Aller au contenu principal
Lien copié
Le lien a été copié dans votre presse-papier

Émile Guimet (1836-1918)

À première vue, Émile Guimet apparaît comme une figure emblématique du grand bourgeois, mélomane, sensible à l’art, qui collecte au gré de ses voyages grâce à une fortune personnelle héritée de l’usine paternelle qu’il fait fructifier. Mais sous ces dehors lisses, l’homme est singulier. Très vite, il décide de créer un musée, à partir des collections ramenées, puis suivant un plan d’acquisition réfléchi. Ce sera un musée d’histoire des religions, en cette fin de XIXe siècle tiraillée en France par des tensions autour du rôle de la religion. « Un musée religieux, contenant tous les dieux de l’Inde, de la Chine, du Japon, de l’Égypte, de la Grèce et de l’Empire romain », annonce le Catalogue des objets exposés sous la plume du premier conservateur, Léon de Milloué (1842-192?) en 1880 (p. 2).

Émile Guimet naît à Lyon en 1836 d’un père polytechnicien (Jean-Baptiste Guimet, 1795-1871), créateur du « bleu Guimet », colorant artificiel outremer appelé à de nombreuses déclinaisons industrielles, alors que sa mère, Rosalie Bidauld (1798-1876), est une femme peintre reconnue et excellente musicienne. Sciences appliquées et arts président à son éducation dont on sait peu de choses, sans doute dispensée à demeure, solidement classique comme le dévoilent ses écrits et ses références à la Grèce ou à Rome. Il reprend l’usine paternelle en 1860 et s’inquiète du bien-être de ses ouvriers, comme il l’explique en 1904 lors du jubilé du musée : « Fils d’industriel, chef d’usine moi-même, j’avais passé ma vie en contact avec les ouvriers, je m’étais constamment occupé de leur donner la santé de l’esprit et le bien-être du corps. Je fondais des écoles, des cours, des sociétés musicales, des associations de secours mutuel, et je constatais que les créateurs de systèmes philosophiques, les fondateurs de religions avaient eu les mêmes pensées » (Guimet, 1904, p. 8). De la philanthropie à la philosophie puis à la religion, cette phrase résume admirablement la quête d’Émile Guimet.

Les rouages de l’entreprise en mains, il peut envisager de voyager. En 18762, au cours d’un tour d’Espagne avec son ami Henri de Riberolles (1837-1908), tous deux s’initient à la cuisine à l’huile d’olive et visitent les musées. Guimet en fait le récit dans de longues lettres à sa mère, publiées par la suite (Guimet, 1862). Puis arrive l’expérience qui orientera définitivement sa vie. « En 1865, j’entreprenais, comme tout le monde, un voyage de touriste en Égypte. La vue des monuments, les visites au Musée de Boulacq, la lecture du merveilleux catalogue rédigé par Mariette, attrayant même pour les profanes, tout cela avait ouvert mon esprit aux choses des temps passés et particulièrement aux croyances encombrantes dont les symboles se déroulent en Égypte sur des kilomètres de murailles » (Guimet É., 1904, p. 5).

Le musée de Boulaq, qu’il visite plusieurs fois, l’enthousiasme au plus haut point. De retour à Lyon, Guimet se lance dans une frénésie d’achats : « Un petit musée d’Italie était à vendre, tombeaux étrusques, portraits funéraires et statues d’orantes, le tout en terre cuite. Je soldai le petit musée. Un marchand de Lyon avait acheté la collection égyptienne de l’abbé Greppo, je ramassai le tout. Un jour j’achetai une momie : quelle joie ! Puis une autre. Pour gagner mon lit j’étais obligé d’enjamber les cadavres. Je changeai de chambre » (Guimet É., 1904, p. 6).

