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21/03/2022 Collectionneurs, collecteurs et marchands d'art asiatique en France 1700-1939

Commentaire biographique

Maurice Maindron est un écrivain, naturaliste, explorateur et archéologue français. Il est le fils du célèbre sculpteur statuaire Étienne Hippolyte Maindron (1801-1884) et d’Elvire Biwer (c. 1831-1906). Bien que né à Paris, il est baptisé à Bourges à la paroisse de Notre-Dame de Château-Roux le 8 octobre 1857 (BA, Ms-14352/1). Fils unique, Maurice Maindron passe sa scolarité au collège puis au lycée Saint-Louis à Paris. Dès son jeune âge, il est attiré à la fois par les lettres classiques et les sciences ; ce qui le conduit à l’obtention de deux baccalauréats ès sciences et ès lettres (philosophie) en 1875. Il s’oriente vers des études de médecine (1875-1876) ; celles-ci sont interrompues par le tirage au sort pour le recrutement militaire (il en est dispensé pour myopie) (AD75, DR1_0405). À la suite de son exemption, plutôt que de poursuivre ses études médicales, il s’engage au service de la Marine et s’embarque comme associé à la mission Raffray.

Maindron a le goût des voyages et malgré les nombreux écueils administratifs qui se dressent devant lui, il part explorer de nombreux pays jusqu’en 1901 dans le cadre de missions non rémunérées : la Nouvelle-Guinée (1876-1877), le Sénégal (1879), l’Inde (1880-1881), l’Indonésie (1884-1885), Djibouti (1893-1894), le golfe d’Oman et l’Inde (1896) et de nouveau l’Inde (1901). Ces voyages façonnent le caractère du jeune Maindron, et aussi bien le littéraire que le scientifique a su puiser dans ces découvertes et ces souvenirs, les matériaux nécessaires à ses études et à ses romans. Il s’intéresse à l’archéologie, et particulièrement aux armes, dont il se fait une spécialité. Il est nommé Officier d’Académie en 1888 et Chevalier de l’Ordre de la Légion d’honneur en 1900 (LH/1696/11) mais ne parviendra jamais à entrer à l’Institut.

Avant son mariage, Maurice Maindron vit très modestement et travaille comme préparateur au Muséum national d’histoire naturelle dans différents laboratoires (notamment, entomologie et herpétologie), puis comme préparateur du travail manuel à l’École normale supérieure. Par son mariage en 1899 avec Hélène Caradic de Heredia (1871-1953), il devient le gendre du célèbre poète parnassien, José-Maria de Heredia, qui l’aidera dans sa carrière de romancier. Il s’installe dans l’hôtel particulier des Heredia et accède ainsi à une plus grande aisance matérielle. Il concilie les sciences naturelles et la littérature historique, ses deux grandes passions, jusqu’à la fin de sa vie. Il meurt le 19 juillet 1911 et est inhumé au cimetière Montparnasse avec la famille de Heredia ; la maxime In umbra alarum tuorum sperabo est gravée sous son nom.

L’entomologiste et le zoologiste

L’entomologie, passion d’enfance, est un domaine important dans lequel Maindron s’est brillamment illustré. Il se consacre d’abord aux hyménoptères, surtout vespiformes, dans les années 1870-1880, rapportant de ses voyages une impressionnante collection de nids de guêpes avec leurs occupants. Il décrit plusieurs espèces nouvelles dès 1878, année où il intègre la Société entomologique de France qu’il présidera en 1910. Les Sphecidae, les Chalcididae et les Eumenidae sont les familles qu’il a le plus étudié. À partir des années 1890, ce sont les coléoptères carabiques et cicindèles qui occupent tous ses loisirs ; il décrit de nombreuses nouvelles espèces, au gré de ses voyages, notamment en Nouvelle-Guinée et en Inde, et rassemble une importante collection de référence qu’il laisse au Muséum national d’histoire naturelle. Ses découvertes font l’objet d’articles ou de mémoires par divers entomologistes, comme Maurice Pic (1866-1957), Maurice Régimbert (1852-1907) ou Albert Fauvel (1851-1909).

On l’a dit misanthrope, mais cela ne l’a pas empêché d’être en relation étroite avec de nombreux entomologistes connus, parmi lesquels, outre ceux cités ci-dessus, Charles Alluaud (1861-1949), René Oberthür (1852-1944), Edmond Fleutiaux (1858-1931) et Raffaello Gestro (1845-1936). Preuve de la reconnaissance de ses pairs, plusieurs dizaines d’espèces portent son nom, maindroni. Ses confrères et amis lui procurent des spécimens pour ses études, il en cède dans les groupes qu’il n’étudie pas ; c’est un homme de réseau et un érudit qui s’intéresse à la nomenclature, la synonymie, la bibliographie et l’histoire.

