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Famille et formation

Né le 18 novembre 1855 (AP, V3E/N2155), Victor Emmanuel Virgile Tronquois est le fils de l’architecte Auguste Tronquois (1829-1885), ardent partisan de la constitution d’un musée des Arts décoratifs (Tronquois A., Lemoine H., 1880, p. 8), souscripteur pour la constitution du musée des Arts décoratifs (UCAD, A2/7) et membre fondateur de l’Union centrale des Arts décoratifs en 1882. Après des études au lycée Bonaparte (Condorcet), il est admis en 1874 comme élève de deuxième classe dans la section d’architecture de l’École nationale et spéciale des beaux-arts où il étudie plusieurs années dans l’atelier d’Émile Vaudremer (1829-1914) [Marquet C., 2002, p. 116-117]. Il suit en parallèle des cours d’anthropologie à la Sorbonne et d’histoire de la musique au Conservatoire (Kashiwagi T., Kashiwagi K., 2019, p. 292). En 1880, il abandonne l’architecture pour la peinture, qu’il avait déjà étudiée auprès de Jules Valadon (1826-1900) et rejoint l’atelier du peintre d’histoire Diogène Maillart (1840-1926). Ce sera son frère cadet, Alfred (1866-1938) qui prendra la relève de leur père (Penanrun, Roux, et Delaire, 1907, p. 416). Dès ses années de formation, il est par son milieu familial proche des intellectuels et des artistes japonisants, notamment par son beau-frère, le critique d’art François Thiebault-Sisson (1856-1944), premier directeur de la revue Art et Décoration en 1897, et critique d’art au Temps.

Étude des langues chinoise et japonaise et premiers achats du collectionneur

À partir de 1887 (ou 1888), il étudie simultanément à l’École nationale des langues orientales vivantes le chinois avec Gabriel Dévéria (1844-1899) et le japonais avec Léon de Rosny (1837-1914) [Marquet C., 2002, p. 118-119]. En quelques années, il atteint un niveau assez élevé pour être candidat en 1893 à la chaire de « langues et littératures chinoise et tartare-mandchoue » du Collège de France et pour être chargé par le critique d’art et collectionneur Théodore Duret (1838-1927) de faire le classement et le catalogue de sa collection d’estampes et de livres japonais, commencée lors de son voyage au Japon en compagnie d’Henri Cernuschi (1821-1896) en 1871-1872. Celle-ci a été par la suite vendue à Drouot en 1897 et à la Bibliothèque nationale en 1899. En même temps qu’il acquiert des compétences de linguiste, Tronquois commence à constituer une collection d’art japonais et une bibliothèque de travail lors de ventes aux enchères. En mars 1891 il achète 85 objets lors de la vente de la collection du critique d’art Philippe Burty (1830-1890), puis il acquiert entre 1891 et 1893 d’autres œuvres aux ventes Michael Martin Baer, F. T. Piggott, Georges Appert ou Edmond Taigny (1828-1906) et à d’autres ventes (Kashiwagi T., Kashiwagi K., 2019, p. 285-289). Reçu membre de la Société asiatique de Paris le 9 décembre 1892 (Société asiatique [Paris], 1892, p. 319), il est introduit la même année, peut-être par Théodore Duret, au sein de la Société des amis de l’art japonais. Fondée en 1892 par le marchand Siegfried Bing (1838-1905), celle-ci réunit entre autres le peintre Félix Régamey (1844-1907), le bijoutier Henri Vever (1854-1954) [tous deux anciens élèves des Beaux-Arts, le second un an avant Tronquois], le conservateur du Louvre Gaston Migeon (1861-1930), le marchand Hayashi Tadamasa (1853-1906) (Japon japonismes, 2018, p. 100) ou bien Edmond de Goncourt (1822-1896) qui relate dans son Journal, à la date du 1er juillet 1892 : « Dîner des japonisants chez Véfour [...] à ce dîner, il y a un jeune homme intéressant, un certain M. Tronquoy [sic], qui s’adonne à l’étude sérieuse des langues chinoise et japonaise, avec l’idée de donner sa vie à la connaissance approfondie de ces langues, d’aller au Japon… » (Goncourt E. de, 1956, p. 210).