Les années suivantes, il mène de front ses tâches de patron d’industrie, des activités scientifiques et études en égyptologie, des voyages (Grèce et Algérie). Membre de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, il participe au premier congrès des orientalistes à Paris organisé par Léon de Rosny en 1873, puis en 1874 au congrès d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques à Stockholm. De là, une escapade le conduit à Copenhague pour en visiter les musées, dont la rigueur l’impressionne, des modèles « soit comme clarté de système d’administration, soit comme moyens d’exhibitions, soit comme clarté de classement », comme il le dit dans les Esquisses scandinaves publiées l’année suivante (Guimet É., 1875, p. 20). Il relève notamment le rôle indispensable des conservateurs en tant que passeurs de savoir : « Chaque musée a un nombreux personnel de conservateurs qui se divisent le travail, mais leur rôle est surtout l’enseignement, la démonstration des objets catalogués » (Guimet É., 1875, p. 21).

L’égyptologie le passionne, il lit Champollion, s’initie aux hiéroglyphes, pourtant il lui semble que quelque chose manque : « Des comparaisons s’imposaient avec les autres civilisations archaïques. Il fallait tourner mes regards vers l’Inde, la Chaldée, la Chine » (Guimet É., 1904, p. 8). Lors du jubilé du 25e anniversaire de la fondation de son musée, il précise : « Quand on veut vraiment apprécier les civilisations anciennes ou exotiques qui faisaient l’objet de mes préoccupations, on doit faire abstraction de ses propres croyances, se dépouiller des idées toutes faites données par l’éducation, par l’entourage. Pour bien saisir la doctrine de Confucius, il est bon de se donner l’esprit de lettré chinois ; pour comprendre le Bouddha, il faut se faire une âme bouddhique. Mais comment y arriver par le seul contact des livres ou des collections ? [...] Il est indispensable de voyager, de toucher le croyant, de lui parler, de le voir agir. Aussi, je me décidai à faire le tour du monde, à visiter le Japon, la Chine, l’Inde, comme j’avais fait de l’Égypte et de la Grèce » (Guimet É., 1904, p. 9).

C’est dit, Émile Guimet va faire le tour du monde. Première étape, sans doute celle qui lui a fait imaginer ce périple, l’Exposition universelle de Philadelphie en 1876, où il présente ses produits. Félix Régamey (1844-1907), peintre et dessinateur ami établi aux États-Unis le retrouve ; il a accepté de l’accompagner pour la suite du voyage en qualité de dessinateur, chargé de documenter la mission, mais aussi d’interprète car Guimet manie mal l’anglais. Ils traversent les États-Unis en train jusqu’à San Francisco, débarquent à Yokohama. Première étape, le Japon fascine nos deux voyageurs. Guimet est porteur d’un ordre de mission officielle signé par le ministre de l’Instruction publique dans le but d’étudier les religions d’Extrême-Orient. Ce document lui sera fort utile au Japon, où il sera reçu avec tous les égards dus à sa mission, même si le financement lui incombe totalement. Guimet peut ainsi interroger prêtres et moines, visiter sanctuaires et temples, consigner les réponses à ses questionnaires pendant que Régamey accumule les croquis. Guimet achète à tour de bras, livres, statues et objets de culte, dans un climat favorable à la collecte en pleine vague antibouddhique. Toujours passionné de céramique, il ne se prive pas d’en faire ample moisson. Mais surtout il commande à un sculpteur réputé une copie au tiers de taille du célèbre mandala du temple du Tō-ji, pièce maîtresse de son futur musée. Cette partie du voyage donnera lieu à la publication d’un récit en deux volumes, Promenades japonaises, écrit par Guimet et illustré par Régamey, publiés en 1878 et 1880.