En dehors des insectes, il s’intéresse à la zoologie en général : oiseaux, mammifères, reptiles, échinodermes, vers, crustacés, etc. L’expérience de ses voyages lui donne une grande culture générale en zoologie. Il s’intéresse aux particularismes des espèces, aux adaptations curieuses, à la biologie et rédige de nombreux articles de vulgarisation. Il intègre la Société zoologique de France en 1882.

Son érudition et ses vastes connaissances, ajoutées à la minutie et à la rigueur qu’exigent les études entomologiques, sont autant d’atouts pour ses activités professionnelles patientes et laborieuses : Maindron prépare ou corrige des manuscrits, rédige des milliers d’articles de dictionnaire ; c’est lui qui écrit la totalité des articles d’histoire naturelle (5 000) pour le deuxième supplément du Grand Dictionnaire du XIXe siècle. Pour le Dictionnaire des dictionnaires, il en écrit 20 000 (Bona D., 1989). Il écrit également dix-sept articles illustrés de vulgarisation scientifique pour la revue La Nature, dans le domaine des sciences naturelles et de l’ethnologie, ainsi que plusieurs ouvrages, dont Les Papillons, illustré par Armand-Lucien Clément (1848-1920) avec qui il avait l’habitude de travailler. Maindron est un vulgarisateur passionné doté d’une âme universaliste.

Le littérateur

Ses différentes activités (préparation de manuscrits, rédaction d’articles de dictionnaire) sont toutefois peu rentables : il travaille beaucoup pour peu d’argent. Son beau-père, José-Maria de Heredia, lui prodigue une aide substantielle et l’encourage à s’élever socialement. Depuis son mariage avec sa fille, il côtoie tout un monde de littérateurs, de poètes, de dramaturges ; et c’est bien en littérature que Maindron a été le plus célèbre : Le Tournoi de Vauplassans (1895) a été couronné par l’Académie française. Saint-Cendre (1899), Blancador l’Avantageux (1901), Monsieur de Clérambon (1904) et Le Meilleur Parti (1905) sont considérés comme des succès, dans les genres du roman historique pour les trois premiers, du théâtre pour le dernier. Il a également publié un recueil de contes, sous le nom Le Carquois (1907c). Ces œuvres sont d’abord parues par livraisons ou en feuilleton dans des revues comme la Revue de Paris avant d’être publiées sous forme de livres, parfois illustrés.

Maindron se passionne pour la période de la Renaissance (XVIe siècle surtout). Il s’attache à décrire avec moult détails les mœurs françaises durant les guerres de religion. Sa crudité n’est pas toujours appréciée et il est parfois censuré (Bona D., 1989). La réception est mitigée : si ses œuvres satisfont un large public, le XVIe siècle, à l’époque de Louis XIII, est parfois jugé ennuyeux par ses détracteurs (lettre de son éditeur, Louis Ganderax (1855-1940), (BA, Ms-14352/11) et d’autres, scandalisés par le texte, le désapprouvent, à l’instar d’Augustine dite Toche Bulteau (1860-1922), une amie de la famille, qui trouve le texte déplorable et malsain (BA, Ms-14352/22). Maindron ne s’est pas limité à l’étude du XVIe siècle comme on le pense souvent, il a aussi écrit sur des époques plus récentes : son projet était de couvrir, par ses romans, toute la période qui va du XVIe à la Révolution française (BA, Ms-14367/52).

Ses écrits sont imprégnés de ses connaissances archéologiques, de ses souvenirs de voyage et, réciproquement, certaines de ses études scientifiques sont inspirées par la littérature romantique. Son ouvrage pamphlétaire, L’Arbre de Science, paru en 1906, montre bien son double intérêt pour la littérature et pour la science et propose une satire du monde scientifique au Muséum, basée sur son expérience personnelle (alias Médéric Bonnereau dans le roman), tout en brocardant les professeurs dont il effectue des portraits railleurs : « On peut faire un professeur d’histoire naturelle, mais un naturaliste se fait tout seul » (Maindron M., 1906, p. 14 ; voir aussi Jaussaud P. et Brygoo E.-R., 2004, p. 26-27). Tous y sont férocement caricaturés, en premier lieu Edmond Perrier alias Mirifisc, décrit comme une « plaie de l’arbre malade », ce qui lui vaudra quelques inimitiés et lui coûtera vraisemblablement son entrée à l’Académie française (Loison L., 2008). Dans ce règlement de compte plein de rancœur, on peut aussi y voir son échec à n’avoir pu intégrer le Muséum.