Premier séjour au Japon

Début 1894, Emmanuel Tronquois part au Japon poursuivre ses études linguistiques et approfondir ses connaissances en histoire de l’art. Le 18 mars, il embarque sur le Natal en même temps que Pierre Barboutau (1862-1916). L’auteur, en 1914, des Peintres populaires du Japon est alors en partance pour son second séjour au Japon (Kashiwagi, T., Kashiwagi K., 2019, p. 293). Tronquois arrive à Yokohama le 27 avril avec une recommandation de son ami, le peintre Raphaël Collin (1850-1916), collectionneur de tsuba et de céramiques, à un de ses anciens élèves à l’académie Colarossi, Kuroda Seiki (1866-1924), peintre de l’école européenne (yôga), comme nombre des Japonais ayant fréquenté son atelier (Marquet C., 2005). Par la suite, Tronquois se lie d’amitié avec un autre élève de Collin et un des plus grands artistes japonais de cette mouvance, Kume Keiichiro (1866-1934). À leur contact, il agit pour la promotion de la peinture japonaise moderne. Dans les conférences qu’il donne à l’École des beaux-arts de Tokyo en 1895, il défend l’idée que les enseignements propres à l’art européen pourraient permettre à l’art japonais de se renouveler, de la même façon que l’art européen s’était transformé grâce à lui (Marquet C., 2002, p. 124- 125). Début 1899, il présente les peintres de l’école yôga à Félix Régamey, alors inspecteur de l’enseignement du dessin, en séjour à Tokyo pour une enquête sur « l’enseignement des Beaux-Arts au Japon » (Marquet C., 2002, p. 123). Tronquois défend les artistes de l’école européenne également dans les articles qu’il publie à partir de 1895 dans la Revue française du Japon (Futsubun zasshi), dont il devient le rédacteur en chef entre 1896 et 1897. Il est membre de 1895 à 1906 de la Société de langue française dont cette publication est l’émanation, puis de la Société franco-japonaise qui lui fit suite en 1909. En 1895, il publie dans cette revue ses « Notes d’un collectionneur japonisant », véritable vade-mecum de l’amateur de livres japonais (Société de langue française [Tokyo], 1895, p. 121-125 et 276-279). Entre le 5 octobre 1895 et le 1er mars 1896, Tronquois est interprète-auxiliaire à la légation de France à Tokyo et, à la même époque, il occupe un poste de professeur de français à l’École d’artillerie et du génie de l’armée de terre Rikugun hôkô gakkô, à l’École des hautes études commerciales Kôtô shôgyô gakkô et à l’École des langues étrangères de Tokyo Tôkyô gaikokugo gakkô. À partir de 1899 il enseigne le français à l’Institut d’étude de la peinture occidentale de la Société de Cheval Blanc Hakuba-kai yôga kenkyûjo, petite école installée dans l’atelier de gravure de Goda Kiyoshi (1862-1938), formé à Paris par Charles Barbant (1844-1921) et membre du Comité de publication de la Revue française du Japon. Enfin, il est nommé en juillet 1900 interprète de seconde classe au consulat de France à Yokohama, puis est chargé de la gérance de la chancellerie de ce même consulat. En 1903, il est promu second interprète à la légation de Tokyo. En parallèle de ses activités professionnelles, il traduit de nombreuses œuvres historiques et littéraires, tels le Taketori monogatori, le Kaidan botan dôrô, et les six premiers volumes du Nihon gaishi, ainsi que des textes plus didactiques, comme le Handbook of colloquial Japanese de Chamberlain. Son travail de traduction s’accompagne d’un projet de dictionnaire japonais-français. Il entreprend le sien avant 1900, puis vers 1901 la veuve de l’ethnologue Lindor Serrurier (1846-1901) lui propose de poursuivre celui commencé par son mari. Ces ambitions sont interrompues par deux parutions : celle en 1899 du Dictionnaire japonais-français des mots les plus usités de la langue japonaise sous la direction d’Arthur Arrivet, puis en 1904 du dictionnaire de Lemaréchal (Marquet C., 2002, p. 143). L’ébauche de dictionnaire de Tronquois représentait seize boîtes de fiches à sa mort. La traduction entre 1897 et 1899 de L’Histoire de l’art du Japon publiée sous la direction d’Okakura Tenshin (1862-1913) est sa contribution majeure. La qualité du travail de Tronquois et son expertise linguistique sont saluées par Hayashi Tadamasa, commissaire général du Japon, dans l’« Avis aux lecteurs » de ce livre édité par le Musée impérial de Tokyo pour accompagner l’exposition rétrospective de l’art japonais à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900. C’est François Thiébault-Sisson qui achève à Paris l’ouvrage de son beau-frère en faisant la mise en forme de ce qui est considéré comme la première véritable histoire de l’art japonais. En novembre 1903, le médecin de la légation de France diagnostique à Emmanuel Tronquois une neurasthénie. Celui-ci est contraint de revenir en France au début de 1904 (pour tout ce chapitre, voir Marquet C., 2002, p. 120-144).