Puis ils rallient la Chine, où la situation est bien moins propice ; instabilité politique, marasme économique, épidémies, sentiments anti-étrangers les incitent à se hâter. Retour par le canal de Suez via Singapour, Ceylan, l’Inde, ils arrivent à Marseille en mars 1877. Rapidement, Guimet adresse un rapport détaillé de sa mission au ministre, où il détaille les résultats de son enquête scientifique. Il évoque les réunions officielles tenues au Japon : « Dans ces réunions, les plus savants docteurs répondirent de fort bonne grâce à toutes mes questions, me firent présent de livres religieux et d’objets sacrés, m’indiquèrent les ouvrages que je devais me procurer pour bien connaître leurs idées, et rédigèrent des réponses simples et claires à des demandes que je leur laissais par écrit, sur la création, l’intervention divine, la prière, les miracles, la vie future et la morale » (Guimet É., 1877, p. 2-3). En Chine : « je me suis heurté en Chine à l’indifférence des mandarins, à l’hostilité des prêtres locaux et au manque complet d’interprètes chinois parlant français » (Guimet É., 1877, p. 5). Pour l’Inde et Ceylan, il se contente d’évoquer les contacts pris avec des savants et moines, ainsi que le futur recrutement de deux jeunes gens susceptibles de rejoindre l’école de langue envisagée au même titre que le musée, pour enseigner le sanscrit et le cinghalais.

Il dénombre les objets et ouvrages collectés. Au Japon : « […] plus de trois cents peintures japonaises religieuses, six cents statues divines et une collection de plus de mille volumes soigneusement catalogués en chinois ou japonais et en français. » En Chine : « La bienveillance des missionnaires catholiques et protestants m’a mis à la tête d’une bibliothèque religieuse chinoise presque aussi considérable que celle que j’ai rapportée du Japon ; cette collection se complétera par correspondance, et j’espère aussi la doubler peu à peu des représentations sculptées ou peintes de toutes les divinités du Céleste-Empire. » Pour l’Inde : « Les savants que j’ai eu l’honneur de voir ont bien voulu me dresser des listes de tous les livres spéciaux que je pourrai trouver à Londres ou à Paris ; ils se sont chargés, en outre, de me procurer tous les travaux locaux publiés en brochures, et qu’on ne peut trouver en Europe. C’est également grâce à leur obligeance que je pourrai avoir peu à peu une collection aussi complète que possible de toutes les représentations divines du pays, et aussi de tous les vases sacrés et objets symboliques qui servent au culte des différentes sectes » (Guimet É., 1877, p. 8). Car le futur musée est déjà préfiguré, comme il l’explique au ministre : un musée religieux, « qui contiendra tous les dieux de l’Inde, de la Chine, du Japon et de l’Égypte. Ces deux dernières collections sont déjà complètes ; une bibliothèque des ouvrages sanscrits, tamoul, singalais, chinois, japonais et européens, traitant particulièrement les questions religieuses ; près de trois mille volumes sont déjà rassemblés ; une école, dans laquelle les jeunes orientaux pourront venir apprendre le français, et les jeunes Français pourront étudier les langues mortes ou vivantes de l’Extrême Orient ». Un imposant programme de publications doit servir la communauté des savants et étudiants, tout comme le grand public.

Bien entendu, le musée sera construit à Lyon car Guimet, très attaché à sa région, prône avant l’heure la décentralisation scientifique. « J’ai tout lieu de supposer que cette institution, aussi utile aux intérêts commerciaux qu’à la philosophie et à la philologie, sera fréquentée par les nombreux jeunes gens de Lyon, qui se destinent au commerce extérieur ou que l’éloignement de la capitale prive des moyens de se livrer aux études des langues. »

Toujours à Lyon, Guimet s’embarque simultanément dans une aventure qui faillit le ruiner, la construction du théâtre Bellecour, inauguré en 1879. De facture classique, inspiré de l’opéra Garnier, mais résolument exotique, avec sa Salle indienne, un diorama changeant, un restaurant à la décoration égyptienne ; l’affaire périclite et sera cédée à la ville de Lyon en 1892.

