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Commentaire biographique

Né à Versailles le 23 août 1754, Louis Auguste de France reçoit à sa naissance le titre de duc de Berry. Il est le petit-fils du roi Louis XV (1710-1774) et le troisième fils du dauphin Louis (1729-1765) et de la princesse Marie-Josèphe de Saxe (1731-1767). Il succède à son père comme dauphin du royaume de France le 20 décembre 1765. Le duc de La Vauguyon, lieutenant général est son gouverneur à partir de mars 1760 et Monseigneur de Coëtlosquet, évêque de Limoges son précepteur. Manifestant un goût pour l’étude et pour l’histoire, le dauphin rédige un atlas complet et une description de la forêt de Compiègne ; il est aussi le traducteur d’ouvrages de Hume et de Walpole. Il possède une petite imprimerie à Versailles et édite, en 1766, un recueil Maximes morales et politiques tirées de Télémaque. Fait chevalier du Saint-Esprit le 2 février 1767, puis chevalier de la Toison d’or, colonel du régiment dauphin et grand-maître des ordres de Saint-Lazare et du Mont-Carmel le 15 mai 1757, il passe ces dernières fonctions à son frère le comte de Provence (1755-1824) en 1772. À la mort de Louis XV (1710-1774), le 10 mai 1774, il succède à son aïeul sous le nom de Louis XVI et est sacré à Reims le 10 juin 1775. Le 16 mai 1770, il épouse au château de Versailles, Marie-Antoinette de Lorraine (1755-1793), archiduchesse d’Autriche, fille de l’impératrice Marie-Thérèse (1717-1780). Pendant son règne, Louis XVI s’applique à être un roi profondément bon et vertueux. La France reconquiert une partie de ses colonies de l’Inde et des Antilles à la suite de la guerre d’indépendance des États-Unis et de la signature du traité de Paris en 1783. Il demande à ses ministres des réformes, mais il change souvent d’opinion et le déficit du trésor royal est l’une des causes de la Révolution française. Après avoir, dans un premier temps, résisté aux mesures prises suite à la convocation des États généraux et de l’Assemblée nationale constituante de 1789, il finit par y souscrire. Sous la contrainte, Louis XVI et sa famille doivent abandonner le château de Versailles pour les Tuileries le 6 octobre 1789. La nouvelle Constitution de 1791 ne lui laisse plus qu’un pouvoir exécutif et un droit de veto. Il essaye de rejoindre l’armée des émigrés, mais la famille royale est arrêtée à Varennes le 20 juin 1791. Reconduit à Paris, le roi et ses proches sont désormais gardés captifs. Le 14 septembre 1791, on le proclame roi constitutionnel, mais son attitude incertaine précipite la chute de la monarchie à la suite de la journée du 10 août 1792. Louis XVI est emprisonné au Temple, et la Convention décide de le juger. Louis Capet accusé de conspiration et de haute trahison est condamné à mort et exécuté le 21 janvier 1793 sur la place de la Révolution.

Les porcelaines orientales et celles de Sèvres

Alors qu’il est dauphin de France, le futur Louis XVI reçoit à l’occasion de son mariage quatre vases en porcelaine du Japon « à figures chinoises et garnitures en bronze doré d’or moulu », livrés en 1770 par le marchand bijoutier Jacques Fallavel (AN, O1 3116). Après son avènement, il fait probablement placer deux de ces exemplaires sur la cheminée du salon de l’Œil-de-bœuf au château de Versailles, car deux vases semblables apparaissent dans l’inventaire des porcelaines du château (AN, O1 3356). Le même inventaire mentionne la présence, dans la salle à manger des porcelaines, d’un vase « en porcelaine des Indes fond bleu à médaillons fond blanc, personnage chinois ; le pied et la gorge garni de cuivre doré d’or moulu ». En matière de porcelaine, Louis XVI effectue des achats réguliers et soutenus auprès de la manufacture royale de Sèvres, car cette production correspond plus à son goût personnel. Sous son règne, très peu de porcelaines orientales décorent ses appartements privés tant à Versailles qu’à Choisy, Marly, Fontainebleau ou Compiègne. Quelques exemples sont signalés au château de Saint-Cloud, acheté en 1784, où l’appartement du souverain présente deux rouleaux de porcelaine de Chine bleu et blanc à bouchon en cuivre doré, trois pots-pourris en terre de Chine à fleurs et feuillages en relief et deux perroquets ancien Japon bleu montés en girandoles. Apportées à Saint-Cloud entre 1789 et 1791, ces pièces chinoises ou japonaises ont préalablement reçues à Paris une monture en bronze doré dans les ateliers des marchands merciers (AN, O1 3356).

