Collection de 265 manuscrits thaïs probablement collectés et rapportés, dans leur majorité, par Henri Maspero. Ceux-ci sont en général réalisés par des copistes à partir de manuscrits existants et prêtés les uns aux autres, entre parents et amis. N’y figurent ni les noms des auteurs des textes originaux ni ceux des copistes. La plupart des textes originaux sont aujourd’hui introuvables. La collection se divise en quatre : groupe des manuscrits Thai Dam (T'aï dam) et Thaï Don (T'aï Don) des provinces de Sơn La, Lai Châu, Phong Thổ et de Nghĩa Lộ ; des Thai Deng (T'ai Deng) des provinces de Thanh-Hoa et Nghệ An ; des Thaï Muong de la province de Hoa-Binh ; des Thaï Neua des provinces du Haut-Mekong et de Sam-Neua.
Article rédigé par Lucie Labbé
A collection of 265 Thai manuscripts was likely collected and brought back primarily by Henri Maspero. These were generally made by copyists from existing manuscripts and loaned between relatives and friends. Neither the names of the authors of the original texts nor those of the copyists are noted. Most of the original texts are now untraceable. The collection is divided into four groups: the Thai Dam (T'aï dam) and Thaï Don (T'aï Don) manuscripts from the provinces of Sơn La, Lai Châu, Phong Thổ and Nghĩa Lộ; the Thai Deng (T'ai Deng) from the Thanh-Hoa and Nghệ An provinces; the Thai Muong from Hoa-Binh province; and the Thai Neua from the provinces of Haut-Mekong and Sam-Neua.
Article by Lucie Labbé (Translated by Jennifer Donnelly)