Retour en France : prêts aux expositions et vente de sa collection

Peu de choses sont connues sur les activités d’Emmanuel Tronquois entre 1904 et 1907. Revenu avec une importante collection de livres, kakemono, estampes et objets japonais, il prête en 1906 à deux expositions au musée des Arts décoratifs. La première en mai-juin est intitulée « Dentelles, broderies et éventails anciens et modernes ». Dans le dossier d’archives est conservée une note mentionnant « 7 éventails de Tronquoy non montés, dans le bureau de M. Metman. Carnet d’écrans (Tronquoy) » (UCAD, D1/35). La seconde, de juillet à novembre, consacrée aux tissus japonais anciens, est la première exposition d’art japonais organisée par le musée des Arts décoratifs. Une description succincte figure dans le guide de 1906 (Guide du musée des Arts décoratifs, 1906, p. 14-15). La collection Tronquois est mentionnée pour toutes les sortes d’objets exposés : kakemono, éventails, livres, estampes et « tissus de coton décorés au pochoir ». À cette occasion, l’Union centrale achète à Emmanuel Tronquois pour 250 francs un « velours de soie épinglé, travail japonais » (UCAD, C4/40). Tronquois repart au Japon en novembre 1906. Il a entre-temps vendu sa collection, probablement pour des raisons financières, à Robert Lebaudy (1862-1931), héritier d’une famille d’industriels du sucre. En 1907, elle est répartie par Gaston Migeon entre la Bibliothèque nationale (livres illustrés et albums), le musée du Louvre (estampes, et objets déposés en octobre 1907 au musée de l’hôtel Sandelin de Saint-Omer), le musée Guimet (peintures), l’École des beaux-arts (livres illustrés, kakemono, estampes) [Kashiwagi T., 2019, p. 227)) et l’Union centrale des Arts décoratifs. Pour le musée, le choix est composé des œuvres exposées en 1906, soit près de 80 numéros. Pour la bibliothèque, 240 livres et 415 katagami sont choisis avec la collaboration d’Ulrich Odin (18?-19?) et de Prosper-Alphonse Isaac (1858-1924) [UCAD, 1908, p. 157 et 168].

Deuxième séjour au Japon

Pour ce séjour, Tronquois, nommé le 1er juillet 1906 « interprète de première classe à la Légation de France à Tôkyô » (Marquet C., 2002, p. 145), est autorisé par le ministère à résider à Yokohama et à se livrer à ses études de linguistique et d’art au lieu de travailler comme interprète. Mais, en février 1909, le ministère des Affaires étrangères l’ayant prié de reprendre un service normal, il demande à être mis à disposition et reste au Japon jusqu’au printemps 1910. Il compose lors de ce séjour une deuxième collection composée d’objets d’art, de peintures, d’estampes, de livres illustrés et de divers documents.

Retour définitif en France

Emmanuel Tronquois revient définitivement en France en 1910 et s’installe à Palaiseau. Après son retour, les liens créés avec l’UCAD en 1906 ont été conservés et, en 1911, il prête des estampes pour l’exposition « Kiyonaga, Buncho, Sharaku » (Vignier C., 1911, p. 29 et 33). Puis, en 1912, un nouveau don de 21 livres est fait à la bibliothèque par l’intermédiaire de Robert Lebaudy. Peu après, il collabore à la rédaction du Japon illustré écrit par Félicien Challaye (1875-1967) et publié par les éditions Larousse entre 1913 et 1914. Les deux hommes avaient fait connaissance en 1901, alors que le dernier, étudiant en philosophie, futur journaliste et écrivain, séjournait au Japon grâce à une allocation de la Fondation Albert Kahn dans le cadre du programme « Autour du monde » (Kashiwagi T., 2016, p. 300). Dans la préface du livre, Challaye explique l’importance de la contribution de Tronquois, qui révisa et corrigea le texte et les expressions japonaises et prêta sa collection d’estampes, de livres et de peintures pour l’illustrer (Challaye F., 1915, p. IV). Cette collaboration est particulièrement visible dans l’importance des aspects culturels qui occupent la moitié du livre et la qualité des deux chapitres « La littérature » et « La peinture et gravure », que, selon Takao Kashiwagi (Kashiwagi T., 2016, p. 305), Tronquois aurait peut-être rédigés en partie. Le Japon illustré donnerait alors une idée de la destination de la collection : être la base documentaire d’une histoire de l’art japonais (p. 309). La même année 1914, il figure parmi les traducteurs du catalogue de la vente Turettini (17 et 18 mars à Paris). Enfin, en 1916, il dresse le catalogue méthodique par date, genre et illustrateur des livres donnés en 1907 à la Bibliothèque nationale (Marquet C., 2002, p. 154-155). Emmanuel Tronquois meurt en 1918 à Bourg-la-Reine (Le Temps, 1918, p. 3). Le reste de ses collections est dispersé après sa mort à l’hôtel Drouot en trois ventes et six vacations les 28 février et 1er mars, 9 et 10 mars et 17 et 18 octobre 1921. Seule la troisième vente est l’objet d’un catalogue dressé par l’expert André Portier. 110 livres de sa bibliothèque de travail sont donnés à la bibliothèque de langues orientales (aujourd’hui BULAC). En 1955, 19 autres livres de cette dernière sont donnés à la bibliothèque municipale de Dijon par Tama et Jacques Legendre.