Son œuvre littéraire se situe dans le sillage de Prosper Mérimée (1803-1870), qu’il critique pourtant âprement (Maindron M., 1909 ; voir aussi Mombert S., 1997, 2010), et de Gustave Flaubert (1821-1880) qu’il apprécie ; elle oscille entre romantisme et réalisme. Toutefois, ses ouvrages tiennent davantage du roman de mœurs que du roman historique à proprement parler : c’est l’étude de la société française qui l’intéresse en priorité.

Salammbô de Flaubert a suscité le goût de l’exotisme chez de nombreux auteurs qui ont voulu l’imiter. Maindron s’est distingué de ses contemporains en décrivant les objets avec « un soin méticuleux d’antiquaire », si bien que ses descriptions historiques, dans Le Tournoi de Vauplassans, « s’apparente[nt] au bric-à-brac de l’esthétique bibelotière que révèlera par exemple l’Art indien » (Saliceto E. et Delias G., 2008). Au réalisme flaubertien, il ajoute une précision scientifique et terminologique inégalée. L’exoticité des mots employés par Flaubert dans ses descriptions, et qui participe à transporter le lecteur dans une réalité lointaine (Marcil D., 2006), se retrouve exacerbée dans l’œuvre de Maindron. Mais à la différence de Flaubert, il fait preuve d’une grande exactitude dans l’usage des mots. Ce langage exotique est cependant parfois perçu comme un peu trop précieux.

En dehors du roman et du théâtre, il semble avoir formé le projet, en 1907, d’écrire une Histoire des Guerres de religion (BA, Ms-14580/2).

L’archéologue et amateur d’art

Formé très jeune à l’art, dans l’atelier de son père, Maurice Maindron exerce son œil et développe un goût des formes et des couleurs qu’il met à profit dans ses missions, ses recherches sur les armes, les costumes et plus tard sur l’art indien (Doumic R., 1911, p. 6).

Dès sa première mission en Nouvelle-Guinée, en 1876, il collecte des objets ethnographiques en plus des collections de sciences naturelles (Peltier P., 2016), il prend des notes, réalise des croquis (Bib. Arsenal, Ms-14571) et publie un texte sur « les races d’hommes de la Nouvelle-Guinée » (Maindron M., 1881).

Entre 1889 et 1894, il consacre vingt-et-un articles (Maindron M., 1895, p. 17) aux armes, avant de publier une savante étude sur le sujet (Les Armes, 1890), suivie d’un répertoire des marques d’armuriers les plus fameux en Europe entre le XVe et le XVIIe siècle. Richement illustré, cet ouvrage, qui décrit armures et épées, couvre les périodes de l’âge de pierre jusqu’au XVIIIe siècle, et valorise la Renaissance, apogée de l’art ornemental de l’armement avant sa « décadence » due à l’apparition, entre autres, des armes à feu (Mombert S., 2008). Il a acquis sur ce sujet une autorité incontestée (Curinier, 1899-1919, p. X). Il publie également toute une série d’articles d’archéologie médiévale dans le Nouveau Larousse illustré ainsi qu’un Dictionnaire du costume du Moyen Âge au XIXe siècle (1907b). Membre fondateur, et vice-président, de la Société de l’Histoire du costume à Paris, cet ouvrage anticipe le projet d’un Musée du Costume. (Lotterie F., Al-Matary S., 2008).

Devenu membre de la Société d’Anthropologie de Paris en 1892, il poursuit ses collectes en 1894 à Djibouti, et en 1896 lors d’une mission scientifique dans le golfe persique et en Inde.

