Une nouvelle bibliographie des sources imprimées de la teinture
Créé en 2017, le programme de recherche consacré aux colorants utilisés de 1850 à 1914 a pour but de contribuer à l’histoire de la couleur en France en invitant non seulement les historiens d’art mais aussi les historiens, scientifiques et praticiens, à une relecture d’événements fondateurs pour l’histoire de la mode et du vêtement. Pour ce faire, il convenait de créer de nouveaux outils documentaires à destination des chercheurs afin de faciliter leurs futures investigations. Parmi ces outils, une bibliographie des sources imprimées de la teinture récemment publiée sur AGORHA par le département des études et de la recherche.
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Le point de départ de ce travail, A Bibliography of Dyeing and Textile Printing de L. G. Lawrie (1946)
Un travail en deux temps a été nécessaire à l’élaboration de cette bibliographie. Le point de départ de ce travail fut un ouvrage publié en 1946, A Bibliography of Dyeing and Textile Printing par L. G. Lawrie (Londres : Chapman & Hall Ltd.). Celui-ci est, comme son nom l’indique, une bibliographie prenant la forme d’une liste alphabétique des auteurs ayant traité de la question de la teinture. Cette liste, ancienne et difficile à trouver en France, devait toutefois être revue et corrigée. La première étape du travail de création de la bibliographie des sources imprimées de la teinture a donc consisté en une relecture et une mise à jour de ce texte.
L’ouvrage de Lawrie était assez exhaustif puisqu’il rassemblait les imprimés portant sur la teinture depuis le XVIe siècle jusqu’à sa publication. Nous avons donc adopté cette même fourchette chronologique, au détail près que notre outil s’arrête aux années 1918-1920, car les ouvrages postérieurs à ces dates portent davantage sur la chimie des colorants que sur les procédés de teinture qui nous intéressent ici. Toutefois, Lawrie avait intégré dans son travail des auteurs ou des travaux qui ne correspondaient pas aux problématiques du programme de recherche. Une relecture systématique des ouvrages cités ainsi qu’un tri ont donc été nécessaires afin d’écarter les ouvrages traitant de la couleur de manière générale ou de l’optique, et se concentrer sur les ouvrages décrivant des procédés de teinture.
En parallèle de ce travail de tri, il a également fallu mener des recherches supplémentaires sur certaines références. Des imprécisions ou erreurs c’étaient en effet glissées dans le travail de Lawrie. Ainsi, il n’était pas rare qu’un article ne soit pas différencié d’un ouvrage, le rendant ainsi plus difficile à retrouver, ou que des fautes d’orthographe modifient les noms des auteurs. Grâce aux nombreuses bases de données qui existent aujourd’hui sur le net, la plupart de ces ouvrages ont pu être retrouvés, leurs références corrigées. Aussi, grâce au gigantesque travail de numérisation réalisé ces dernières années par différents sites ou bases de données, la notice publiée sur AGORHA a pu être augmentée d’un renvoi numérique à ces ouvrages lorsque cela était possible.
Augmenter et compléter le travail de Lawrie par de nouveaux documents peu référencés dans les collections françaises
Cette première bibliographie établie par Lawrie devait en effet être complétée, et elle l’a été de deux manières. D’une part, l’auteur avait intégré dans sa liste plusieurs références se rapportant au même ouvrage mais concernant sa traduction en plusieurs langues. Nous avons nous-même découvert certaines de ces traductions au cours de nos recherches, et nous avons souhaité conserver cette diversité linguistique. Les fonctionnalités offertes par AGORHA nous ont permis de créer des liens entre ces ouvrages afin de signaler ces traductions aux utilisateurs.
Toutefois, le véritable apport de cette bibliographie est d’avoir permis le recensement de nouveaux imprimés peu connus ou peu référencés dans les bases de données, et signalés par nos partenaires dans différentes villes de France. L’ouvrage de Lawrie ne prenait en effet pas en compte un certain nombre de ces documents, dont les manuels ou livres d’échantillons et de recettes publiés par les manufactures elles-mêmes. A Lyon par exemple, la bibliothèque municipale Part-Dieu conserve une impressionnante collection d’ouvrages de recettes et d’échantillons, rassemblés dans le fonds de la bibliothèque de l’école de tissage créée par la municipalité en 1883, dont certains ont été publiés par la Manufacture Lyonnaise de Matières Colorantes de Lyon.
Ces ouvrages sont d’un apport essentiel pour notre sujet puisque de très nombreux échantillons y sont répertoriés. Aussi ils nous informent de manière très précise sur les matériaux et motifs sélectionnés par la manufacture ainsi que sur leurs procédés de teinture du coton, de la laine, de la soie, des fourrures ou encore des cuirs.
Le musée de l’impression sur étoffes de Mulhouse a également été riche de découvertes puisqu’il conserve des ouvrages rares de la fin du XVIIIe et du XIXe siècle provenant de la bibliothèque de la société industrielle de Mulhouse. Certains sont particulièrement remarquables, et parmi eux le Manuel tinctorial des plantes de Buc’hoz daté de l’an VIII (1800). L’utilisateur de cet ouvrage a ponctué le « Traité des plantes propres à la Teinture » de taches représentant les couleurs obtenues grâce aux matières tinctoriales décrites, rendant encore plus palpable l’utilisation véritable de ces ouvrages au sein des ateliers.
Ces découvertes enthousiasmantes nous ont donc permis de compléter et d’augmenter le travail initié par Lawrie, tout en appréhendant mieux le travail au sein des ateliers et manufactures. Mais le plus important est qu’elles laissent supposer que d’autres ouvrages pourraient encore être découverts au sein des collections françaises, et que la bibliographie pourrait donc de nouveau être enrichie. Ainsi, nous invitons les chercheurs et les institutions qui auraient connaissance de tels documents à nous écrire à l’adresse suivante : colorants@inha.fr