PENAUD Maurice (FR)

Commentaire biographique

Maurice Penaud naît à Sauzé-Vaussais dans le département des Deux-Sèvres le 5 juillet 1886. Sa famille gagne Paris en 1889. En 1900, il se passionne pour cette grande nouveauté qu’est l’automobile et devient apprenti mécanicien. En 1907, il quitte la France pour parfaire à New York ses connaissances mécaniques. Néanmoins, il reçoit rapidement un billet lui enjoignant de rejoindre le pays pour son service militaire.

En 1908, à l’Arsenal de Vincennes, il participe au montage de la première automitrailleuse qu’il part tester dans le désert marocain aux côtés du général Lyautey (1854-1934). De retour à Paris, il entre en 1909 au service de Jacques Hinstin (1868-1948), directeur général de la Société des Automobiles Grégoire, puis associé dans l’entreprise de fabrication d’engrenages à chevrons Citroën, Hinstin et Cie. Il réalise sous son égide plusieurs courses en automobile, dont le Tour de France.

Entre août 1920 et avril 1921, les Établissements Jacques Hinstin et André Citroën (1878-1935) acquièrent auprès de l’ingénieur Adolphe Kégresse (1879-1943) ses brevets concernant la propulsion des véhicules. Maurice Penaud participe aux premiers montages d’autochenilles équipées de bandages en caoutchouc. Il réalise à leur bord des essais et des démonstrations en France puis au Sahara. Convoqué dans le bureau d’André Citroën, la question de la possibilité de franchir de part en part le désert en auto lui est posée. Fort de son expertise, il acquiesce.

Maurice Penaud participe auprès de Louis Audouin-Dubreuil (1887-1960) à la mission de la Première Traversée du Sahara en automobile (1922-1923), dont il est investi mécanicien en chef. Il accompagne à ce même titre les deux expéditions Citroën suivantes : la Croisière noire (1924-1925) et la Croisière jaune (1931-1932). Après une vie de passion pour la mécanique et de partage des souvenirs de ses épopées, il décède le 27 mai 1975 à Bédoin dans le Vaucluse, au pied du mont Ventoux.

Constitution de la collection

Le 20 juillet 1957, la salle « Maurice Penaud » du musée de Saint-Jean-d’Angély est inaugurée. Sa collection, tout récemment confiée à la Ville, est riche de plus de 870 items, objets ethnographiques rapportés des Expéditions Citroën Centre-Afrique (1924-1925) et Centre-Asie (1931-1932) en grande majorité (771 items provenant d’Afrique, 101 items provenant d’Asie, lot 1957.1).

La variété des éléments conservés par Maurice Penaud atteste de l’intérêt pour tous les aspects de la vie des populations rencontrées. Parmi les objets africains donnés à Saint-Jean-d’Angély, figurent des céramiques, des plateaux en métal ciselé, des plats, des statuettes en cuivre étamé et des éléments de mobilier algériens (tabouret, banc, porte-coran), des bracelets, des sandales, des bourses, des sacs, des coussins, un carquois, des épées, des sabres et leurs fourreaux, des lances, des selles et bâts de dromadaires miniatures Touareg, des chapeaux Peuhl et des couvertures en laine et coton du Niger, des éventails Djerma du Niger, des calebasses pyrogravées, un poignard et une lance Tedda du Tchad, une épée Ouolof ou Toucouleur du Dahomey (Bénin), des colliers, un bracelet, un carquois et un bouclier Banda d’Oubangui-Chari, des parures de danse Mandja-Ali d’Oubangui-Chari, des bourses et œufs d’autruche du Soudan montés sur bandes en cuir, des bracelets, des caches-fesses, des poignards, des couteaux-faucilles, un cruchon, un mortier, un siège monopode et des statuettes Mangbetou, trois statuettes Kitéki Bembé, des masques, des flèches et un bâton de commandement du Congo belge, des couteaux Mangelimas du Congo belge, des carquois et flèches Pygmées du Congo belge, un bouclier du Kenya, des kriss malais, une statuette, une scène représentant une procession et un voilier à balancier de Madagascar. Des défenses d’éléphants dont plusieurs sculptées, des cornes d’antilopes et de gazelles du Tchad, des dents d’hippopotames et des animaux naturalisés (panthère du Tchad, tortue, tatou, pangolin, poisson Didon de Madagascar) rappellent que le raid était missionné par le Muséum d’histoire naturelle de Paris. Plusieurs instruments de musique (grelot du Niger, tambour et harpe Banda d’Oubangui-Chari, harpes et trompe Mangbetou du Congo belge, flûte du Rwanda, cithare de Madagascar) complètent l’ensemble, de même qu’une trentaine de photographies et un diorama à l’effigie de scènes de l’Expédition Citroën Centre-Afrique.

Parmi les objets issus de l’Expédition Citroën Centre-Asie et provenant d’Inde, figurent la reconstitution du temple de Vishnou de Tiruchirappalli en bois de balsa et des statuettes en bronze, cuivre et bois à l’effigie de divinités bouddhiques. Les objets récoltés en Chine sont plus nombreux : service à thé, vases, éventails, baguettes dans leurs fourreaux, pipes à opium, flacons à parfum, deux brûle-parfums, une remarquable boule de Canton et son support en ivoire, un laissez-passer obtenu auprès de Jin Shuren, gouverneur de la province du Xinjiang, entre juillet et septembre 1931, une paire de lanternes hexagonales en bois exotique ajouré et sculpté de volutes, de têtes de dragons et d’éléments géométriques, dont les peintures sous-verre représentent des scènes d’intérieur (jeux, conversation, etc.) et d’extérieur ainsi que des attributs de bon augure chinois (pêche, anneau, fleurs de prunier, etc.), deux vestes en soie et leurs pantalons ou jupes assortis forment un bel ensemble.

Maurice Penaud a également donné à la ville de Saint-Jean-d’Angély des dessins originaux de l’artiste Alexandre Iacovleff (1887-1938) : trois portraits de Maurice Penaud réalisés en 1924-1925 (?), en juillet 1925 et en 1933, un portait de Maurice Penaud à la toque réalisé le 21 décembre 1931, un monumental feu de bivouac dans le désert de Gobi réalisé en 1934 et un portait d’Edmond Trillat réalisé en juillet 1925.

Enfin, lors de la vente aux enchères « Les Croisières Citroën : collection Eric Deschamps » organisée par Cornette de Saint Cyr à Paris mercredi 23 juin 2021, le musée des Cordeliers a acquis l’album de Maurice Penaud comprenant 303 photographies d’époque retraçant la Croisière noire, ainsi que son nécessaire de voyage utilisé lors de la Croisière jaune (serre-tête fourré, gants chauffants et lunettes de vol, chaufferette, trousses de toilette, ensemble de rasoirs, kit de premiers secours, kit de couture, etc.) (MCSJA, lot 2021.6). Eric Deschamps a enrichi ces achats par le don d’un sac de transport Maure du Niger, une veste et une ceinture en soie et fil d’or chinoises (années 1930), une ceinture vietnamienne (1901) et 155 photographies de l’Expédition Citroën Centre-Asie issues du fonds privé de Maurice Penaud qu’il a lui-même acquis dans les années 1980 (MCSJA, lot 2021.7).