En 1879 ouvre enfin le musée de l’histoire des religions et des civilisations occidentales. Le premier mouvement d’intérêt passé, les résultats ne sont pas à la hauteur des ambitions ; notamment l’école ne verra pas le jour. Guimet en prend acte, comme il le rappelle lors du jubilée : « Je m’aperçus qu’à Lyon ne venaient pas les savants, archéologues, philosophes, philologues, qui auraient pu m’être utiles, que là n’aboutissaient pas les documents nécessaires. De plus les érudits qui pouvaient s’intéresser au musée se trouvaient rarement en province, tandis qu’à toutes occasions ils visitaient Paris. J’avais fait avec nos publications, nos conférences, les voyages organisés, les fouilles entreprises, les indigènes rassemblés, une sorte d’usine scientifique, et je me trouvais loin de la matière première et loin de la consommation. Dans ces cas-là on déplace l’usine, c’est ce que je fis : je transportai le musée à Paris » (Guimet É, 1904, p. 15).

Au terme de longues et âpres négociations, Guimet obtient un terrain à Paris, où est construit largement à ses frais et à l’identique l’actuel musée Guimet inauguré en 1889. Il fait don de ses collections à l’État, lequel en contrepartie en assure le fonctionnement. Il est nommé directeur à vie sans émoluments, mais avec un droit de regard sur le recrutement du personnel. Le fidèle Léon de Milloué suit donc le mouvement et signe en 1890 le premier Petit guide illustré du musée Guimet, dont le directeur reste très impliqué dans la vie quotidienne de l’établissement. Les acquisitions posent un réel problème car aucune ligne budgétaire n’est prévue par l’État, obligeant le directeur à acheter sur ses deniers propres, ce qui contribuera à compliquer les attributions par la suite. Mais il sait susciter des dons, suit les échanges de la bibliothèque, commande des missions de collectes et de fouilles, intervient dans les conférences, gratuites et ouvertes à tous, suit l’activité éditoriale particulièrement riche. Outre les Annales du musée Guimet la Grande bibliothèque, les bibliothèques d’étude, de vulgarisation, d’art, la Revue de l’histoire des religions permettent de documenter l’actualité scientifique menée par le musée. Publications et conférences représentent pour Guimet un élément primordial de partage du savoir et un instrument utile de communication, surtout les conférences, qui rapidement bénéficient des avancées de la science pour offrir des projections lumineuses. La bibliothèque, au cœur du dispositif muséal, apporte textes et explications sur les religions et divinités exposées de façon très didactique, suivant les préceptes tirés des enseignements des musées de Boulaq et Copenhague. « Un musée des religions étant avant tout une collection d’idées, les questions d’art et d’archéologie ne pouvaient y tenir qu’une place secondaire. Nous nous sommes donc attachés avant tout à la clarté de la démonstration. Prenant chaque peuple, nous avons soigneusement séparé ses croyances, en les subdivisant encore d’après leurs principales sectes, toutes les fois que la précision de nos renseignements nous l’a permis. Dans chacune de ces divisions, nous avons groupé les diverses représentations d’une même divinité de façon à faire ressortir son importance », explique Milloué dans le Catalogue du musée (Milloué de L., 1883, p. X-XI).

En 1877, Guimet épouse Marthe Sanlaville (1857-1915) sœur cadette de Lucie Sanlaville, sa première épouse, décédée trois mois après leur mariage en 1868. En 1880 naît Jean Guimet (décédé en 1920 dans un accident). Jusqu’à sa disparition en 1918, Guimet continue de gérer de front l’usine, le musée, ses activités scientifiques (congrès des orientalistes à Rome en 1899, congrès internationaux d’histoire des religions), ses charges institutionnelles (Société asiatique, Société franco-japonaise de Paris, Société française des fouilles archéologiques, Commission archéologique de l’Indochine), des voyages (Égypte, Turquie, Grèce, Italie, Roumanie, Allemagne). Un seul musée ne lui suffit pourtant plus : en 1913, est inauguré un nouveau musée Guimet à Lyon pour accueillir les objets en double à Paris, par prêts ou dépôts. Les négociations, encore une fois, sont ardues, comme s’en plaint le directeur de l’Enseignement supérieur : « Certainement, Guimet est un infatigable donateur, mais c’est aussi un terrible entêté, avec lequel il n’est pas facile de s’entendre administrativement. Voilà deux mois au moins que je le prie de soumettre au ministre le texte de la convention qu’il veut négocier avec la Ville de Lyon, la liste exacte des objets appartenant au musée qu’il veut déporter à Lyon. Je ne puis l’obtenir. » (S. R., 1918, p. 342). De Paris à Lyon, l’attribution de nos jours de certains objets s’avère délicate, tant les questions d’ordre administratif rebutaient Guimet.