Deux ans plus tard, il consacre un très riche ouvrage à l’Art indien (1898). Il prend soin alors de contacter le musée Guimet, pour demander quelques conseils pour son ouvrage (AMG, s. c.). Illustré de planches gravées, parmi lesquelles une série d’œuvres du musée Guimet, cet ouvrage est conçu comme un vade-mecum pour créer un musée indien à Paris (Maindron M., 1898, p. IX). Divisé en douze chapitres, la moitié de l’ouvrage est consacrée aux arts classiques – architecture, sculpture, peinture – tandis que l’autre s’intéresse aux arts décoratifs et est illustrée pour partie par les collections de l’auteur. Riche de références aux indianistes qui l’ont précédé, cet ouvrage reste très empreint de la nostalgie répétée de Maurice Maindron pour les temps anciens. Ainsi, pour lui, « l’histoire de la sculpture indienne n’est que l’histoire d’une décadence, (et) ce reproche peut s’adresser, en toute justice, à la peinture » (Maindron M., 1898, p. 147). Un peu plus loin, son opinion positive au sujet des arts décoratifs, qui « montrent le mieux cette intimité et ce précieux dans le rendu, cette élégance foncière qui font tant aimer l’art indien et lui donnent une des meilleures places entre ceux de l’extrême Orient » (Maindron M., 1898, p. 195), vaut uniquement pour les œuvres qui n’ont pas subies d’influences extérieures, à savoir les importations « modernes » qui polluent l’art des origines. L’autre écueil de cet ouvrage, c’est le regard critique et dépréciatif porté sur les populations locales « qui repose à la fois sur une conception que l’on pourrait qualifier de raciste de la supériorité des blancs sur les autres peuples et sur la certitude que la politique coloniale doit être dure […] » (Mombert S., 2008). Il faut cependant nuancer cette position qui doit être remise dans un contexte historique où la question raciale est au cœur des études anthropologiques.

Des années plus tard encore, au retour de sa dernière mission en Inde, en 1901, il confirme que « l’amour singulier qu’[il] porte aux temps passés est peut-être trop exclusif pour [l]’inspirer, vis-à-vis du présent, un sentiment autre qu’une indifférente équitée » (Maindron M., 1907a, p. VI.)

Pourtant, il lui aura fallu bien des efforts pour pouvoir réaliser cette mission d’étude et de collecte qui vient compléter les deux précédentes. Sa connaissance des langues malaise et du dialecte de l’île Mafor [Numfoor] plaide en sa faveur (AN, F/17/2986/2). Après nombre de courriers entre Maindron, les ministères et la compagnie des messageries maritimes, il obtient, en 1901, l’accord de l’État, le financement et les recommandations nécessaires pour effectuer sa mission en Inde (AN, F/17/2986/2). Il part en février-mars 1901, reste à Pondichéry de mai à août puis rentre à Paris le 8 novembre. Les lettres et notes écrites à Pondichéry sont publiées dans son ouvrage Dans l’Inde du Sud (Maindron M., 1907a, 1909). Très descriptif, ce texte raconte son voyage dans le détail et fournit des informations sur sa collecte.

À la même période, un ami de la famille s’amuse du bric-à-brac exotique dans lequel vivent les Maindron : « On se croirait chez un rajah, un cacique ou un condottière. Aux murs tendus d’étoffes des Indes pendent des arcs, des javelots, des épées, des rapières. Il y a des oiseaux empaillés, des papillons, des insectes, des livres, un bouddha de pierre transparente qui ressemble à du frai de grenouille. Dans l’antichambre, on voit une vitrine de babouches et deux selles de cheval avec leur harnachement, et pour finir Hélène emporte un sac de voyage en peau de python » (Goujon J.-P., 2002, p. 485).

En 1906, il devient membre de la Société des Antiquaires de France, et décède en 1912. Le 5 juillet, sa veuve contacte le musée Guimet pour donner la collection rapportée de son dernier voyage (AMG, s. c.). Émile Guimet, en plein projet de réouverture d’un musée à Lyon, la fait donner à la ville.

Constitution de la collection

Le visage de Maurice Maindron nous est facilement connu car on trouve un grand nombre de portraits de lui. Un portrait au pastel réalisé par la dessinatrice Laure Richard-Troncy (1867-1950) est conservé au musée Carnavalet (inv. D.8144) ; une série de photographies de l’Atelier Nadar se trouve à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine (RMN-GP, n° inv. APNADAR013689, APNADAR013688, APNADAR012341, APNADAR013823) ; des croquis et des photographies figurent dans les archives de la bibliothèque de l’Arsenal, etc.

Les collections de sciences naturelles

Pour l’histoire naturelle, on doit à Maindron de belles séries d’animaux vertébrés et invertébrés, rapportés lors de ses diverses missions et conservés au MNHN (par exemple, n° inv. MNHN-MY-MY9707, MNHN-RS-RS1841, MNHN-RS-RS0310). Des détails les concernant sont donnés dans ses rapports, dans les archives des missions (AN, F/17/2986/2) ainsi que dans son opuscule présentant ses titres et travaux (Maindron M., 1895).

