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Estampe d'Utamaro représentant une sauterelle posée sur un tuteur au milieu de fleurs roses et violettes.

AUDOUIN-DUBREUIL Louis (FR)

Commentaire biographique

Louis Audouin-Dubreuil naît le 2 août 1887 à Saint-Jean-d’Angély (Charente-Maritime) au sein d’une famille de la bourgeoisie locale productrice de cognac (maison Audouin Frères fondée en 1788). Sa mère, Marie de Reboul (1865-1956), est peintre, élève de Furcy de Lavault (1847-1915). Son oncle, Baude de Maurceley (1852-1930), instructeur en Algérie et romancier saharien, ne semble pas étranger à son désir de découvrir d’autres horizons, tout comme la figure de l’explorateur local René Caillié (1799-1838), premier Occidental à revenir de la ville de Tombouctou (actuel Mali), dont il est un admirateur.

À 18 ans, Louis Audouin-Dubreuil part pour l’Angleterre mener des études de commerce et de langue, afin de développer au Royaume-Uni et dans les pays nordiques l’affaire que son père et son oncle dirigent. En octobre 1910, une fois son service militaire terminé, il entre au conseil d’administration de l’entreprise familiale. Cet intermède avant la guerre est bref : le 2 août 1914, il est mobilisé.

Louis Audouin-Dubreuil rejoint son peloton, le 10e régiment de Hussards, à Tarbes. Avec sa division de cavalerie, il combat sur les fronts de la Marne et de l’Artois en automne 1914, au Four de Paris en Argonne, au bois de Malancourt à l’ouest de Verdun puis sur l’Yser en 1915-1916. Entre septembre 1916 et janvier 1917, il intègre l’aviation militaire et s’initie au pilotage d’aéroplanes. Breveté pilote aviateur, il gagne le sud tunisien. Affecté sur la frontière avec la Libye italienne, il participe à la création du camp de Zarzis et met au point la Section des Tracteurs Mitrailleurs de l’Aviation Tunisienne. Aucune route, il est nécessaire de les créer : ce sont les débuts de l’automobile tout terrain.

À l’issue de la Grande Guerre, en 1919, il est le chef de la mission Saoura-Tidikelt ordonnée par le général Nivelle (1856-1924), chargée d’étudier l’implantation d’une ligne de chemin de fer et la création d’une ligne aérienne à travers le Sahara. En 1920, sa solide expérience du désert et son esprit d’aventure font de lui un collaborateur expérimenté pour André Citroën (1878-1935) qui prépare son premier raid automobile en Afrique du Nord : la Traversée du Sahara en autochenilles (1922-1923). S’en suivent les Expéditions Citroën Centre-Afrique reliant l’Algérie à l’île de Madagascar (1924-1925) et Centre-Asie joignant le Liban à la Chine puis l’Indochine (1931-1932), dont il est commandant en second.

Après une seconde partie de vie consacrée à l’écriture et au partage de ses souvenirs de guerre et d’exploration, Louis Audouin-Dubreuil décède à Zarzis le 12 février 1960.

Constitution de la collection

Monsieur le Maire,

Isoler une collection pouvant intéresser le public et dont ne profite que quelques parents et voisins de campagne n’est plus à notre époque qu’une coutume archaïque et égoïste.

Je serais donc heureux d’offrir à ma ville natale une collection d’objets africains et la voiture à chenilles avec laquelle j’ai réalisé la première traversée du Sahara de l’Algérie au Niger et à Tombouctou.

Le Gouvernement de la République a placé les autres collections et les trois autres voitures de notre expédition au Musée des Invalides et dans les Musées de la Ville de Paris. La collection que je vous présente est réduite mais a une réelle valeur exhérographique, artistique et même historique, car l’Afrique se transformera chaque jour davantage dans sa marche triomphale vers la justice, le bien-être et le progrès et perd ses habitudes de races primitives et sauvages. J’ajouterais à cette collection des plans, des cartes, des agrandissements photographiques, des dessins et des peintures représentant des scènes curieuses et instructions sur le Sahara et l’Afrique Centrale […].

Signé : Louis Audouin-Dubreuil

C’est par cette lettre, présentée en séance du Conseil municipal de la ville de Saint-Jean-d’Angély le 2 octobre 1936, que Louis Audouin-Dubreuil présente à sa cité natale sa volonté de lui confier une partie de sa collection issue de ses expéditions africaines sous l’égide d’André Citroën. Ses œuvres sont intégrées aux collections du musée entre 1936 et 1947. Le fonds Louis-Audouin-Dubreuil (lots 1936.2 et 1947.0) comprend plus de 250 objets et documents iconographiques principalement africains, dont son autochenille Croissant d’Argent avec laquelle il a réalisé la Première Traversée du Sahara (1922-1923). Des épées, des sandales, des sacs et des coussins Touareg, des calebasses gravées du Tchad, un mortier, des couteaux, des lances, des arcs et des flèches, des caches-fesses, des statuettes et des masques Mangbetu du Congo belge, des œufs d’autruche du Soudan montés sur des bandes en cuir, l’album Dessins et Peintures d’Afrique exécutés au cours de l’Expédition Citroën Centre-Afrique d’Alexandre Iacovleff comprenant 40 lithographies, édité sous la direction de Lucien Vogel chez Jules Meynial le 1er mai 1927, une cinquantaine de photographies représentant des paysages et des autochtones de l’Algérie à Madagascar, des cartes géographiques, un éphéméride Raid Citroën, un diorama à l’effigie de scènes de l’Expédition Citroën Centre-Afrique et ses ouvrages parus à l’époque en différentes langues (cf. Références bibliographiques) forment le cœur de cette collection.

Grâce aux dons et dépôts d’Ariane Audouin-Dubreuil, fille de Louis Audouin-Dubreuil (MCSJA, lots 2014.3, 2015.3, D.1998.1 et D.2006.1), l’institution préserve également une selle des Touaregs Ouelleminden du Niger, des couvertures du Niger, des harpons du Tchad, des lances du Haut-Uele, des pagaies et un mortier Mangbetu du Congo belge, des soieries perses et des documents graphiques provenant de sa collection personnelle : une lithographie à l’effigie de Louis Audouin-Dubreuil réalisée par Alexandre Iacovleff en 1932, les affiches des films La Croisière noire et La Croisière jaune, un panel de photographies de l’Expédition Citroën Centre-Afrique ainsi que, sous forme numérisée, ses photographies prises lors de l’Expédition Citroën Centre-Asie (1931-1932).

Enfin, lors de la vente aux enchères « Les missions Citroën, Collection Louis Audouin-Dubreuil » organisée par Aguttes le lundi 18 octobre 2010 à l’Hôtel Drouot à Paris, la ville de Saint-Jean-d’Angély s’est positionnée sur l’achat de 46 photographies montrant les salles de l’exposition d’octobre-décembre 1926 au Pavillon de Marsan du Palais du Louvre à Paris (MCSJA, 2011.1.12 à 63), deux harpes Mangbetu (MCSJA, 2011.1.1 et 2011.1.2), 3 bobines du film La Croisière noire réalisé par Léon Poirier (MCSJA, 2011.1.3 à 2011.1.5) et un exemplaire du Journal de Pékin daté du 13 février 1932 annonçant l’arrivée de la mission Citroën Centre-Asie à Pékin (MCSJA, 2011.1.64).

Voyages de Louis Audouin-Dubreuil