Mais il cultive également une autre de ses passions, la musique. Créateur de chorales, d’un orphéon et d’une fanfare dans les environs de l’usine, il a également composé des chansons publiées en recueil en 1863, des oratorios. En 1894, son opéra Taï-Tsoung sur un argument chinois est représenté à Marseille et accueilli favorablement d’après la presse locale. La musique est pour lui un élément de progrès social depuis toujours. De son premier voyage en Espagne, il raconte : « Pendant que les voyageurs soupent, nous faisons un tour de ville et je trouve Quoi ?... une fanfare de jeunes ouvriers qui sortent de leur répétition. Je ne m’étonne plus maintenant des progrès étonnants que les Espagnols ont faits dans la civilisation depuis deux ou trois ans ; ils ont des Fanfaristes en béret et en ceinture rouge, l’Espagne est sauvée ! » (Guimet É, 1862, p. 16).

Officier de la Légion d’honneur en 1895 (LH//1244/25), commandeur de l’Ordre du Trésor sacré du Japon (1899), chevalier de l’ordre royal du Cambodge, lauréat du prix Lefèvre-Deumier attribué par l’Académie (1908), Guimet est enfin élu membre correspondant de l’Institut en 1917. Cette reconnaissance tardive traduit sans doute le fossé qui sépare la science patentée d’un personnage trop souvent relégué au rang de simple mécène autodidacte, comme si sa richesse ternissait ses réalisations pourtant bien pérennes. Cet homme avait son franc-parler et un certain sens de l’humour, à preuve cette remarque au détour de ses Croquis égyptiens, où il commente les scènes d’offrandes royales au regard des pratiques répandues dans la société égyptienne : « […] les Égyptiens, comme on le voit, savaient que les petits cadeaux entretiennent l’amitié, et la moralité de ces représentations est que le bakshish, étant agréé avec plaisir par Ammon ou Isis, peut être déclaré d’institution divine » (Guimet É., 1867).

Après son décès, l’orientation scientifique du musée évoluera vers une clarification du propos et l’accent portera de plus en plus sur l’art et l’archéologie, notamment pour valoriser des collections nouvelles. Laissons le dernier mot au conservateur, Alexandre Moret (1868-1938) qui prit sa suite, dans le Bulletin archéologique du musée Guimet en 1921 : « Réunir et classer images divines et objets de culte de l’Orient ancien et moderne en vitrines bien closes, étiqueter dogmes et rituels sur les rayons d’une bibliothèque, ne lui suffisait point : son ambition était d’initier le grand public aux origines des problèmes philosophiques et religieux, d’agir sur lui par la conférence et le livre, de solliciter les recherches des savants et de les rendre accessibles à tous ceux qui sont épris d’art et de pensée religieuse » (fasc. 1, p. 7).

Constitution de la collection

La collection d’origine rassemblée par Émile Guimet connaît plusieurs inflexions successives. À sa disparition, les conservateurs successifs tendent à délaisser l’histoire des religions pour accentuer la dimension artistique et archéologique des collections, de plus en plus axées sur l’Asie à la faveur des dons. Rattaché à la direction des musées de France en 1927, le musée connaît une mutation profonde avec la réorganisation des collections nationales en 1945 : il reçoit les pièces du département asiatique du musée du Louvre contre ses collections égyptiennes et moyen-orientales.