Les collections entomologiques sont les plus remarquables (plusieurs milliers de spécimens) et de nouvelles espèces sont décrites encore aujourd’hui à partir de son matériel. Parmi elles, les hyménoptères et les coléoptères sont les ordres d’insectes les mieux représentés. Une partie des spécimens zoologiques, notamment invertébrés, est conservée dans l’alcool, quelques échantillons botaniques et des parts d’herbiers ont été cédés au MNHN. Il faut également ajouter une collection de coléoptères qui fut donnée à Guy Babault (1888-1930) avant de rejoindre les collections du MNHN.

Les collections ethnographiques

Dès sa première mission d’exploration en Nouvelle-Guinée, Maindron a collecté des pièces ethnographiques (Maindron M., 1879). En 1877, il en dépose une partie au musée de l’Artillerie à l’hôtel des Invalides où ils habilleront un mannequin de guerrier papou. La galerie est ouverte le 17 décembre 1877 dans une mise en scène « vivante ». Ces objets seront reversés au musée du Trocadéro en 1917. L’autre partie de la collection Maindron, soixante-six objets, parvient au musée de Boulogne-sur-Mer en février 1878 par l’intermédiaire du Dr Hamy. Trente-neuf sont attribués avec certitude, parmi lesquelles des pièces rares : statuettes funéraires Korwar, contenants à chaux en bambou gravé, spatule, pagaie et lances gravées du motif Korwar, un appui-nuque, quatre peignes, un oiseau sculpté, etc. (Boulay R., 1990, p. 34 ; Base de données Joconde).

En 1880, une nouvelle mission le conduit en Inde, où il collecte une série de crânes d’Hindous (dans le sens d’« Indien », habitant de l’Inde) recueillis à Ginji, Pondichéry et Karikal pour le muséum national (Lobligeois M., 2001, p. 160) et dont trois clichés sont conservés au musée du quai Branly. La comparaison des mensurations de crânes humains sert à l’époque à l’étude des races. En pleine famine, Maindron se procurait des crânes auprès de « fossoyeurs d’occasion », grâce à de « menues pièces d’argent » (Lobligeois M., 2001, p. 160).

De sa mission en Indonésie en 1884-1885, le musée du Quai Branly conserve six plaques de verre. Plusieurs tirages papier, négatifs et plaques de verre concernent sa mission à Obock et en Somalie en 1893. Mais aucun objet ne semble attribué à Maindron dans la base de données du musée.

Le 11 janvier 1897, dans un courrier du ministère de l’Instruction publique, des Beaux-arts et des Cultes, on apprend que Maindron a fait parvenir treize colis de sa mission dans l’Océan Indien et que les objets sont pour partie destinés aux musées nationaux (BA, Ms-14561). On y trouve des échantillons d’étoffes, des bois sculptés, des cuivres, des émaux qui seront publiés dans la Gazette des beaux-arts et remis au musée du Trocadéro après étude (AN, F/17/2986/2).

De son dernier voyage en Inde en 1901, Maindron rapporte un ensemble très varié d’objets parmi lesquels des pièces en terre cuite (figurines, vases), en bois, peint ou non (figurines), en cuivre et en bronze (petits sujets religieux), quelques-unes en pierre, enfin des peintures (sur papier, sur mica, sous-verre) et aussi divers objets et fragments de fouilles. Sa collection fait figure d’exception au vu de sa quantité et de la qualité des œuvres rapportées à cette époque. De plus, son livre sur le Coromandel donne des renseignements intéressants sur la fabrication et sur l’acquisition des pièces rapportées en France. Il parle des potiers Apoupatar, à Cossopaléom, et Vaïtilingam, à Pondichéry, considéré comme « un maître [qui] ne travaille que sur commande » (Maindron M., 1907a, p. 133). Il indique même que « pour une faible somme, on peut se composer une galerie ethnographique telle que n’en possède aucun de nos musées » (Maindron M., 1907a, p. 139). La collection sera finalement donnée par sa veuve à la ville de Lyon pour le musée Guimet en octobre 1912, soit deux cent soixante numéros (Arch. musée des Confluences, 1MGL/8). Une partie des pièces avait peut-être été acquise lors du premier séjour de Maindron à Pondichéry en 1880 ou lors de sa mission en 1896, mais cela reste impossible à déterminer à ce jour.