Constitution de la collection

Emmanuel Tronquois commence sa collection par des acquisitions en vente aux enchères parisiennes au début des années 1890. En mars 1891, il acquiert 60 livres, une peinture, et 24 objets lors de la vente de la collection de Philippe Burty. Il achète ensuite à la vente Michael Martin Baer, le beau-frère de Siegfried Bing (15-18 juin), puis à la vente d’un amateur du 19 au 22 juin. En 1892, il acquiert aux ventes F. T. Piggott (1er-3 février), Georges Appert – ancien professeur à la faculté de droit de Tokyo – (8-9 février) et à une vente le 16 décembre. En 1893, il se porte acheteur à celle d’Edmond Taigny (6-7 février) ainsi qu’à une vente anonyme le 24 mai (Kashiwagi T., Kashiwagi K., 2019, p. 285-289). Ce qui rend la collection de Tronquois particulièrement intéressante est qu’elle a été achetée dans sa plus grande partie au Japon, par un homme qui maîtrisait parfaitement la langue et connaissait les spécificités des arts, notamment celui du livre. Celle-ci se divise en deux collections vendues en 1907 puis en 1921. La première a été constituée avec deux objectifs : documenter les recherches de Tronquois sur la culture et les arts à l’époque d’Edo et montrer la diversité des peintures alors. Elle couvre les trois catégories de l’ukiyo-e : les xylographies illustrant des livres, celles sur des feuilles volantes, et les peintures au pinceau (Kashiwagi T., Kashiwagi K., 2019, p. 232 et 239). Constituée de 813 livres et recueils d’estampes, 162 kakemono, plusieurs dizaines d’estampes et près de 180 objets, elle a été achetée avant 1907 par Robert Lebaudy, qui fit alors œuvre de mécénat vis-à-vis d’Emmanuel Tronquois, mais aussi envers les cinq institutions parisiennes auxquelles la collection a été donnée. Ce geste permit qu’elle soit actuellement conservée quasiment dans son intégralité. La Bibliothèque nationale reçoit, le 10 octobre 1907, 507 livres datant du premier tiers du XVIIe siècle à la fin du XIXe siècle. Cette sélection est composée de livres savants et de littérature de divertissement, illustrés et édités à Kyoto, Osaka ou Edo, ainsi que de quelques réimpressions de livres coréens et chinois anciens. En 2002, Christophe Marquet a consacré son habilitation à la description de ce fonds (voir aussi Marquet C., 2014). L’Union centrale des Arts décoratifs reçoit le 31 mai 1907 deux dons. Le musée obtient près de 80 numéros : 33 kakemonos, 4 masques en bois peint, 17 estampes, 14 morceaux de toile de coton, peints en couleurs (UCAD, 1908, p. 157). Le 11 mars 1908, deux « robes japonaises » sont données en complément par Robert Lebaudy (UCAD, 1909, p. 154). La Bibliothèque nationale reçoit 240 ouvrages illustrés : récits, livres éducatifs, monographies de sites célèbres, albums de peinture imprimés destinés à servir de modèles aux artistes, recueils de patrons et de motifs décoratifs, Katsushika Hokusai (1760-1849) et son école y occupent une place importante (Marquet C., 2002, p. 153-156). Quatre cent quinze katagami complètent le don. En 1912, 21 livres supplémentaires sont donnés à la Bibliothèque nationale. Enfin, 17 surimono et 31 estampes des Cent Vues d’Osaka de Nansuitei Yoshiyuki (1835-1879) ont été données par Lebaudy à une date inconnue. Le manuscrit autographe du Kinsei kiseki-kô (Réflexions sur les curiosités du temps récent), rédigé par Santô Kyôden (1761-1816), a fait l’objet de deux articles par Christophe Marquet en 2006 et 2016. L’École des