Durant toute sa vie, Louis XVI s’avère un sinophile convaincu. Dans sa bibliothèque, il possède un exemplaire du fameux ouvrage rédigé par Jean-Baptiste Du Halde (1674-1743), Description géographique, historique, chronologique, politique et physique de l’empire de la Chine et de la Tartarie chinoise…, publié à Paris en 1735, et de nombreux autres livres se rapportant à la Chine. À Versailles, sur les lambris de son cabinet d’angle, la pièce la plus stratégique de son appartement intérieur, il fait accrocher la plaque figurant le buste de l’empereur Qianlong (1711-1799), réalisée en 1776 à la manufacture royale de Sèvres par le peintre Asselin (château de Versailles, dépôt des Arts graphiques du musée du Louvre, n° inv. RF35760). Ce portrait est exécuté à partir d’un dessin aquarellé du frère jésuite Giuseppe Panzi (1734-1812), qui correspond régulièrement avec le ministre Henri-Léonard Bertin (1720-1792). Durant un temps, Bertin prête ce dessin à la manufacture royale de Sèvres. Aujourd’hui perdu, nous en conservons le souvenir grâce à la gravure de Martinet, destinée à illustrer le frontispice du premier volume des Mémoires concernant l’histoire, les sciences, les arts, les mœurs, les usages, etc. des Chinois […], publiés dès 1776 sous le patronage du ministre Bertin à partir des textes et recommandations envoyés par les jésuites résidant à la cour de Pékin. Louis XVI achète cette plaque en 1776 pour 480 livres (AMS, Vy 6, fol. 200). Le roi est séduit par plusieurs autres pièces en porcelaine de Sèvres à décor chinois qu’il destine à ses cabinets privés du château de Versailles et à ceux des autres résidences royales. Ce goût pour la Chine apparaît sur certaines garnitures de vase, sur des déjeuners, des accessoires de toilette. Des matériaux véritablement chinois sont aussi présents à travers la garniture des sièges de sa bibliothèque de Versailles couverts de pékin peint. Louis XVI fait accrocher dans son appartement intérieur certaines planches des Batailles de l’empereur de Chine, dont la gravure sous la direction de Charles Nicolas Cochin le Fils (1715-1790) constitue à l’époque de leur réalisation une véritable affaire diplomatique entre l’Empire du Milieu et la France (AN, O1 3356).

Quelques meubles en laque

Dans la plupart des résidences royales, le mobilier en laque mis à la disposition de Louis XVI par le Garde-Meuble de la Couronne doit paraître d’une esthétique bien démodée, car il correspond à des livraisons faites pour son grand-père Louis XV (1710-1774) dans les années 1740. Jusqu’à son remplacement en 1786, Louis XVI utilise à Versailles le grand bureau plat garni de panneaux en laque de Chine à fond rouge, livré le 29 décembre 1759 par l’ébéniste Gilles Joubert (1689-1775) (New York, Metropolitan Museum of Art, collection Wrightsman, inv. 1973.315.1). Au milieu de la décennie 1780, Louis XVI fait commander trois meubles neufs plaqués de panneaux en laque du Japon. Le grand secrétaire en cabinet avec un large abatant destiné au cabinet intérieur du roi à Versailles, est livré le 14 janvier 1784 par le marchand mercier Dominique Daguerre (vers 1740-1796) (collection particulière). Pour sa réalisation, le Garde-Meuble de la Couronne a procuré au marchand une chaise d’affaire en laque du Japon afin de réemployer les panneaux laqués sur le secrétaire fabriqué par l’ébéniste Adam Weisweiler (1744-1820) sous la direction du marchand Daguerre, mais le marchand est obligé de trouver des panneaux complémentaires d’une qualité égale (AN, O1 3344, fol. 355 v°, chaise d’affaire n° 82). En 1788, Guillaume Benneman (†1811), le nouvel ébéniste attitré du Garde-Meuble royal livre une paire de commodes pour la chambre de Louis XVI au château de Saint-Cloud. L’ébéniste, qui travaille sous la direction de Jean Hauré, emploie également des anciens panneaux en laque, dont « 4 feuilles de paravents en laque provenant du fond du Gardemeuble de la Couronne donné pour faire ces commodes » (AN, O1 3646). Ces deux commodes sont aujourd’hui largement modifiées (Los Angeles, J. Paul Getty Museum, n° inv. 78.DA.361 et Madrid, Palais royal, s. inv.).

Louis XVI et la création du Muséum

L’idée est née sous le règne de Louis XV avec le concours du marquis de Marigny (1727-1781), mais elle est véritablement mise en œuvre par Louis XVI, le 1er octobre 1776. Avec l’aide du comte d’Angiviller (1730-1809), surintendant des Bâtiments du roi, il demande à l’architecte Soufflot de transformer le Louvre, qui n’est plus habité par les rois de France depuis plusieurs décennies en musée pour y présenter des chefs-d’œuvre de l’art. Si la collection de peintures est régulièrement enrichie, celle des objets d’art souffre de nombreuses lacunes. Dans cette optique, en décembre 1782 lors de la vente des collections de Louis Marie Augustin duc d’Aumont (1709-1782), le roi donne l’ordre d’acheter de nombreux articles rares. La collection du 5e duc d’Aumont était réputée pour sa magnificence et son remarquable ensemble de laques et de porcelaines de Chine et du Japon presque toujours agrémentées de montures en bronze doré. Ainsi, le roi y choisit pour le futur Muséum des porcelaines essentiellement à couverte céladon ou à décor Kakiemon. Elles entrent alors dans les collections nationales françaises, où elles sont toujours exposées au public depuis 1793.