beaux-arts reçoit, le 30 septembre 1907, 70 peintures, 42 livres et 3 recueils factices d’estampes. Le fonds de livres a fait l’objet d’une note par Christophe Marquet en 2012, et le « paravent aux sandales de paille » de deux articles par Kayoko Kasiwagi (Ishige Y., Kashiwagi T. et Kobayashi N., 2016, p. 272-287) et Marjorie Williams (Kashiwagi T., Kashiwagi K., 2019, p. 255-264). Le musée Guimet à Paris reçoit en octobre 1907 59 peintures (Yamashita, S., Hackin J., 1908, p. 72-77), dont seules 21 ont été identifiées dans les collections actuelles. Une grande partie du don fut mis en dépôt au musée Guimet de Lyon en 1912, puis au musée du Havre et au musée d’Orbigny-Bernon de La Rochelle en 1929 (Marquet C., 2002, p. 151). Le musée du Louvre reçoit le 1er juin 1907, une sélection de seize estampes de la fin du XVIIe et du XVIIIe siècle (Marquet C., 2002, p. 148-150), reversées au musée Guimet en 1945, 66 netsuke, 71 tsuba, 9 sculptures, 5 masques, 5 céramiques et 4 autres objets sont déposés en octobre 1907 au musée de l’hôtel Sandelin de Saint-Omer (Kashiwagi T., Kashiwagi K., 2019, p. 278-281). Kayoko Kashiwagi a étudié en 2013-2015 les peintures de la collection Tronquois (Kashiwagi K., Matsuo Y., 2016 ; Kashiwagi T., Kashiwagi K., 2019, p. 291-309). La plupart des 117 peintures localisées sont signées par des artistes de l’ukiyo-e : les précurseurs Hishikawa Moronobu (1618-1694) et Hanabusa Itchô (1652-1724), les artistes emblématiques Kitagawa Utamaro (ca 1753-1806), Katsushika Hokusai (1760-1849) et l’école Utagawa, puis Kawanabe Kyôsai (1831-1889) pour finir (Kashiwagi T., Kashiwagi K., 2019, p. 297-305). Seules deux peintures sont de l’école Kano, deux de l’école Rinpa, quelques-unes de peintres lettrés. Ces peintures choisies pour montrer l’esprit de l’époque d’Edo, proviennent en grande partie de la région du Kanto, celles rattachées à l’école de Kyoto montrent l’intérêt de Tronquois pour le dessin sur le vif (Kashiwagi T., Kashiwagi K., 2019, p. 233, 236). La deuxième collection fut dispersée en 1921 lors de trois ventes à l’hôtel Drouot (Marquet C., 2002, p. 156-160). Les deux premières ne sont connues que par les annonces commerciales de La Gazette de l’hôtel Drouot (22 février 1921, p. 3). Les 28 février et 1er mars sont proposés des « Livres anciens et modernes d’Europe et d’Extrême-Orient » et quelques kakemono, les 9 et 10 mars des « Objets d’art de la Chine et du Japon. Porcelaines, bronzes, laques, bois sculptés, inros etc. Paravents japonais, étoffes et kakemono etc. ». La troisième vente, les 17 et 18 octobre, a fait l’objet d’un catalogue dressé par l’expert André Portier. Elle comportait 573 numéros, dont 481 pour les livres illustrés japonais du début du XVIIe siècle à la fin de l’ère Meiji, dont un grand nombre d’albums de peintures du XVIIIe siècle et de meisho zue. La présence de deux livres d’Hokusai ayant appartenu à Philippe Burty et probablement achetés par Tronquois en 1891 suggère que celle-ci était composée d’objets de la première collection qui n’avaient pas été vendus à Lebaudy, et d’achats effectuées pendant le second séjour au Japon entre 1907 et 1910. Une dernière partie de la collection de livres japonais, composée d’environ 110 titres, fut donnée après la mort de Tronquois à la bibliothèque de l’École des langues orientales et est aujourd’hui conservée à la bibliothèque universitaire des Langues et Civilisations à Paris (Marquet C, 2002, p. 141, 146).